Sonde double J : pose, retrait, complications, surveillance
Quand l'urine produite par les reins ne peut plus s'évacuer vers la vessie, la pose d'une sonde double J (JJ) est indiquée. Comment se déroule la pose ? Quels sont les effets indésirables et les risques de complications ? Le point avec le Dr Vincent Hupertan, chirurgien urologue et sexologue à la clinique Turin à Paris.
Définition : qu'est-ce qu'une sonde double J ?
La sonde JJ, également appelée sonde double J ou endoprothèse urétérale, est un dispositif d'urologie. Il s'agit d'une fine sonde introduite dans l'uretère, dont la fonction est d'assurer l'écoulement de l'urine du rein vers la vessie. Pour que la sonde soit aérostatique et qu'elle ne tombe pas, la sonde se termine par une boucle à chaque extrémité, d'où la dénomination JJ ou double J. "Elle a la forme et la taille d'un spaghetti et sert à lever une obstruction, notamment dans le cadre d'un obstacle urétérale", commente le Dr Vincent Hupertan.
Indications : à quoi sert-elle chez la femme ?
"Les indications sont les mêmes chez la femme que chez l'homme, le but étant de lever une obstruction. La sonde double J est juste une prothèse de la taille d'un spaghetti et qui permet de dériver les urines au-dessus d'un obstacle afin de les évacuer vers la vessie", explique le chirurgien urologue. La pose d'une sonde JJ est indiquée dans la prise en charge des maladies urologiques et notamment en cas d'obstruction du canal ou à visée préventive. Elle est fréquemment mise en place dans le cadre du traitement des calculs urinaires (lithiases urinaires), pour favoriser leur évacuation, éviter les symptômes douloureux (crise de coliques néphrétiques) et les infections urinaires. Une sonde double J peut également être utilisée après le retrait du calcul pour assurer l'élimination d'éventuels débris résiduels. Les autres indications de la mise en place d'une sonde double J sont l'ablation d'une tumeur de l'uretère ou du rein, et le traitement d'un rétrécissement ou d'une compression de l'uretère.
Comment se passe la pose ?
La sonde double J est posée par un chirurgien urologue sous anesthésie générale ou locorégionale. Le tube est introduit par les voies naturelles, sans incision et sous contrôle radiologique (endoscopie). Selon la nature de l'affection et la prescription du médecin, la sonde JJ peut rester en place pendant une durée variable de quelques semaines à plusieurs mois.
Quels sont les effets indésirables et les complications ?
Les sondes JJ sont habituellement bien tolérées mais des effets indésirables passagers peuvent survenir. Après la pose d'une sonde double J, il est possible de ressentir des douleurs et des brûlures lors des mictions. Le frottement du tube contre la paroi de la vessie peut également provoquer des irritations causant la présence de sang dans les urines en faible quantité (urines rosées). Boire au moins 1,5 L d'eau par jour et éviter les efforts importants permettent de soulager ces symptômes. Les médicaments antalgiques ou anti-inflammatoires peuvent également réduire les douleurs (sur avis médical). En cas de présence abondante de sang dans les urines, de fièvre supérieure à 38,5 °C, de douleurs intenses ou de tout autre symptôme altérant la qualité de vie, il est recommandé de s'adresser à l'urologue en charge du suivi.
Peut-on faire du sport avec ?
"Si certains patients peuvent avoir une irritation durant les quelques jours suivant la pose de la sonde double J, cela disparaît rapidement et on peut mener sa vie tout à fait normalement puisqu'elle ne se voit pas", rassure le Dr Vincent Hupertan.
Peut-on faire l'amour avec ?
Ce type de sonde ne pose pas de problème particulier pour la vie sexuelle, on peut faire l'amour normalement. "La sonde double J est à l'intérieur de l'uretère, on ne la voit pas donc elle n'est pas gênante. On l'appelle sonde double J parce qu'elle est composée d'une double boucle avec une partie insérée dans le pyélon et une autre dans la vessie", ajoute le chirurgien urologue.
Retrait de la sonde double J : quand et comment l'enlever ?
La sonde double J est retirée lors d'une courte hospitalisation voire en ambulatoire, sous anesthésie locale. Cela prend moins de 30 secondes. "Depuis peu, il existe un nouveau dispositif qui permet de retirer la sonde à l'aide d'une deuxième mini-sonde lors d'une simple consultation", continue le spécialiste.
Surveillance d'une sonde double J
Les progrès en matière de biomatériaux font que les sondes double J sont aujourd'hui très bien tolérées. "Malgré tout, cela reste un corps étranger donc on va le laisser le moins possible, le temps de traiter le calcul, nuance le Dr Vincent Hupertan. En effet, si la pression est exercée trop longtemps sur le rein, cela risque de l'abîmer. Il existe des sondes adaptées aux tumeurs que l'on peut garder de 6 à 12 mois et parfois même à vie chez certaines personnes. Par exemple, en cas de tumeur de l'ovaire, on met la sonde en place et en fonction de la réponse à la chimiothérapie, on pourra la réduire mais le plus souvent, on la garde à vie en la changeant tous les six mois".
Merci au Dr Vincent Hupertan, chirurgien urologue et sexologue à la clinique Turin à Paris.