Sérologie : comment interpréter les résultats d'un test sérologique ?
Largement pratiquée en outil diagnostic, de dépistage ou épidémiologique, la sérologie met en évidence la présence d'anticorps dirigés contre des agents pathogènes dans l'organisme. Quelles sont ses indications ? Comment interpréter ses résultats ? Explications avec le Dr Mathieu Kuentz, médecin biologiste.
Définition : qu'est-ce qu'une sérologie ?
La sérologie est un examen de biologie médicale utilisant le sérum pour établir des diagnostics médicaux. Elle est basée sur la recherche d'anticorps spécifiques (IgM ou IgG), afin de de pouvoir poser un diagnostic de maladie infectieuse, de suivre l'évolution d'une maladie ou encore de vérifier l'efficacité des vaccinations.
Technique : comment se déroule un test sérologique ?
La sérologie est réalisée à partir d'un prélèvement sanguin, qui peut être effectué à tout moment de la journée et ne nécessite pas d'être à jeun. "On recommande toutefois de ne pas faire un dernier repas trop riche en graisse, qui pourrait légèrement troubler le plasma et gêner son étude" précise le Dr Kuentz. "On travaille ensuite principalement sur du sérum ou du plasma (donc la partie qui ne contient pas les globules rouges), tous deux obtenus après centrifugation du tube". En pratique, deux types de tubes différents sont utilisés : un tube sec permettant d'obtenir après coagulation du sérum, et un contenant un anticoagulant (comme de l'héparine) pour le plasma. "Aujourd'hui, on fait d'avantage d'étude sur du sérum car moins de sérologies sont validées sur le plasma" précise le spécialiste. Une fois le sérum obtenu, le travail en laboratoire consiste à doser les immunoglobulines spécifiques en fonction de ce qu'on recherche. Ces immunoglobulines (IgG ou IgM) signent une exposition à un agent pathogène aiguë ou ancienne. Le biologiste médical interprète ensuite ces résultats et rédige une conclusion à l'attention du médecin prescripteur.
Indications : dans quels cas faire un test sérologique ?
Une sérologie permet d'effectuer la recherche d'une exposition à un agent pathogène, son état d'immunisation et potentiellement son état de protection. "En fonction du type profil d'immunoglobines trouvée (IgG et/ou IgM) et du type de sérologie, on peut savoir si l'infection est aigüe (donc en cours) ou ancienne" explique le Dr Kuentz. Trois types d'agents pathogènes peuvent être recherchés indirectement grâce à une sérologie : les virus, les bactéries ou les parasites.
- Les sérologies virales : VIH, hépatite A, hépatite B, hépatite C, mononucléose infectieuse (EBV), CMV…
- Les sérologies bactériennes : syphilis, maladie de Lyme …
- Les sérologies parasitaires : la toxoplasmose est la plus connue et la plus pratiquée
"La sérologie permet également de vérifier si les vaccinations sont toujours à jour, puisqu'on connait précisément le taux d'immunoglobulines nécessaire à une protection pour certaines maladies." ajoute le spécialiste.
Délais des résultats
Si dans la grande majorité des cas, les résultats d'une sérologie sont obtenus dans les heures qui suivent, il arrive que certains laboratoires ne soient pas équipés pour certaines recherches d'anticorps (plus rares et réalisées en volume moins important). "Il faut alors transporter les prélèvements dans un laboratoire équipé ce qui allonge la durée d'attente, parfois de plusieurs jours." précise le biologiste médical.
Interprétation des résultats
"L'interprétation d'une sérologie se fait au cas par cas, en fonction du pathogène et du contexte. Il faut par exemple distinguer plusieurs cas de figure : est-ce que la sérologie était faite à but épidémiologique, est-ce qu'elle était prescrite pour évaluer un état d'immunisation, ou est-ce qu'elle a été faite dans cadre de l'exploration d'un syndrome infectieux." explique le Dr Kuentz. En pratique, deux types d'anticorps sont dosés : les IgG et les IgM. Les IgM sont fabriquées par l'organisme lors de son premier contact avec le pathogène : elles marquent une infection en cours ou récente. Les IgG sont fabriquées dans un second temps et elles permettent la protection à plus long terme de l'organisme. "L'interprétation d'une sérologie se fait toujours en décalé, puisque les IgG apparaissent quelques semaines après l'exposition, en fonction du pathogène. Et dans certaines pathologies seulement, les IgM peuvent signer une infection aiguë" ajoute le Dr Kuentz. Il est donc le plus souvent nécessaire de réaliser plusieurs sérologies à différents intervalles de temps pour pouvoir en interpréter les résultats. Comme le rappelle le biologiste, il y a plusieurs examens complémentaires à la sérologie :
- Le western blot : permet d'évaluer la spécificité des anticorps (permet d'éviter les faux positifs)
- La PCR : permet la détection et potentiellement la quantification (charge virale) du pathogène chez le patient (pour les infections aigües ou actives)
Qui peut faire un test sérologique ?
Ce sont les biologistes médicaux qui réalisent et interprètent les sérologies, mais tout médecin ou prescripteurs (sages-femmes notamment) peuvent les prescrire.
Contre-indications ?
Il n'y a pas de contre-indications à la sérologie mais plutôt des non-indications. "Par exemple, si la sérologie est pratiquée trop tôt dans le processus pathologique, elle sera inutile car les IgG n'auront pas eu le temps d'apparaître. Elle sera donc négative, bien que la personne soit infectée." explique le Dr Kuentz.
Prix d'un test sérologique
Le prix des tests sérologique est variable en fonction de l'agent pathogène recherché : il va d'une quinzaine d'euros à une cinquantaine d'euros.
Merci au Dr Mathieu Kuentz, médecin biologiste en Auvergne.