Progestatif : définition, effet, pilule, quand le prendre ?

Définition : qu'est-ce qu'un progestatif ?

Un progestatif est une hormone qui a une action similaire à la progestérone, progestatif naturellement sécrétée par l'organisme.

Progestatif naturel ou de synthèse : quelle différence ?

"La progestérone est un progestatif naturel synthétisé après l'ovulation afin de préparer la muqueuse de l'utérus à une grossesse, informe le Pr Anne Gompel, gynécologue dans le service de Service de Gynécologie médicale endocrinienne – sénologie de l'hôpital Cochin (Paris). Les progestatifs sont une classe de composés synthétiques qui ont été développés pour mimer l'action biologique de la progestérone". Il y en a plusieurs groupes :

• 1ère génération : les dérivés de la normethyltestostérone ou norstéroïdes, qui comportent les dérivés de la nortestostérone,
• 2e génération : les dérivés de la 17 hydroxyprogestérone ou pregnanes, qui comportent le norgestrel et le lévonorgestrel.
• 3e génération qui est composée du desogestrel, gestodène et norgestimate.
• D'autres progestatifs sont représentés par la drospirénone, le diénogest, l'acétate de nomégestrol et la nestorone.

"Les progestatifs de synthèse ont une activité progestative sur la muqueuse de l'utérus mais en fonction des molécules elles ont d'autres types d'activités analogues ou différentes de l'hormone naturelle selon leur structure" indique le Pr Anne Gompel.  

Quels sont les effets d'un progestatif ?

Les progestatifs modifient la glaire cervicale. Le progestatif inhibe la sécrétion de la glaire cervicale ce qui entraîne une coagulation de la glaire cervicale dans laquelle les spermatozoïdes ne peuvent plus pénétrer. La molécule progestative modifie également l'endomètre ce qui empêche le plus souvent son développement. "Le relargage continu de progestatif avec un implant ou un stérilet contenant un progestatif supprime les règles car l'endomètre est très fin" précise le médecin. Certaines molécules progestatives peuvent avoir une action de blocage complet ou partiel de l'ovulation. Utilisés en contraception, ce sont principalement les pilules contenant du désogestrel (Cerazette® par exemple) ou de la drospirénone.

Sous quelle forme : pilule, stérilet, implant, injectable ?

Les contraceptions progestatives comprennent plusieurs méthodes de contraception :

• la pilule continue sans œstrogène,
• l'implant contraceptif sous-cutané
• le dispositif intra-utérin hormonal (stérilet) contenant un progestatif, le lévonorgestrel
• le progestatif injectable (médroxyprogestérone, très peu utilisé en France).

Quelles pilules contiennent un progestatif ?

Il existe deux sortes de pilules progestatives :

• celles contenant du désogestrel (Cérazette et ses génériques Antigone, Claréal, Desopop, Lactinette et Optimizette)
• celles contenant du lévonorgestrel (Microval).

Le désogestrel est plus efficace et a une durée d'action un peu plus longue que le levonorgestrel, permettant un oubli de 12h (à éviter !) alors que le levonorgestrel doit être pris à 3h près.

Quand prendre un progestatif ? 

"Les progestatifs sont utilisés comme contraceptifs chez les femmes qui présentent des contre-indications à la prise de pilule oestro-progestative car ils bien supportés sur le plan cardiovasculaire et métabolique, détaille le Pr Gompel. Les contraceptifs progestatifs peuvent aussi être prescrits aux femmes qui ont des migraines". A plus forte doses, et avec d'autres molécules, ils sont aussi utilisés comme traitement de différentes pathologies estrogène-dépendantes :

• mastopathies bénignes du sein,
• hyperplasie de l'endomètre,
• fibromes, endométriose

"Les progestatifs sont très efficaces pour soulager les maux de ventre chez les femmes qui ont une endométriose. Les progestatifs (Androcur) sont également utilisés pour traiter l'hyper-androgénie. Cependant des règles récentes de prescription en limitent l'emploi à long terme. Mais un traitement de 2/3 ans de l'hyperandrogénie avec un relais par une pilule classique est souvent suffisant" souligne le médecin.

Les progestatifs sont contre-indiqués chez les femmes qui ont eu un cancer du sein ou un méningiome.

Chez qui est-il contre-indiqué ?

Les progestatifs sont contre-indiqués chez les femmes qui ont eu un cancer du sein et chez celles qui ont présenté un méningiome (tumeur bénigne du cerveau). L'utilisation prolongée de progestatifs, hormis les micro-progestatifs, entraîne un risque de méningiome, surtout après l'âge de 35-40 ans. "C'est pourquoi l'ANSM recommande de réaliser des IRM du cerveau la première année puis à 5 ans et tous les 2 ans en cas d'utilisation prolongée des progestatifs" explique le Pr Gompel.

Quels sont ses effets secondaires ?

"Les progestatifs peuvent entraîner une prise de poids, une sécheresse vaginale, une baisse de libido des saignements (spotting) surtout avec les micro-progestatifs" informe le Pr Anne Gompel qui précise que ces effets ne sont pas systématiques.

Merci au Pr Anne Gompel, gynécologue dans le service de Service de Gynécologie médicale endocrinienne – sénologie de l'hôpital Cochin (Paris).