Effets secondaires de la pilule : poids, libido, acné, humeur...
La pilule contraceptive est la contraception la plus utilisée en France, mais elle n'est pas dépourvue d'effets indésirables gênants. Migraine, baisse de libido, acné, cancer, prise de poids... Lesquels sont avérés ? Le point sur les vérités et les idées reçues avec le Dr Abdoulaye Diop, gynécologue-obstétricien.
La pilule contraceptive est le moyen de contraception le plus utilisé par les femmes en France. Comme tout médicament, la pilule est liée à un risque d'effets secondaires. Prise de poids, augmentation de l'appétit, acné, douleurs, sécheresse vaginale, baisse de libido, risque augmenté de cancer du sein... Quels sont les effets indésirables de ce contraceptif ? Lesquels sont avérés ? Au contraire, lesquels sont faux et constituent des idées reçues ? Eclairage du Dr Abdoulaye Diop, gynécologue-obstétricien.
La pilule stimule l'appétit et fait grossir
Faux. La pilule contraceptive ne fait pas, à proprement parler, prendre du poids mais elle favoriserait la rétention d'eau, les douleurs mammaires et encore les grignotages. En effet, la pilule est dite "diabétogène", c'est-à-dire qu'elle fait monter le taux d'insuline dans le sang et l'insuline ouvre l'appétit. Cependant, "La pilule n'a pas d'effets prouvés sur les centres (cortex, hippocampe, hypothalamus) responsables de la sensation de faim", tient à compléter le Dr Diop, gynécologue-obstétricien.
La pilule entraîne des saignements entre les règles
Vrai. Il se peut que des saignements surviennent en dehors des périodes de règles. "Des saignements dus à la prise de la pilule peuvent apparaître, surtout si celle-ci n'est pas prise à l'heure prévue. Ces saignements sont extériorisés par le vagin mais proviennent en réalité de l'utérus", explique notre expert. Sans gravité, ces pertes de sang peuvent être plus ou moins abondantes et accompagnées d'autres symptômes comme des douleurs ou des pertes vaginales...
La pilule peut donner mal à la tête
Vrai. L'Agence du médicament (ANSM) indique que les contraceptifs oestroprogestatifs sont effectivement liés à des effets secondaires. "Les plus fréquents (concernent plus d'une femme sur 10) sont des maux de tête, dont des migraines", précise l'autorité sanitaire. L'apparition ou l'aggravation de maux de tête doit impérativement être signalée à son médecin prescripteur. Par ailleurs, selon la Société française d'études des migraines et céphalées, chez une femme migraineuse qui présente un ou plusieurs facteurs de risque vasculaire (tabagisme, hypertension artérielle, obésité et plus encore antécédent cardiovasculaire, de phlébite ou d'embolie pulmonaire), on préfère une pilule qui ne comporte pas d'œstrogènes ou un moyen de contraception non hormonal.
La pilule entraîne des douleurs aux seins
Vrai. Les douleurs ou les lourdeurs mammaires provoquées par la prise de pilule sont principalement dues à la dose d'œstrogènes qu'elle contient. Ces hormones interviennent dans la fabrication et le stockage de la graisse et favorisent les douleurs au niveau des seins. "Des douleurs mammaires sont certes possibles à la veille des menstruations mais cela peut également arriver aux femmes sans contraception : c'est un syndrome prémenstruel assez classique qui est sans gravité", tient à rassurer le gynécologue.
La pilule fait baisser la libido
Vrai. La sécheresse vaginale ainsi qu'une baisse de libido sont fréquentes chez les femmes qui prennent la pilule, y compris chez les plus jeunes. En effet, la pilule permet de contrer l'action de la testostérone, qui est l'hormone du désir sexuel chez la femme. Puisque le désir sexuel diminue, la lubrification sexuelle baisse également. Une hygiène intime douce et respectueuse, l'usage de lubrifiants, de crèmes adaptés ou le recours à la phytothérapie peuvent être des solutions efficaces contre la sécheresse intime.
Certaines pilules provoquent de l'acné
Vrai. "La pilule peut améliorer, voire faire disparaître complètement les problèmes de peau mais il faut savoir que certaines pilules l'aggravent", indique le gynécologue. Certaines pilules sont faiblement, voire non androgéniques, c'est-à-dire qu'elles ne stimulent pas les glandes sébacées et donc ne favorisent pas l'excès de sébum. Demandez conseil à votre gynécologue.
La pilule augmente les risques de thrombose ou d'embolie pulmonaire
Vrai et faux. "Même si ce risque reste extrêmement faible, les pilules peuvent être associées à un risque de thrombose veineuse (phlébite) ou d'embolie pulmonaire, surtout en cas d'antécédents personnels ou familiaux", indique le Dr. Ces accidents sont peu fréquents (surviennent principalement chez les femmes qui présentent des facteurs de risque pour ces maladies) mais graves ; ils doivent être pris en charge en urgence. Les pilules de dernières générations (3e ou 4e contenant du désogestrel ou de la drospirénone) sont plus risquées que celles de 2e génération. Une autre étude faite par l'Assurance maladie suggère que le risque thromboembolique serait aussi lié à la dose d'éthinylestradiol et par conséquent plus faible pour les pilules dosées à 20 µg d'éthinylestradiol. Mais, pas de panique, lors d'une prescription contraceptive, le médecin analyse tous les éventuels facteurs de risques et de contre-indications pour vous permettre de trouver la contraception la plus adaptée.
► Les signes évocateurs d'une thrombose (phlébite) :
- un gonflement (œdème) de l'une de vos cuisses ou jambes
- une douleur avec ou sans gonflement d'un de vos mollets.
Dans ces cas, appelez ou consultez immédiatement votre médecin traitant, le médecin prescripteur ou le pharmacien. Si ce n'est pas possible, appelez le SAMU-Centre 15 ou présentez-vous au service des urgences d'un hôpital ou d'une clinique.
► Les signes évocateurs d'une embolie pulmonaire :
- un essoufflement brutal, au repos ou inhabituel lors d'activités (montée d'escalier, conversation téléphonique…),
- la survenue de crachats sanglants,
- une accélération des battements du cœur (tachycardie), inhabituelle, inexpliquée et persistante surtout si associée à un des signes précédents
Ces signes peuvent s'accompagner de vertiges ou de maux de tête intenses. Dans ces cas, appelez immédiatement le SAMU - Centre 15
La pilule augmente les risques de cancer du sein ou du col de l'utérus
Vrai et Faux. Le Centre International de la Recherche sur le Cancer (CIRC) demeure très transparent à ce sujet : certes la pilule augmente les risques de cancer relatifs à certains organes, mais elle en fait aussi baisser beaucoup d'autres (ovaire, gynécologiques, colorectal, endomètre...). Cependant, "la pilule combinée ou microprogestative aurait un léger impact sur les risques du cancer du sein, qui est hormonodépendant contrairement à d'autres cancers, à condition d'avoir des antécédents personnels ou familiaux de cancers du sein" ajoute l'expert. Le risque est légèrement supérieur pour une femme qui prend la pilule à long terme. Le risque revient à la normale au fil du temps après l'arrêt. De même pour le cancer du col de l'utérus et du foie.
La pilule diminue la fertilité
Faux. Selon le Dr Diop, "la pilule préserverait plutôt la fertilité de la femme". Son utilisation pendant plus de 5 années favoriserait même une grossesse plus rapide selon une étude britannique (Human Reproduction d'octobre 2002).
La pilule modifie l'humeur
Vrai. Les troubles de l'humeur, dont l'irritabilité, figurent parmi les effets secondaires de la pilule contraceptive relatés par l'Agence du médicament. Une étude danoise de 2020 publiée dans la revue scientifique Scientific Reports s'est intéressée aux effets de la pilule contraceptive sur les hormones liées à l'humeur. Les chercheurs ont démontré que les femmes sous contraception orale présentaient un niveau d'ocytocine (surnommée l'hormone de l'amour) plus élevé que les autres. Et cette perturbation du niveau d'ocytocine pourrait altérer certains sentiments comme l'attachement, l'amour, l'intimité ou les interactions sociales. D'autres études ont montré un lien entre prise de pilule et dépression. Une étude parue dans JAMA Psychiatry en 2016 a estimé que le risque de prendre des antidépresseurs était multiplié par 1.23 en cas de prise de pilule orale oestroprogestative et 1.34 en cas de prise de pilule micro-progestative.
>> Tout effet indésirable apparaissant après la prise de pilule doit être signalé et discuté avec votre médecin ou votre sage-femme : cette pilule n'est peut-être pas adaptée. D'autres possibilités pourront être envisagées. Toutefois, il est préférable de ne pas arrêter la pilule avant d'avoir vu le médecin ou la sage-femme. Si la femme décide toutefois de l'arrêter avant le rendez-vous médical, il est indispensable d'utiliser un autre moyen de contraception.
>> Vous pouvez déclarer un effet indésirable lié à l'utilisation d'une pilule contraceptive, directement sur le site de l'ANSM sur lequel vous trouverez le formulaire et les informations nécessaires pour vous permettre d'effectuer cette déclaration.
Merci au Dr Abdoulaye Diop, gynécologue-obstétricien.
Sources : Vous et vos contraceptifs oestroprogestatifs, ANSM / Pilules oestroprogestatives et risque thrombotique, ANSM / Les contraceptifs oraux, 27/09/16, Ministère des Solidarités et de la Santé