Soins intensifs : c'est quoi, durée, nombre de lits, visite
Les soins intensifs font partie des soins critiques comme les unités de surveillance continue et la réanimation. C'est quoi ? Pourquoi aller en soins intensifs ? Combien de temps peut-on y rester ? Réponses avec le Pr Marc Leone, chef du service anesthésie-réanimation de l'hôpital Nord de Marseille.
Définition : c'est quoi les soins intensifs ?
Petit rappel de vocabulaire. "En France, on utilise le terme de soins critiques pour désigner les services hospitaliers qui prennent en charge des patients présentant un risque de défaillances d'organes, une ou plusieurs défaillances d'organes et/ou dont le pronostic vital peut être engagé, explique le Professeur Marc Leone, chef du service anesthésie-réanimation de l'hôpital Nord de Marseille. Ces prises en charge se font à trois niveaux :
- soit en "unités de surveillance continue", qui accueillent les malades présentant un fort risque de défaillance (cardiaque, détresse respiratoire, coma…),
- soit en "soins intensifs" (si la défaillance porte sur un seul organe),
- soit en "réanimation" (si plusieurs défaillances sont identifiées et si le pronostic vital est engagé)".
Selon l'ARS, "l'unité de soins intensifs (USI) est la structure médiane entre le service de réanimation et l'unité de surveillance continue (USC). Elle prend en charge une défaillance unique sur une durée limitée et constitue avec l'USC l'unité intermédiaire entre la réanimation et les services de soins généraux hospitaliers". "Les unités de soins intensifs sont spécialisées dans une seule spécialité d'organe comme la cardiologie, la pneumologie, la néphrologie, la neurologie vasculaire ou l'hématologie, complète le Professeur Marc Leone. Les patients sont donc pris en charge par des spécialistes".
Quelle différence entre soins intensifs et réanimation ?
"Dans les unités de soins intensifs, nous allons prendre en charge des patients qui ne présentent qu'une seule une défaillance (cardiologie, pneumologie, néphrologie, neurologie vasculaire ou hématologie), poursuit le spécialiste. Alors qu'en réanimation, nous accueillons des patients avec une ou plusieurs défaillances d'organes et un pronostic vital souvent engagé". Ces patients nécessitent la mise en œuvre prolongée de méthodes de suppléance comme la ventilation artificielle, le support hémodynamique ou l'assistance rénale. "60% des médecins de ces services sont des anesthésistes-réanimateurs".
Quelle différence entre soins intensifs et soins continus ?
Ces services ne peuvent en aucun cas prendre en charge de façon prolongée des patients traités par assistance ventilatoire
"Dans les unités de soins intensifs, nous allons prendre en charge des patients qui ne présentent qu'une seule défaillance (cardiologie, pneumologie, néphrologie, neurologie vasculaire ou hématologie), poursuit le spécialiste. En unités de surveillance continue (on ne parle pas de "soins continus"), nous accueillons des patients dont l'état fait craindre la survenue d'une ou plusieurs défaillances vitales nécessitant d'être monitorés ou dont l'état, au sortir d'une ou plusieurs défaillances vitales, est trop sévère ou instable pour permettre un retour dans une unité d'hospitalisation classique". Certains patients vont également en unités de surveillance continue après une opération chirurgicale majeure. Les unités de surveillance continue constituent un niveau intermédiaire entre les unités de réanimation et les unités de soins classiques. "Elles sont sous la surveillance d'infirmières - 1 pour 4 patients - et d'un médecin de garde 24h/24. Ces services ne peuvent en aucun cas prendre en charge de façon prolongée des patients traités par assistance ventilatoire".
Pourquoi aller en soins intensifs ?
Les unités de soins intensifs ont vocation à prendre en charge les défaillances liées à une seule spécialité d'organe. "Il peut s'agir d'une insuffisance rénale, d'un infarctus du myocarde ou d'une détresse respiratoire, précise le médecin. Si l'activité de soins intensifs peut donner lieu, pour certaines indications propres à chaque spécialité d'organe, à la pratique d'actes de réanimation, elle ne saurait en aucun cas se confondre avec une activité de réanimation". En cas d'atteinte multiviscérale, les patients doivent être transférés dans une unité de réanimation sous 48 heures.
Durée : combien de temps peut-on rester en soins intensifs ?
"Si la durée moyenne dans un service de réanimation est de 7 à 10 jours, il n'y a pas en revanche de durée moyenne en soins intensifs ; elle est variable et de l'évolution de l'état de santé du patient", reconnait notre interlocuteur.
Combien y a-t-il de lits en soins intensifs en France ?
Selon la dernière enquête de la DREES, le nombre de lits en soins critiques s'établit à 19 600 en 2019 :
- 28 % d'entre eux se trouvent en réanimation,
- 30 % en soins intensifs
- 42 % en surveillance continue.
Entre 2013 et 2019, les capacités en soins critiques ont augmenté de 6,9 %. Si le nombre de lits a légèrement progressé en réanimation (+1,2 %), la hausse des capacités est plus marquée pour la surveillance continue (+8,6 %) et surtout pour les soins intensifs (+10,3 %). La densité de lits en soins critiques en France est de 29,2 lits pour 100 000 habitants, mais varie fortement selon les régions. "Contrairement aux unités de réanimation où la capacité minimale est fixée à 8 lits pour des raisons d'efficience, il n'y a pas un minimum de lit imposé par structures de soins".
Les visites sont-elles autorisées en soins intensifs ?
"Elle sont même fortement conseillées, insiste le Professeur Marc Leone. C'est important d'avoir ses proches à ses côtés dans ces moments-là. Le proche fait partie du process de guérison".
Merci au Professeur Marc Leone, chef du service anesthésie-réanimation de l'hôpital Nord de Marseille et vice-président de la Société Française d'Anesthésie et de Réanimation (SFAR).