Abus de médicament : définition, symptômes, conséquences

Pris correctement, les médicaments aident à soulager la douleur et d'autres maux. En revanche, s'ils sont pris de façon excessive, ils deviennent dangereux. Quels dangers et risques en cas d'abus ? Quels sont les symptômes d'un surdosage ? Quelles conséquences ? Conseils et précautions de notre experte.

Abus de médicament : définition, symptômes, conséquences
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Définition : qu'appelle-t-on un abus médicamenteux ? 

Un abus de médicaments se définit par un usage excessif intentionnel, persistant ou sporadique, de médicaments ou de produits mentionnés à l'article R. 5121-150 du code de la santé publique (CSP), accompagné de réactions physiques ou psychologiques nocives, indique le ministère de la Santé sur son site internet. La notion d'abus médicamenteux n'est donc pas définie par la quantité de médicaments prise mais par le nombre de jours de sa consommation sur une période de trois mois consécutifs. L'abus est défini par une prise régulière et fréquente :

  • d'au moins 15 jours par mois pour une prise d'antalgiques non opioïdes (paracétamol, aspirine, anti-inflammatoires non stéroïdiens
  • d'au moins 10 jours par mois pour une prise d'opioïdes, de dérivés de l'ergot de seigle, de triptans ou d'antalgiques associant plusieurs principes actifs ou en cas d'utilisation combinée de plusieurs médicaments par le patient.

"Cet abus peut souvent passer inaperçu lorsque l'on souffre d'une maladie chronique nécessitant la prise régulière d'antidouleurs, comme dans les migraines par exemple, explique Diane Marthe, étudiante en 6e année de médecine et interne. Vous pouvez vous aider d'un agenda ou d'un journal pour noter vos prises de médicaments. Si vous consommez plus que les doses notées ci-dessus, orientez-vous vers votre médecin, qui vous prescrira un traitement mieux adapté."

Quels sont les symptômes d'un abus de médicaments ?

L'un des symptômes à reconnaître est également l'augmentation de la tolérance à ce médicament, c'est-à-dire un besoin d'augmenter les doses pour en ressentir les effets

Parmi les symptômes d'un abus de médicaments, on peut citer :

  • Des maux de tête
  • Anxiété et irritabilité,
  • Difficultés de concentration,
  • Troubles de la mémoire,
  • Diminution de la tolérance aux autres
  • Besoin de s'isoler.
  • Des troubles dépressifs avec découragement, perte d'envie, perte d'énergie et sentiment de "ne pas s'en sortir".
  • Des troubles du sommeil dus aux réveils précoces en lien avec les céphalées matinales.

"L'un des symptômes à reconnaître est également l'augmentation de la tolérance à ce médicament, c'est-à-dire un besoin d'augmenter les doses pour en ressentir les effets", ajoute notre interlocutrice.

Quels sont les conséquences et les dangers ?

Certaines personnes sont plus à risques que d'autres, s'il y a par exemple des antécédents personnels ou familiaux d'addiction et/ou de fragilité sur le plan psychiatrique. L'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) identifie certains types de médicaments qui, utilisés abusivement, peuvent créer une dépendance. Il s'agit de produits qui combattent :

  • l'anxiété ;
  • l'insomnie ;
  • la rhinite ;
  • la dépression ;
  • la douleur, dont ceux à base de codéine, de dihydrocodéine, de dextropropoxyphène, de tramadol et de morphine, entre autres.

"En pratique on peut séparer 3 grands ensembles de symptômes participant aux troubles addictifs", détaille Diane Marthe : 

► Des symptômes comportementaux : il s'agit de l'envahissement progressif de la vie quotidienne par les comportements addictifs, au détriment des autres habitudes de vie (familiales, professionnelles…). Cela regroupe la perte de contrôle progressive sur sa consommation, l'impossibilité croissante d'arrêter ou de réduire la prise médicamenteuse, et l'envie irrépressible (appelée "craving") de consommer.

► Des répercussions sociales et/ou médicales, ayant des conséquences durables et significatives dans la vie du consommateur (isolement, perte d'emploi…)

► Des symptômes pharmacologiques : l'exposition chronique et répétée entraîne des phénomènes d'adaptation cérébrale progressive, menant à l'apparition d'un processus de tolérance (perte d'effet à même dose de substance, ou à même fréquence de la consommation, et nécessité d'augmenter les doses de médicament ou la fréquence des prises). Il y a aussi l'effet de sevrage à l'arrêt de la prise.

Que faire pour se sevrer ?

"Un sevrage médicamenteux peut être dangereux si entrepris seul, et avoir des conséquences graves, comme des crises d'épilepsie, voire le décès pour certaines classes de médicaments (antidépresseurs ou anxiolytiques), alerte notre interne. Vous pouvez consulter votre médecin traitant qui vous guidera lors du sevrage, ou consulter un médecin spécialiste addictologue, en cabinet ou dans des structures spécialisées les CSAPA (centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie). Il existe aussi des groupes d'entraide de patients et des associations, pouvant aider concernant la partie psychologique du sevrage."

Merci à Diane Marthe, étudiante en 6eme année de médecine et interne, pour sa participation.