Médicament et conduite : niveau 1, 2, 3, risques, interdits

Conduire après avoir pris certains médicaments comporte des risques. En France, la part des accidents attribuables aux médicaments se situe entre 3 et 4%. Pour éviter tout danger, regardez les pictogrammes présents sur les boites de médicaments et demandez conseil à votre médecin ou à votre pharmacien en cas de doute.

Médicament et conduite : niveau 1, 2, 3, risques, interdits
© 123RF- thodonal

Quels médicaments éviter avec la conduite ?

Le risque de retentissement sur la conduite d'un véhicule concerne autant certains médicaments prescrits par votre médecin que ceux disponibles sans ordonnance. Ces médicaments peuvent faire partie d'un traitement au long cours concernant certaines maladies (dépression, épilepsie, maladie de Parkinson, diabète, hypertension artérielle…) ou traiter des maux courants (douleurs, fièvre, toux, rhume…). "Il est essentiel de suivre les conseils de son médecin ou de son pharmacien, insiste Anne-Marie Gallot, Conseillère santé de la Délégation à la Sécurité routière. Ils peuvent rechercher le médicament qui altère le moins possible vos capacités à conduire et vérifier d'éventuelles interactions avec d'autres médicaments que vous prenez. Il est important de respecter les heures et les conditions de prise de votre médicament et de ne pas modifier ou arrêter votre traitement sans l'avis d'un professionnel de santé." Et de poursuivre : "Il est très important enfin de ne pas prendre le volant ou d'arrêter de conduire si vous ressentez de la fatigue ou des effets secondaires tels que des engourdissements, des tremblements, des nausées, des vertiges… ".

Certaines familles de médicaments sont d'emblée concernées par ces risques :

  • les anxiolytiques : benzodiazépines et apparentés (diazépam, bromazépam, etc.) ;
  • les somnifères (hypnotiques) : zopiclone, zolpidem, etc. ;
  • les antidépresseurs : fluoxétine, paroxétine, etc.

Les hypnotiques et les anxiolytiques (en particulier les benzodiazépines) sont les substances les plus fréquemment retrouvées dans les analyses de sang des accidentés de la route.

D'autres familles de médicaments peuvent aussi avoir des effets sur l'aptitude à la conduite :

  • les anti-inflammatoires : alminoprofène, piroxicam, etc. ;
  • certains médicaments contre la douleur et contre la fièvre ;
  • certains médicaments (triptans) traitant la migraine ;
  • les anesthésiques y compris ceux utilisés en usage local ;
  • les médicaments contre le mal des transports : diphénhydramine, diménhydrinate, etc. ;
  • les anti-allergiques : cétirizine, loratadine, etc. ;
  • les antidiabétiques : gliclazide, glipizide, etc. ;
  • les antivertigineux ;
  • les anti-infectieux : norfloxacine, ofloxacine, ganciclovir, etc.

Quels effets et risques ?

Une exposition à un médicament potentiellement dangereux est retrouvée chez environ 10 % des accidentés de la route.

De nombreux médicaments peuvent affecter la capacité à conduire. Leurs effets gênent la conduite de tout type de véhicules, motorisés ou non, et peuvent même rendre cette pratique dangereuse. Ils affectent également la sécurité d'utilisation de certaines machines, aussi bien dans un cadre professionnel que privé (bricolage, loisirs…). C'est actuellement le cas pour environ 1/3 des médicaments commercialisés en France et 1 médicament sur 50 est classé comme incompatible avec la conduite. Une exposition à un médicament potentiellement dangereux est retrouvée chez environ 10 % des accidentés de la route, souligne le site Ameli.fr.

Ainsi, certains médicaments peuvent causer :

  • de la somnolence ou même des endormissements ;
  • une baisse de la vigilance et de l'attention ;
  • un ralentissement des réflexes ;
  • des vertiges et troubles de l'équilibre ;
  • des troubles de la vue ;
  • de l'excitation ou de l'agressivité.

"Ces effets peuvent apparaître de manière isolée, ou cumulée, poursuit Anne-Marie Gallot. Leur importance peut dépendre des doses absorbées, de la façon dont la personne réagit au médicament, d'éventuelles interactions entre tous les médicaments consommés ou si prise simultanée avec de l'alcool ou des drogues (en particulier le cannabis)."

Quels sont les pictogrammes ?

"Les boîtes des médicaments présentant un risque pour la conduite sont composées d'un pictogramme spécifique, précise notre interlocutrice. Ils sont classés en trois catégories, selon le niveau de risque du médicament sur la conduite." 

À chacun correspond :

  • Un niveau de risque : 1, 2, 3 selon l'importance des effets du médicament sur les capacités de conduite
  • Une couleur différente (jaune, orange, rouge)
  • Un message donnant l'attitude pratique à adopter lors de l'utilisation du médicament concerné

Les médicaments dits de niveau 1 sont signalés par un pictogramme sur fond jaune, la mention " Niveau 1 " et le conseil " Soyez prudent. Ne pas conduire sans avoir lu la notice ".

Les médicaments de niveau 2 sont signalés par un pictogramme sur fond orange, la mention " Niveau 2 " et le conseil " Soyez très prudent. Ne pas conduire sans l'avis d'un professionnel de santé ".

Les médicaments dits de niveau 3 sont signalés par un pictogramme sur fond rouge, la mention " Niveau 3 " et le conseil " Attention, danger : ne pas conduire. Pour la reprise de la conduite, demandez l'avis d'un médecin ".

PICTOGRAMME MEDICAMENT
Pictogrammes de couleur sur les médicaments © Sécurité routière

Médicaments avec un pictogramme jaune de niveau 1

Les médicaments dits de niveau 1 sont signalés par un pictogramme sur fond jaune, la mention "Niveau 1" et le conseil "Soyez prudent. Ne pas conduire sans avoir lu la notice". Ils ne sont généralement pas contre-indiqués pour la conduite car le risque est faible et dépend surtout de la façon dont la personne tolère plus ou moins bien le médicament. Mais certains d'entre eux comme des sirops contre la toux peuvent provoquer un état de somnolence ou des vertiges.

Médicaments avec un pictogramme orange de niveau 2

Les médicaments de niveau 2 sont signalés par un pictogramme sur fond orange, la mention "Niveau 2" et le conseil "Soyez très prudent. Ne pas conduire sans l'avis d'un professionnel de santé". Ils ont des effets pharmacodynamiques dangereux prédominants pour la conduite par rapport à la susceptibilité individuelle. Ils nécessitent l'avis d'un médecin. Sont concernés les antidépresseurs, les antidouleurs (notamment la codéine), les tranquillisants, les médicaments contre le diabète, l'épilepsie ou la maladie de Parkinson. Attention, certains médicaments dits " banals " comme les traitements contre les allergies, le rhume des foins ou le mal des transports doivent être pris avec vigilance.

Médicaments avec un pictogramme rouge de niveau 3

Les médicaments dits de niveau 3 sont signalés par un pictogramme sur fond rouge, la mention "Niveau 3" et le conseil "Attention, danger : ne pas conduire. Pour la reprise de la conduite, demandez l'avis d'un médecin". Ils présentent le risque le plus élevé car leurs effets pharmacodynamiques rendent la conduite dangereuse. Dans ce groupe on trouve les somnifères, les tranquillisants, les neuroleptiques. Ils peuvent entraîner une incapacité temporaire qui rend la conduite impossible. Informez-vous du délai à respecter avant de reprendre le volant. Environ 5 % des médicaments sont classés en risque de niveau 3. "Plus de 11 millions de français consomment des benzodiazépines au moins une fois dans l'année, constate Anne-Marie Gallot. Or tous les dérivés des benzodiazépines contre-indiquent la conduite des véhicules."

Conduite sous médicaments : quelles sanctions ?

"Il n'y a pas de sanction spécifique si un usager conduit en ayant pris un médicament pouvant affecter la capacité à conduire car le choix a été fait de sensibiliser les usagers de la route au danger spécifique que représente la prise de certains médicaments plutôt que de les sanctionner", répond notre spécialiste. Il est à noter qu'à titre de règle générale, le code de la route prévoit que "Tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d'exécuter commodément et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent" et sanctionne d'une contravention de deuxième classe, le fait de contrevenir à cette règle (art R. 412-6-1). Par ailleurs, en cas d'accident corporel, la prise de certains médicaments pourrait, en fonction des circonstances, caractériser "la maladresse, l'imprudence, l'inattention, la négligence ou le manquement à une obligation législative ou réglementaire de prudence ou de sécurité" permettant l'application des articles du code pénal sanctionnant l'homicide et les blessures involontaires commis à l'occasion de la conduite d'un véhicule de peines d'emprisonnement allant de deux à cinq ans (art. 221-6-1, 222-19-1 et 222-20-1).

Merci à Anne-Marie Gallot, Conseillère santé de la Délégation à la Sécurité routière.