Paralysie : causes, AVC, durée, que faire ?

La paralysie dure parfois quelques minutes, mais elle peut être irréversible. Ses causes sont multiples : AVC, lésion, sclérose en plaques, maladie de Charcot. Il faut connaître les signes qui doivent alerter et les gestes à adopter dans l'urgence. Symptômes, diagnostic, traitements... Explications du Dr Aurélien Benoilid, neurologue à Strasbourg.

Paralysie : causes, AVC, durée, que faire ?
© doucefleur - 123RF

Définition : qu'est-ce qu'une paralysie ? 

La paralysie désigne une perte de la motricité. Celle-ci peut être complète ou partielle. Il existe un grand nombre de paralysies selon leur atteinte (système nerveux central, périphérique ou musculaire), leur cause, ou encore, leur évolution. On distingue six degrés de paralysie (de 0 à 5) selon les contractions musculaires et les mouvements effectués. 

Quels sont les symptômes d'une paralysie ?

Les symptômes d'une paralysie sont souvent caractéristiques : la paralysie se manifeste par

  • une impossibilité de bouger volontairement certaines parties de son corps,
  • parfois, une impossibilité de parler. 

De nombreux signes d'une paralysie faciale sont visibles : du côté touché, les rides du front semblent effacés, la bouche déformée, le sourcil impossible à relever et l'œil à fermer.

Quelles sont les causes ? 

Il y a de multiples causes à la paralysie. Celle-ci peut résulter d'une lésion ou d'une section au niveau du système nerveux central, touchant alors une partie du cerveau ou de la moelle épinière, d'une lésion au niveau des muscles ou alors de nerfs périphériques, mais aussi d'une hémorragie, d'un virus, d'une ischémie (insuffisance d'alimentation du sang à un organe), ou encore, être secondaire à une autre maladie (sclérose en plaque, maladie de Charcot, …). "On peut poser un diagnostic et trouver les causes seulement après avoir réalisé un IRM et les examens adéquats", informe le Docteur Aurélien Benoilid, neurologue. Parfois, lors d'un accident, la moelle épinière a été lésée, l'accidenté se retrouve alors paralysé. Ce dernier peut aussi avoir subi un traumatisme crânien lors du choc, qui peut aussi entraîner, une paralysie.

Paralysie après un AVC 

L'hémiplégie, c'est-à-dire, la paralysie d'une ou plusieurs parties du corps mais d'un seul et même côté (l'hémicorps gauche ou droit), est causée par un dommage au niveau du cerveau, par exemple, un AVC"La paralysie de la parole, une incapacité à parler correctement ou à actionner correctement les muscles de la phonation et de la parole, peuvent être les signes d'un AVC", prévient le neurologue.

Paralysie musculaire 

Une paralysie du sommeil, qui empêche la personne qui se réveille de bouger ou de parler, fige tous les muscles, à l'exception des muscles oculaires et respiratoires. Autre exemple : dans le cas des paralysies périodiques (un groupe de maladies génétiques rares), les muscles fatiguent parfois jusqu'à la paralysie. Selon de multiples facteurs qui peuvent la déclencher (le stress, l'activité physique, le jeûne, mais aussi le froid ou la chaleur, …), celle-ci survient de manière mineure et occasionnelle, mais parfois, de façon permanente. Les patients doivent adapter leur mode de vie, ils sont aussi sous traitement médicamenteux.

Paralysie cérébrale 

"Les accidents vasculaires cérébraux, mais aussi les tumeurs cérébrales, des phénomènes infectieux au niveau du cerveau, des traumatismes crâniens qui peuvent avoir lésé certaines régions du cerveau qui s'occupent normalement de le faire bouger…", sont autant d'exemples cités par le Docteur Aurélien Benoilid qui peuvent causer une paralysie cérébrale. Il souligne que ces paralysies sont "les plus urgentes à diagnostiquer." "Au même titre que l'on s'empresse d'appeler le Samu lorsqu'on ressent une douleur à la poitrine, et parce qu'on connaît ce risque d'infarctus du cœur, on doit composer sans plus attendre le 15 dès lors qu'on ressent une paralysie hémicorporelle, qui évoquerait un problème cérébral, car on risque, là, un infarctus du cerveau", martèle le neurologue. Dans les cas de ces hémiplégies, lorsque la partie gauche du cerveau est atteinte, cela paralyse la partie gauche du corps, et inversement. Il existe aussi des hémiplégies d'origine congénitale qui se développent avant la naissance ou pendant l'accouchement. 

Paralysie faciale 

On parle de paralysie faciale lorsque le patient perd partiellement ou totalement la motricité d'une partie des muscles de son visage, car le nerf facial, qui assure la motricité des muscles de son visage, a été atteint. Généralement, seule une moitié du visage est figée. La paralysie faciale a frigore (ou "de Bell") est la plus fréquente des paralysies du visage. Brutale, peut-être même impressionnante parfois, elle est pourtant bénigne et souvent guérie sans que le patient n'ait de séquelle.

Combien de temps dure une paralysie ? 

La guérison d'une paralysie faciale sans cause identifiée débute entre 8 à 15 jours après l'événement, et n'excède pas deux mois. Lors d'une paralysie musculaire du sommeil cette fois, les crises sont souvent courtes. Elles ne durent alors que quelques minutes. Lorsque l'hémiplégie est séquellaire - notamment dans des cas d'AVC - celle-ci a entraîné des lésions irréversibles du cerveau. Dans le cas d'une paralysie périodique familiale (maladie héréditaire), qui provoque des crises subites de paralysies, celles-ci peuvent durer entre 15 minutes et 1 heure, ou durant quelques heures, et jusqu'à plusieurs jours, chaque mois, selon la forme que prend la crise et l'âge du sujet.

Que faire ? 

Aller aux urgences sans avoir appeler le Samu avant n'est pas une bonne idée

"Voici le message de santé publique que l'on essaie de répandre à l'échelle nationale : tout déficit neurologique récent installé brusquement doit vous faire composer le 15", insiste le neurologue. "C'est la première chose à faire, parce qu'il est très compliqué de se repérer dans ce labyrinthe. Au bout du téléphone, le médecin de la régulation, en contact avec des neurologues, va pouvoir, lui, définir dans quelle mesure c'est grave, ou non. Il peut court-circuiter la voie normale des urgences pour aller à l'essentiel, le plus vite possible." Aller aux urgences sans avoir appeler le Samu avant n'est pas une bonne idée, selon le médecin interrogé, puisque le patient va perdre du temps en salle d'attente. En consultation, le Docteur Aurélien Benoilid reçoit de nombreux patients qui viennent quinze jours après qu'une paralysie se soit installée, parfois brusquement. Ces derniers sont d'abord allés voir leur médecin traitant, qui les a dirigé vers un neurologue : "On les voit deux semaines après, là où il aurait fallu intervenir dans l'heure ou dans les trente minutes ! "En tant que spectateur : même chose. Il faut avant tout penser à composer le 15, à "faire ce geste qui sauve des vies." "Au pire, vous avez appelé par excès et ce n'est pas grave", répète le neurologue.

Comment guérir d'une paralysie ? 

"Soit, il y a une évolution naturelle que les médecins vont guider par de la rééducation (cognitive, sensorielle ou physique), soit, ils appareillent le patient d'une orthèse ou de prothèse, qui va compenser le muscle déficitaire", dit le Docteur Aurélien Benoilid. "Le patient sera suivi par un neurologue, et souvent, aussi, par un kinésithérapeute. L'ergothérapeute peut aussi l'aider à adapter son quotidien à sa paralysie", poursuit-il. Selon la région paralysée, d'autres professionnels spécialisés interviennent : un orthophoniste, par exemple, lorsque le patient a subi une paralysie de la voix ou d'un muscle de la déglutition, ou un orthoptiste, lorsqu'il s'agit d'une paralysie des yeux.

Merci au Docteur Aurélien Benoilid, neurologue à Strasbourg.