Kinésithérapie : respiratoire, vestibulaire, les différentes spécialités

Dotée d'un champ d'activité très vaste, la kinésithérapie est une profession paramédicale qui a pour but la rééducation motrice et fonctionnelle. Quelles sont ses indications ? Quelles sont les différentes spécialités ? Réponses avec Jean-François Dumas, kinésithérapeute, secrétaire général du Conseil national de l'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes.

Kinésithérapie : respiratoire, vestibulaire, les différentes spécialités
© africa-studio.com (Olga Yastremska and Leonid Yastremskiy)

Définition 

La kinésithérapie est une spécialité paramédicale qui permet à un professionnel diplômé de travailler sur différentes formes de rééducation, le renforcement musculaire, la mobilité et l'endurance d'un patient. La kinésithérapie est très utilisée à la suite d'une blessure, d'une intervention chirurgicale ou d'un événement traumatisant pour le corps humain. La kinésithérapie concerne aussi bien le squelette que les fonctions de l'organisme. Elle améliore la qualité de vie du patient. Le titre de kinésithérapeute est réservé, en France, aux personnes ayant obtenu un diplôme d'État ou un titre équivalent validé par le Conseil national de l'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes et étant inscrites au Conseil national de l'Ordre.

Indications 

"La kinésithérapie est une méthode thérapeutique qui consiste à rééduquer par le mouvement. Par exemple, cela peut être réapprendre à bouger un genou qui est bloqué, agir sur le diaphragme qui est le muscle qui permet de respirer", explique Jean-François Dumas. Ses indications peuvent être nombreuses et variées : besoin de rééducation suite à un traumatisme, une blessure ou une intervention chirurgicale ; arthrose, rhumatismes, lombalgies, cervicalgies, certaines maladies neurologiques, pathologies urologiques ou encore affections respiratoires. 

Kinésithérapie et Parkinson 

La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative qui s'attaque aux neurones dopaminergiques, impliqués dans le contrôle des mouvements. "Le système de coordination et d'équilibre des groupes musculaires est perturbé, ce qui entraîne un trouble du mouvement volontaire. Les gestes simples de la vie quotidienne, tels que tendre la main pour aller chercher un verre d'eau sur la table, deviennent de plus en plus compliqués. Il existe des formes plus sévères que d'autres",  indique le kinésithérapeute. La maladie de Parkinson entraîne aussi des troubles de la statique et du tonus musculaire : les patients deviennent hypertoniques et c'est souvent accompagné d'un tremblement au repos. La kinésithérapie a pour but de mettre en place au niveau du cerveau des schémas de substitution puisque les schémas habituels sont abîmés. "Heureusement, le cerveau a une puissante plasticité, il peut compenser ce que faisait cette zone-là avec les neurones d'une autre zone. Ensuite, il y a tout un travail sur la statique puisque les patients ont tendance à avoir le dos de plus en plus voûté, à se refermer vers l'avant. La kinésithérapie a pour vocation de redonner un peu de mobilité aux articulations", continue-t-il. 

Quelles sont les différentes spécialités ?

"En kinésithérapie, juridiquement parlant, il n'existe pas de spécialités comme c'est le cas en médecine mais des spécificités. Le plus souvent, le kinésithérapeute agit sur les troubles musculo-squelettiques, c'est-à-dire les lombalgies, cervicalgies, toutes les douleurs du rachis de l'axe vertébrale, les blocages articulaires (hanche, genou, épaule). On intervient aussi beaucoup auprès des patients qui ont des problèmes respiratoires cardiaques ou neurodégénératifs (Parkinson, Alzheimer, sclérose en plaques) ", détaille le secrétaire général du Conseil national de l'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes. Il y a également des champs plus pointus avec la kinésithérapie respiratoire pour désencombrer les bronches, la rééducation uro-gynécologique, notamment pour les patients atteints d'incontinence (les femmes après l'accouchement et très souvent les hommes après une intervention sur la prostate). Il y a aussi la kinésithérapie vestibulaire qui est indiqué dans la rééducation du vestibule, la région du cerveau qui gère l'équilibre. La kinésithérapie du sport ou encore la kinésithérapie pédiatrique qui permet de prendre en charge les troubles respiratoires et musculo-squelettiques des enfants. En plus de la formation initiale, l'Ordre des kinésithérapeutes exige une formation complémentaire afin de ne pas tromper les patients et prouver qu'ils ont bien un savoir-faire en plus par rapport à leurs confrères. 

Kinésithérapie à domicile : dans quels cas ?

La kinésithérapie à domicile est indiquée lorsque le patient ne peut pas se déplacer lui-même et qu'il est préférable d'envoyer le professionnel à son chevet plutôt que de mobiliser un transport pour le transférer au cabinet. Toutefois, il est de plus en plus difficile pour les kinésithérapeutes de se rendre à domicile pour des raisons économiques et démographiques. "En effet, l'acte est très mal payé et c'est une perte de temps par rapport aux actes que l'on peut faire en cabinet. La deuxième raison c'est qu'il y a de moins en moins de kinésithérapeutes dans les zones de campagne. Il est donc difficile pour le praticien d'aller sur la zone parce qu'il y a de plus en plus de distance à parcourir. En ville, les distances sont moindres mais c'est beaucoup plus compliqué pour se garer et les places de parking sont très chères donc cela diminue encore le prix de l'acte", argue Jean-François Dumas. 

Physiothérapie et kinésithérapie

"Nous sommes les seuls professionnels au monde à parler de kinésithérapie. En général, dans les autres pays, il est question de physiothérapie. La kinésithérapie une spécificité française dans laquelle le mouvement est au centre de l'attention auprès de tous nos patients. Le rôle du kinésithérapeute est d'anticiper toute perte de mobilité articulaire et de tenter de restaurer les pertes de mobilité articulaire en faisant travailler les patients sur des exercices simples afin qu'ils retrouvent une certaine coordination des gestes", indique le kinésithérapeute.

Combien ça coûte ? Est-ce remboursé ? 

Le prix moyen d'une consultation de kinésithérapie est de 16,13€. Une prescription médicale est nécessaire pour pouvoir bénéficier de ce soin. Le remboursement de l'Assurance Maladie s'élève à 60%, soit 9,68€. La somme restante, soit 5,95€, est prise en charge par la mutuelle ou la complémentaire santé. 

Merci à Jean-François Dumas, kinésithérapeute, secrétaire général du Conseil national de l'Ordre des masseurs-kinésithérapeutes.

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