Discopathie protrusive : définition, causes, traitement
Très fréquente, la discopathie est une atteinte du disque situé entre 2 vertèbres de la colonne vertébrale. On parle de discopathie protrusive quand un disque s'affaisse et s'étale en faisant une saillie dans le canal lombaire ou cervical. Explications avec le Dr Patrick Le Goux, rhumatologue et médecin du sport, praticien attaché à l'hôpital Ambroise-Paré (APHP) et à l'hôpital Saint-Joseph (Paris).
Définition : qu'est-ce qu'une discopathie protusive ?
La discopathie atteint la colonne vertébrale et est due à une dégénérescence des disques situés entre les vertèbres. "On parle de discopathie protrusive lorsque le noyau du disque fait saillie dans le disque et va déborder dans le canal au milieu ou sur un côté : saillie médiane ou saillie postéro-latérale. La saillie discale vient du fait que le noyau du disque se déshydrate et s'étale dans le disque qui s'affaisse " informe le Dr Patrick Le Goux, rhumatologue et médecin du sport, praticien attaché à l'hôpital Ambroise-Paré (APHP) et à l'hôpital Saint Joseph (Paris). "Une discopathie protrusive diffère d'une hernie discale : une hernie discale fait référence à une extrusion du noyau en dehors de l'anneau fibrocartilagineux dans lequel il est situé, le plus souvent sur un disque pas nécessairement abîmé. Cela explique que les vraies hernies discales sont plus fréquentes chez les personnes jeunes que celles plus âgées. Chez les patients âgés ou plus jeunes du fait d'une sur-utilisation qui développent une arthrose à la colonne, certains disques s'affaissent et entraînent ainsi "une protrusion" dans le canal lombaire" informe le rhumatologue.
Discopathie protusive L3-L4, L4, L5 et L5-S1
Une discopathie protrusive peut être située sur toute la colonne vertébrale, mais plus souvent dans la région lombaire en bas du dos, ou à la jonction entre le dos et le cou. "Ce sont souvent les 3 derniers étages intervertébraux qui sont touchés en bas de la colonne lombaire, soient les niveaux L3L4, L4 L5, ou L5S1 S1 les plus mobiles et en haut de la colonne vertébrale au niveau cervical les disques C5 C6 et C6C7 " indique le Dr Patrick Le Goux.
Discopathie protusive C5-C6 et C6-C7
"Ces disques entre les vertèbres C5-C6-C7 à la charnière cervico-dorsale sont très sollicités. Les disques et vertèbres dorsales sont fixés à la cage thoracique tandis que le cou bouge en flexion," précise ce spécialiste. "Selon la localisation de la protrusion, la personne va avoir une douleur cervicale qui peut irradier dans les omoplates, les bras ou une douleur lombaire qui va se prolonger dans les fesses, sur la face latérale des hanches…" indique le rhumatologue.
Causes
"La protrusion discale a pour origine une discopathie. Celle-ci peut avoir de nombreuses causes : usure du disque à cause du port de charges lourdes de façon répétée ou de la pratique intensive de sport ou en raison d'un traumatisme violent ou de microtraumatismes répétés, fragilité discale familiale, malformation des disques sur maladie de croissance type Scheuerman, contraintes mécaniques liées à une scoliose plus présente chez les femmes, décalage de vertèbres lié à une lyse isthmique, surpoids…" informe le Dr Patrick Le Goux.
Symptômes
"La discopathie protrusive se signale par des lombalgies (douleurs en bas du dos) ou carrément un blocage (lumbago), voire des douleurs sciatiques dans les cuisses et les jambes des cervicalgies (douleurs au niveau des cervicales), des douleurs cervicales irradiant dans les épaules, les bras avec un trajet défini selon le disque et la racine nerveuse touchés " informe le Dr Patrick Le Goux.
Qui et quand consulter ?
Si vous avez un premier épisode de lombalgie, vous pouvez consulter votre médecin traitant qui va vous prescrire un traitement le plus souvent anti inflammatoire. En revanche, "si vous soufrez de lombalgies à répétition, mieux vaut consulter un rhumatologue pour avoir un examen clinique et un diagnostic plus précis avec des explications sur la physiopathologie du disque" recommande le Dr Le Goux. Attention aux séances d'ostéopathie itératives "qui font du bien de façon ponctuelle" mais ne règlent pas le problème de fond et laissent finalement s'aggraver la situation.
"La discopathie protrusive résultat de l'usure du disque peut favoriser des lumbagos récidivants ou des lombalgies permanentes."
Diagnostic
"Le diagnostic de la discopathie protrusive se fait par un interrogatoire (la personne a-t-elle déjà eu des épisodes de lombalgies ?), un examen clinique physique (y-a-t-il des signes discaux ? Un blocage ?), complétés par une radiographie du rachis lombaire et du bassin, voire une IRM souvent réalisée pour évaluer l'état du disque" indique le rhumatologue.
Traitement : que faire pour soigner une discopathie protrusive ?
"Le traitement d'une discopathie protrusive consiste en du repos, la prise d'anti-inflammatoires non stéroïdiens ou de corticoïdes per os (par voie orale) souvent plus efficaces pendant quelques jours. Il est essentiel d'y ajouter après la fin de la crise des auto-exercices de type "caisson abdominal en position à plat dos jambes placées en équerre avec bascule du bassin et rentré du ventre" " explique le Dr Patrick Le Goux. "Enfin par rapport à la vraie hernie discale entrainant des douleurs sévères dans un membre, la discopathie protrusive qui n'est qu'une saillie discale n'est pas une bonne indication pour la chirurgie" précise-t-il.
Risques de récidive
"La discopathie protrusive résultat de l'usure du disque peut favoriser des lumbagos récidivants ou des lombalgies permanentes. Chez certaines personnes, c'est à l'origine d'une crise par an, pour d'autres d'une crise par mois. Les personnes consultent lorsqu'elles sont gênées de façon chronique ou répétitive, et ce sont les mesures de prévention et de protection du dos avec renforcement musculaire et surveillance du poids qui seront efficaces " indique le Dr Patrick Le Goux.
Est-ce une maladie professionnelle ?
"Il est souvent difficile de prouver l'origine professionnelle de la discopathie protrusive car c'est une pathologie très fréquente dans la population. Pour que cela soit reconnu comme une maladie du travail, il faut que l'origine professionnelle soit démontrée, par exemple le port de lourdes charges dans le cadre d'une activité bien définie" informe le Dr Patrick Le Goux. "Un reclassement professionnel est possible, souvent à l'appréciation du médecin du travail " précise ce spécialiste.
Merci au Dr Patrick Le Goux, rhumatologue et médecin du sport, praticien attaché à l'hôpital Ambroise-Paré (APHP) et à l'hôpital Saint Joseph (Paris).