Luxation de la hanche : quels symptômes, quels traitements ?
Douloureuse, la luxation de la hanche correspond à la sortie de la tête du fémur de son socle naturel. Elle est dite congénitale lorsqu'elle survient dès la naissance chez le bébé, sans traumatisme. Quels sont les signes cliniques ? Peut-on marcher ? Combien de temps pour s'en remettre ? Vers quels traitements se diriger ?
Définition : qu'est-ce qu'une luxation de la hanche ?
La luxation désigne un déplacement d'une surface articulaire vis-à-vis d'une autre, opérant ainsi une rupture de continuité articulaire. La hanche est l'articulation qui se trouve entre le bassin et le fémur. Elle est formée par un moule appelé cotyle dans lequel se trouve une boule appelée tête fémorale (tête du fémur). "La luxation de la hanche se traduit par la sortie de la tête du fémur (os long qui constitue le squelette de la cuisse) de la cavité acétabulaire (cavité de l'os pelvien, partie articulaire du bassin), le plus souvent en arrière de celle-ci", explique le Dr Michel Rahmé, chirurgien orthopédiste. La luxation entraîne généralement une douleur et empêche le mouvement articulaire normal.
Causes
Ces luxations surviennent généralement suite à un traumatisme à haute énergie. Les accidents de la voie publique sont la cause la plus fréquente (plus de 2 cas sur 3). Mais aussi lorsque le genou et la hanche sont fléchis (comme lorsque l'on s'assoit) et qu'une force importante frappe le genou (comme par exemple lorsque le genou tape contre le tableau de bord d'une voiture pendant un accident de la route. La luxation de la hanche peut également survenir lors de la pratique de sports à impacts (comme le football, le rugby, la gymnastique) ou plus rarement suite à une chute d'une certaine hauteur. Chez les personnes âgées, l'intensité du traumatisme pour que la hanche se luxe est moindre.
Symptômes et signes cliniques
La luxation de la hanche provoque d'importantes douleurs et occasionne une impotence complète du membre luxé, c'est-à-dire, des difficultés ou une impossibilité de se servir de l'articulation de la hanche.
- Lorsque le fémur est poussé en arrière (le plus fréquent), la jambe affectée semble plus courte et tourne vers l'intérieur.
- Lorsque le fémur est poussé en avant, la jambe tourne vers l'extérieur. Elle semble plus courte, mais de façon moins importante que lorsque le fémur est poussé en arrière.
Diagnostic : examens, radiographie...
Le diagnostic est d'abord clinique et repose sur l'interrogatoire du patient (type de douleur, symptômes...) "L'examen des nerfs est indispensable. Si les nerfs sont affectés, des parties du pied et de la cheville peuvent être engourdies. Les vaisseaux sanguins peuvent également être atteints. Ces deux éléments conditionnent le degré d'urgence de la prise en charge", insiste notre interlocuteur.
Peut-on marcher avec une luxation de la hanche ?
La hanche est très douloureuse, rendant l'appui et la marche impossibles.
Luxation de la hanche du bébé à la naissance : causes, est-ce grave ou pas ? Que faire ?
Parfois, les enfants naissent avec une luxation ou une déformation de la hanche (dysplasie de la hanche). La luxation de la hanche congénitale n'est dans ce cas pas due à un traumatisme. "Il est important d'en faire le diagnostic dès la naissance afin de permettre à la hanche de se développer normalement", indique le spécialiste.
"Si le diagnostic d'une luxation de la hanche est confirmé, il faut remettre la hanche en place", assure-t-il. L'enfant est mis en abduction, c'est-à-dire que les jambes sont maintenues écartées et dans la bonne position. Pour cela, on utilise un "lange câlin", une grosse couche très épaisse qu'on met entre les cuisses en plus de la couche pendant environ 4 mois. Vers 1 mois et demi, une échographie de la hanche confirmera qu'elle est stabilisée et qu'elle a une croissance normale. Le nourrisson sera revu à 4 mois avec une radiographie lors de l'arrêt du lange câlin, puis à l'âge de la marche (réalisation d'une dernière radiographie).
Attention, certains enfants sont dits "à risque" :
- antécédents familiaux, par exemple, lorsque qu'un frère, une sœur ou l'un des deux parents ont déjà été traité pour une luxation congénitale de hanche,
- les bébés de plus de 4 kilos,
- les jumeaux,
- les enfants nés en siège,
- l'hypertension chez la mère pendant la grossesse,
- la faible quantité de liquide amniotique.
Traitement : soigner une luxation de la hanche
S'il n'y a pas d'autre lésion, les médecins remettent la hanche en place (appelée "réduction") dès que possible (avant 6 heures) afin d'éviter la nécrose et l'arthrose de la hanche. La réduction se fait systématiquement sous anesthésie générale afin d'obtenir un relâchement musculaire complet. "Plusieurs manœuvres permettent de remettre la hanche en place", indique le spécialiste.
- S'il s'agit d'une luxation vers l'arrière (la plus fréquente), "la manœuvre consiste à faire s'allonger la personne sur le dos, sur un plan rigide. On exerce une traction dans l'axe du fémur avec la hanche et le genou fléchis à 90°. Généralement un claquement est audible lorsque la tête du fémur se remet en place", détaille-t-il.
- S'il s'agit d'une luxation stable, on préconise le repos au lit avec le membre en traction pendant 15 jours pour diminuer le risque de nécrose puis la décharge du membre pendant 6 semaines suivi d'une rééducation à la marche.
- S'il s'agit d'une luxation instable (luxation récidivante), on utilise une traction trans-condylienne pendant 6 semaines, suivie de la rééducation.
• Attelle et luxation de la hanche
Il n'y a pas d'indication à immobiliser le membre au-delà des 15 jours de traction initiale.
• Traitement chirurgical
- Si la luxation est irréductible par incarcération d'un fragment osseux ou de la capsule, on réalise une ablation chirurgicale du fragment osseux ou capsulaire, puis on réduit chirurgicalement la luxation.
- Si la luxation de la hanche est instable en raison d'une fracture de la paroi postérieure du cotyle ou de la tête fémorale, il faut réduire chirurgicalement la luxation et fixer la fracture.
• Rééducation chez le kiné
"La rééducation chez le kiné est un complément thérapeutique indispensable pour éviter les raideurs articulaires et l'amyotrophie des muscles de la hanche et de la cuisse", conclut le Dr Rahmé. Elle doit être débutée dès que possible et doit continuer jusqu'à l'obtention d'une articulation coxo-fémorale souple et mobile. C'est une rééducation passive au départ, puis elle devient active. Elle doit être guidée par un kinésithérapeute compétent.
Merci au Dr Michel Rahmé, chirurgien orthopédiste, spécialiste de la hanche et de l'épaule, à l'Institut de Chirurgie Orthopédique et Sportive à Strasbourg (ICOSS).