Arrêter de fumer : méthodes, effets secondaires, motivation
Le tabac entraîne une forte dépendance psychologique et physique. Il serait responsable de 75 000 décès en France. Comment réussir à décrocher ? Seule ? Rapidement ? A quels effets s'attendre ? Comment y arriver sans grossir ? Tour des méthodes vraiment efficaces avec le Pr Jean-Pol Tassin, directeur de Recherche émérite à l'Inserm.
A cause de ses nombreuses substances toxiques, la cigarette et plus spécifiquement le tabac est responsable de près de 7 millions de décès chaque année dans le monde, parmi lesquelles plus de 6 millions de personnes sont des fumeurs actifs ou d'anciens fumeurs. Environ 890 000 sont des non-fumeurs exposés au tabagisme passif (OMS). En France, la mortalité attribuable au tabagisme a été estimée à 75 000 décès en 2015, soit 13% des décès. Selon le bulletin épidémiologique de Santé Publique France publié le 26 mai 2020, le tabagisme en France ne varie pas de façon significative sur l'ensemble de la population entre 2018 et 2019, mais par rapport à 2014 il est en baisse de 3,9 points et de 4,5 points pour le tabagisme quotidien. C'est la première fois depuis les années 2000 qu'une baisse de cette ampleur est constatée.
Dernières Actualités sur le tabac
Etes-vous vraiment motivé(e) ?
La motivation est la clé de la réussite de l'arrêt du tabac et c'est aussi le point de départ du plan d'action. Le fumeur souhaite-t-il arrêter de fumer pour des raisons économiques, de santé, parce que son entourage lui demande, ou bien parce qu'il en a vraiment assez ?
- Comprendre les motifs qui vont vous conduire à arrêter
- Arrêter de fumer doit représenter un véritable défi que l'on se lance : faire plaisir à sa femme, à son mari, à ses enfants, améliorer sa santé, son souffle....
- Tester sa confiance en soi : se fixer des objectifs précis et tenter de les respecter.
- Choisir un moment idéal pour démarrer : Une date d'anniversaire, une rentrée scolaire... Les enfants sont de parfaits petits dictateurs qui peuvent aider un parent fumeur.
- L'activité physique régulière est indispensable pour aider à interrompre le tabac.
Bon à savoir : les vacances ne sont peut-être pas la période idéale pour cesser de fumer car le stress provoqué par la reprise du travail est un risque majeur de rechute.
Quel est votre niveau de dépendance ?
Toutes les solutions pour arrêter de fumer
Un fumeur motivé, faiblement ou moyennement dépendant, aura plutôt recours à l'automédication avec des substituts nicotiniques. Un fumeur faiblement motivé et très dépendant à la nicotine devra plutôt s'orienter vers un traitement pharmacologique de la dépendance. Pour le Pr Tassin "la moitié des fumeurs qui ont arrêté l'ont fait sans aucun traitement, ce qui signe le simple fait qu'ils allaient mieux au moment où ils ont arrêté".
Substituts nicotiniques, patchs
La cigarette électronique
Les gommes ce sont en quelque sorte des chewing-gums à la nicotine. Il faut les sucer pendant quelques minutes puis les mâcher lentement en faisant des pauses. Si on les mâche trop vite, cela fait saliver et cela peut provoquer des hoquets. Utilisées correctement, les gommes libèrent lentement une partie de la nicotine qu'elles contiennent. On les utilise dès que le besoin de fumer se fait sentir. C'est pour cela qu'il faut veiller à toujours avoir un nombre de gommes suffisant pour ne pas risquer d'être en manque. Généralement, on utilise 8 à 12 gommes par jour dans les premiers jours et ensuite, les doses diminuent graduellement. Les comprimés à sucer ou à faire fondre sous la langue, c'est le même principe. L'effet est ressenti quelques minutes après et l'envie de fumer s'estompe.
Zyban : le bupropion
Le bupropion LP (Zyban®) est un antidépresseur qui a une efficacité similaire aux substituts nicotiniques, mais nécessite une vigilance particulière. Il est notamment contre-indiqué en cas d'observation de facteurs de risque de convulsions. Son efficacité a été démontrée chez des fumeurs chroniques motivés à l'arrêt fumant plus de 15 cigarettes par jour, de plus de 18 ans et/ou atteints d'une BPCO débutante ou modérée. Le référentiel précise que ce médicament ne doit pas être associé à un substitut nicotinique et que la durée du traitement dépasse rarement 7 à 9 semaines. Il peut être délivré uniquement prescription médicale, mais n'est pas remboursé.
Champix : la varenicline
La Varénicline (Champix®) peut être proposée en deuxième intention, en cas d'échec des substituts nicotiniques. Il doit faire l'objet d'une prescription. La durée de traitement recommandée est de 12 semaines. Il peut être reconduit pour 3 mois chez les fumeurs fortement dépendants à risque de rechute. Ce traitement est pris en charge par l'Assurance maladie à hauteur de 65%.
L'acupuncture
L'acupuncture semble efficace pour le sevrage tabagique, mais seulement pour certains patients. Le risque majeur de cette méthode est de démotiver le fumeur qui y plaçait tous ses espoirs. L'acupuncture présente néanmoins l'avantage de pouvoir diminuer l'appétit et de favoriser un état de relaxation.
L'homéopathie
Dans le cas du sevrage tabagique, le traitement homéopathique consiste à prendre plusieurs fois par jour un mélange de remèdes comme Tabacum®, Caladium®, Nux vomica® ou encore Plantago®. Si certains patients ne jurent que par l'homéopathie, d'autres ne sont que très peu réceptifs à cette médecine douce. Il existe plusieurs centaines de médecins homéopathes en France, il ne faut pas hésiter à en consulter un pour se faire sa propre idée.
L'hypnose
Les thérapies comportementales cognitives (TCC)
Les thérapies cognitivo-comportementales peuvent contribuer au maintien de l'arrêt du tabac et à la prévention des rechutes grâce à l'apprentissage de nouveaux comportements. Le Pr Tassin reste sceptique sur cette méthode : "Je ne crois pas que les TCC soient les meilleures thérapies possibles pour l'arrêt du tabac dans la mesure où elles créent un conditionnement (ou dé-conditionnement) qui change peu de choses sur le fond. J'ai plutôt tendance à conseiller une thérapie de fond plus axée sur les ressentis émotionnels, y compris au moment où la cigarette devient une nécessité absolue."
Les consultations hospitalières en tabacologie
Elles s'adressent particulièrement aux gros fumeurs ou aux fumeurs qui auraient connu de nombreux échecs. On peut y prendre rendez-vous directement, sans passer par son médecin traitant. Elle se fait soit en groupe, soit individuellement et dure généralement de 40 minutes à 1 heure. Le médecin tabacologue dispose ainsi de temps pour comprendre les motivations du fumeur. En parallèle, il recueille des informations médicales (poids, taille, tension) et établit le degré de dépendance du fumeur. Le médecin propose à la fois des traitements médicamenteux et des conseils d'hygiène de vie (sommeil, comportement, alimentation...). Il n'y a pas de règles fixes établies, tout se décide avec le fumeur, selon son vécu, selon ses attentes, c'est vraiment du sur-mesure. Côté résultats, 50 % des fumeurs qui viennent en consultation s'arrêtent au bout de 3 mois. Mais il n'y a pas de règle. Tout dépend de la motivation initiale et du degré de dépendance.
Les bienfaits du sevrage
L'état de santé d'une personne ayant arrêté le tabac rejoint celle n'ayant jamais fumé au bout d'environ 15 ans. L'arrêt du tabac peut diminuer :
- les symptômes allergiques,
- l'intensité des crises d'asthme
- le nombre d'épisodes de bronchites chroniques.
- La peau reprend une couleur plus vive ainsi que son élasticité.
- L'haleine devient plus agréable et moins fétide.
20 minutes après la dernière cigarette, la fréquence cardiaque redeviennent normale. Au bout de 24 heures, les risques d'infarctus du myocarde commencent à diminuer. Le monoxyde de carbone est éliminé et n'est plus détectable dans le corps. Deux jours après, on ne retrouve plus de nicotine dans le sang. Deux semaines après, le goût des aliments revient et la peau reprend une couleur plus claire. 3 à 9 mois après, la respiration s'améliore.
Une année après, les risques de maladie cardiovasculaires sont réduits de moitié. 5 ans après, le risque d'accident vasculaire est réduit de moitié. Le risque de cancer de la bouche, de l'œsophage et de la vessie est également diminué de 50%. Enfin, le risque d'infarctus est égal à ceux qui ne fument pas. 10 ans après, le risque de cancer du poumon est réduit de moitié environ. Le risque d'accident vasculaire cérébral rejoint le niveau de risque des non-fumeurs. 15 ans après, le risque de maladies cardiovasculaire est égal à celui des non-fumeurs.
A quels effets secondaires s'attendre ?
Réussir à ne pas rallumer de cigarette
Arrêter de fumer sans grossir
Merci au Pr Jean-Pol Tassin, directeur de Recherche émérite à l'Inserm.