Médicaments anticoagulants : indication et risques

Médicaments anticoagulants : indication et risques

Prescrits à plus d'un Français sur cent, les traitements anticoagulants servent à rendre le sang plus fluide. Mais leur utilisation n'est pas simple et ils sont sous la surveillance des autorités puisqu'ils entraînent 17 000 hospitalisations par an. Le point sur leurs indications et précautions d'emploi.

Définition

La coagulation correspond à la transformation d'une substance liquide en substance plus ou moins solide. Au niveau sanguin, elle se déroule en plusieurs stades aboutissant à la formation d'un caillot sanguin, susceptible de perturber le bon fonctionnement du système cardio-vasculaire. Un anticoagulant permet de ralentir une coagulation excessive. Il s'agit d'un médicament utilisé sous contrôle médical étroit permettant de fluidifier le sang et d'empêcher la formation de ces caillots.

Anticoagulants naturels

Dans la nature, de nombreux aliments, plantes, épices ou substances naturelles ont une action fluidifiante naturelle.

  • C'est notamment le cas de l'ail, du poivre de Cayenne, de la cannelle, de la menthe et de la réglisse.
  • Les omégas 3 issus des poissons gras ont aussi cette action anticoagulante (huile de foie de morue, saumon, maquereaux, sardines…), de même que la vitamine E, contenue dans les graines oléagineuses (amande, graines de lin, tournesol, noisettes, pignons …).
  • Côté fruits et légumes, les baies, câpres, oignons rouges, extraits de pépins de raisin ainsi que tous les choux ont un effet fluidifiant naturel, tout comme le thé vert.

Anticoagulants oraux

Il existe deux grands types d'anticoagulants oraux : 

  • les anti vitamine K (AVK) utilisés de longue date tels que le Previscan© peu à peu retiré du marché français en raison de ses nombreux effets secondaires, la Coumadine©, le Sintrom©, le Minisintrom©, la Warfarine©. "Ce sont des anticoagulants que nous maîtrisons et surveillons par des prises de sang régulières afin de doser l'INR, permettant de jauger l'efficacité du traitement et l'absence de sur ou sous dosage de celui-ci" explique le docteure Anne-Laure Germain cardiologue à Paris. Les AVK agissent sur la vitamine K permettant le blocage de la coagulation. 
  • les nouveaux anticoagulants oraux (AOD =anticoagulants oraux directs ou NACO = nouveaux anticoagulants oraux) présents sur le marché depuis 10 ans : Eliquis©, Xarelto©, Pradaxa©. "Ils agissent à différents endroits dans la chaîne de la coagulation, en fonction de la molécule, sans surveillance par prise de sang nécessaire" explique la spécialiste.

Anticoagulants injectables

Il en existe 2 sortes :

  • les injectables par voie veineuse (par perfusion) : l'Héparine©.
  • les injectables en sous-cutané (petite piqûre dans le ventre ou la cuisse directement sous la peau comme l'insuline pour le diabète) : le Lovenox©, l'Innohep©, la Calciparine©, l'Arixtra©.

Quand prendre des anticoagulants ?

Les indications aux traitements anticoagulants sont assez nombreuses.

Ils peuvent être prescrits :

  • en prévention : "Ils permettent d'écarter un risque de phlébite (caillot dans une veine de jambe), ou d'embolie pulmonaire (caillot dans une artère pulmonaire) en post opératoire, en cas d'alitement prolongé, de voyage prolongé, en cas de grossesse à risque ou encore chez les patients porteurs de mutations génétiques de facteurs de la coagulation" explique la cardiologue Anne-Laure Germain.
  • en cas d'arythmie cardiaque : afin d'éviter la formation de caillot au niveau cardiaque qui partirait ensuite dans la circulation générale. Selon la spécialiste "ils permettent alors d'écarter les risques d'AVC, d'embolie vasculaire au niveau abdominal (provoquant des infarctus de rate, rénaux, hépatique, mésentérique...) ou au niveau des membres inférieurs (nécessitant une chirurgie en urgence car risque élevé d'amputation)".
  • en traitement d'une phlébite et/ou d'une embolie pulmonaire.
  • chez les patients porteurs d'une valve cardiaque dite " mécanique " 

Connaître les valeurs de son INR

"Chaque patient sous AVK doit savoir dans quelle fourchette doit être son INR car tout le monde n'a pas la même cible (la plupart du temps entre 2 et 3 mais dépend de l'indication), un INR inférieur ou supérieur à la fourchette peut être dangereux pour le patient, qui ne se sent pas "malade" pour autant" insiste la cardiologue Anne-Laure Germain.

En effet, les personnes prenant un médicament anticoagulant par AVK, ont un INR qui augmente. Or 40% des patients traités par des AVK ne connaissent pas correctement la fourchette acceptable d'INR et 25 % ne contrôlent pas ce taux, aux dates prescrites par le médecin et prennent le risque de voir survenir des caillots ou des hémorragies.

INR trop élevé : un risque d'hémorragie plus élevé

L'INR est un indice de la coagulabilité du sang, dosable par n'importe quel laboratoire d'analyse.

Son dosage sanguin est prescrit à des patients qui ont un traitement anticoagulant par anti-vitamine K. Le suivi de l'INR permet un contrôle des doses d'AVK à prescrire car deux risques doivent être évités : l'hémorragie liée à un surdosage, et la thrombose liée à un sous dosage. Un patient sous anticoagulant, doit être très bien éduqué afin de contrôler les variations de cet indice. L'INR est un des indicateurs de la coagulation sanguine qui permet d'affiner les résultats du taux de prothrombine. Si l'INR est anormal, le traitement sera réajusté. "Un INR trop élevé signifie que le sang est trop "fluide" donc que le risque d'hémorragie est plus important que celui souhaité" explique la cardiologue.

Risques d'hémorragies ou de phlébites

Un INR supérieur à la fourchette indique un risque hémorragique élevé. Comme l'explique la spécialiste "parfois les patients présentent des gingivorragies spontanées (petites hémorragies au niveau des gencies), une hématurie (un saignement retrouvé dans les urines qui sont alors rouges), ou des selles noires si le sang provient du tube digestif "haut" comme l'œsophage, l'estomac ou rouge s'il provient du tube digestif "bas" (colon, rectum)".

Aliments pouvant interférer avec la prise des anticoagulants

Théoriquement, certains aliments très riches en vitamine K pourraient perturber le bon fonctionnement des AVK, c'est le cas notamment des choux (vert, Bruxelles, choucroute), des brocolis, des épinards, du persil et du cresson. Il a longtemps été préconisé de limiter, voire de bannir, ces aliments en cas de traitement AVK. " En pratique, une alimentation équilibrée et diversifiée ne devrait pas entraver l'efficacité des AVK. On ne préconise donc pas la suppression de ces aliments, par ailleurs très bons pour la santé car riches en vitamines et en fibres. Seule une consommation importante et massive de ces aliments est déconseillée " explique Lise Lafaurie, diététicienne à Paris.

Merci au docteure Anne-Laure Germain cardiologue à Paris.