Angoisse : symptômes, causes, comment la calmer ?
Sueurs, palpitations, mains moites, ruminations… L'angoisse survient sans raison apparente et ses causes ne sont pas faciles à déterminer. Comment la reconnaître et apprendre à la gérer ? Quelles différences avec le stress et l'anxiété ? Les explications et conseils de Carine Grzesiak, psychologue.
Définition : qu'est-ce qu'une angoisse ?
L'angoisse se caractérise par une sensation diffuse de mal-être dont on ne connaît pas vraiment l'origine. Cette impression de danger latent est permanente, contrairement au stress qui survient dans des circonstances précises. L'angoisse peut être réelle ou imaginaire mais le sujet qui en souffre ne parvient pas à faire la différence. "L'angoisse ne doit pas être confondue avec le stress, ce n'est pas du tout la même chose. L'angoisse est beaucoup plus diffuse, beaucoup plus sournoise. Le stress survient quand on a une épreuve particulière qui peut le faire monter mais le sujet va réussir à savoir quel sont le périmètre et l'objet de son stress. Il faut imaginer que l'angoisse est une grosse nappe de brouillard : il y a plein de choses à l'intérieur, souvent des petits bouts de sujets mais c'est un sentiment beaucoup plus diffus, que l'on arrive pas à circonscrire", commente Carine Grzesiak.
Quels sont les symptômes d'une angoisse ?
À l'origine, l'angoisse est physiologique avant d'être psychologique. Elle se manifeste par des réactions au niveau du corps, avec notamment une accélération du rythme cardiaque, une augmentation de la température, des sueurs, des maux de ventre voire des attaques de panique. "Cela va envoyer au cerveau le message d'un danger imminent, qu'il soit réel ou complètement imaginaire. Résultat, le cerveau va produire du cortisol, hormone du stress, pour faire face au danger. Or, cette surproduction de cortisol va entraîner un déficit en hormones du bien-être (endorphine, dopamine, sérotonine, ocytocine, DHEA), ce qui aura pour conséquence de nous faire voir le monde avec des lunettes noires", explique la psychologue. Autrement dit, il y a d'abord ce dérèglement physique qui se met en place avant la déstabilisation émotionnelle.
Quelles sont les causes d'une angoisse ?
"Avant d'aller chercher les causes de l'angoisse, on réfléchit à comment en sortir. Ce sentiment est tellement inconfortable que la première chose à faire, c'est de récupérer du confort de vie, indique Carine Grzesiak. Une fois qu'on est moins sous l'emprise de l'angoisse, on va se poser la question de comment elle est constituée, pourquoi elle existe, qu'est-ce qui vient la nourrir. Par exemple, si vous avez une maman qui a fait hyper attention à vous, qui vous a énormément couvé et qui a toujours fait en sorte qu'il ne vous arrive rien, cela signifie complètement inconsciemment que vous ne seriez pas capable de faire face ou de survivre à ce type de danger. De façon logique, ça développe de l'angoisse." Dans le cerveau, il y a plusieurs aires qui ont des fonctions différentes. Certaines sont plus centrées sur les émotions. D'autres, comme le cortex préfrontal, centrées sur des fonctions rationnelles. "Quand un individu se trouve sous l'emprise d'une émotion, ça surchauffe au centre du cerveau et ça vient engluer les connexions entre les parties émotionnelles et les parties rationnelles. Autrement dit, fonctionnellement, ce n'est pas possible de rationaliser une peur ou une émotion", continue-t-elle.
Angoisse nocturne : le signe de quoi ?
La nuit est propice aux angoisses puisque c'est souvent le moment où l'on traite les évènements et émotions de la journée. Le meilleur moyen de la calmer et d'éviter les insomnies est de pratiquer la cohérence cardiaque. Elle consiste à respirer sur un rythme de 5 secondes à l'inspiration et 5 secondes à l'expiration, pendant cinq minutes.
Angoisse ou anxiété : quelles différences ?
L'angoisse et l'anxiété désignent le même ressenti et le même mécanisme. L'anxiété correspond simplement au terme plus pathologique. C'est entre le stress et anxiété qu'il existe une différence.
Comment calmer les angoisses ?
Les principaux médicaments utilisés dans les troubles anxieux sont : l'alprazolam (Xanax®), le bromazépam (Lexomil®), l'oxazépam (Seresta®) et le prazépam (Lysanxia®). De nombreuses alternatives naturelles existent, notamment avec des plantes telles que Griffonia, Passiflore, Valériane. En parallèle, un suivi psychologique est nécessaire pour travailler sur les causes de l'angoisse.
Notre experte recommande la pratique de la cohérence cardiaque. "L'objectif est d'apprendre à réguler la fréquence cardiaque, qui augmente de manière considérable lorsqu'on a un pic d'angoisse", précise la spécialiste. Cette technique devrait devenir un automatisme pour tous les grands anxieux. "Un patient qui est régulier dans ses exercices de cohérence cardiaque va ressentir les bénéfices sous huit jours", argue Carine Grzesiak. Il existe des applications gratuites, très bien faites (Respirelax, Respirotec) qui permettent de se familiariser avec la cohérence cardiaque.
→ La méditation est plus axée sur le travail des pensées ruminantes qui viennent nourrir l'anxiété. "Physiologiquement, les bénéfices de la méditation sont réels mais c'est plus lent que la cohérence cardiaque", nuance la psychologue.
→ Souvent, nos schémas de pensée sont plus courts dans l'angoisse. C'est ce que l'on appelle une boucle de ruminations qui va se figer sur quelques idées, en moyenne trois. Les angoisses se fixent et stoppent le schéma de réflexion. Après avoir calmé le cortisol avec la cohérence cardiaque, place à la technique de la flèche descendante, ou du "et alors ?", pour casser la boucle de rumination en donnant à celle-ci tout l'espace de s'ouvrir.
► L'angoisse se caractérise par une sensation diffuse de mal-être.
► L'angoisse se manifeste par une accélération du rythme cardiaque, une augmentation de la température, des sueurs, des maux de ventre.
► L'angoisse est physiologique avant d'être psychologique. Il y a d'abord un dérèglement physique.
► Parmi les principaux médicaments utilisés contre l'anxiété : Xanax®, Lexomil®.
► La cohérence cardiaque peut aider à réguler la fréquence cardiaque qui augmente lorsqu'on a un pic d'angoisse.
Merci à Carine Grzesiak, psychologue.