Les pires aliments qui fatiguent le foie

Le foie est un organe qui assure plus de 300 fonctions biologiques : il métabolise les toxiques (graisses, alcool, médicaments...), il recueille et filtre le sang, il fabrique la plupart des protéines, il produit la bile pour aider l'intestin grêle à digérer... Alors si notre foie est fatigué, c'est tout notre corps qui est affaibli. Voici les aliments dont il ne faut pas abuser pour ne pas le surcharger.

Le pain peut affaiblir le foie

"Le pain blanc est particulièrement à limiter car son index glycémique a tendance, à la longue, à fatiguer le foie", explique le Pr Patrick Marcellin, hépatologue. L'index glycémique est un indice de 0 à 100 qui représente la rapidité avec laquelle les glucides consommés vont être digérés et arriver dans le sang. Le pain a un index glycémique de 70, donc un indice élevé. Et une hausse rapide du taux de glucose, suivie d'une chute brutale, peut affaiblir le foie. Pour éviter les variations de glycémie trop importantes, mieux vaut privilégier les pains à IG bas comme le pain au levain (IG 35) ou le pain de seigle (IG 40). 

La pomme de terre augmente le taux de gamma GT

De la même façon, la pomme de terre peut fatiguer le foie. L'index glycémique de la pomme de terre varie en fonction du mode de cuisson : il est de 70 lorsqu'elle est cuite à la vapeur, mais grimpe à 95 lorsqu'elle est cuite au four. Une étude parue en 2015 dans le journal Diabesity in Practice a d'ailleurs montré qu'une alimentation pauvre en féculents comme la pomme de terre et riche en "bonnes graisses" comme l'huile d'olive pouvait réduire de 47% le taux de gamma GT, la protéine qui permet de mesurer l'état de santé du foie. "Un taux élevé de gamma GT suggère que le foie est engorgé, voire malade", indique notre interlocuteur.  

Les fritures surchargent les cellules hépatiques

"Les aliments frits doivent être consommées très exceptionnellement", indique d'emblée le Pr Marcellin. Les graisses, particulièrement les huiles riches en acides gras saturés et les huiles partiellement hydrogénées comme les huiles de fritures, ont tendance à se loger dans les cellules du foie et à les surcharger. Pour éviter d'engorger trop le foie, préférez les huiles à haute stabilité telles que les huiles de colza et de tournesol, ou l'huile d'olive qui résiste bien à l'oxydation en cas de forte température. 

Les sodas favorisent le risque de NASH

"Notre mode de vie alimentaire actuel (consommation de malbouffe, de fast-food, de produits industriels, de déjeuners sur-le-pouce… ainsi qu'une position assise et une sédentarité au travail) fait qu'on absorbe plus, voire trop, de sucres qui peuvent s'accumuler dans le foie", argue l'expert. Et comme "plus on avale de sucres, plus on a envie d'en consommer", les stéatoses (NASH) sont de plus en plus fréquentes. Les sodas light ou "zéro" ne sont pas meilleurs, au contraire : ils contiennent des faux sucres et des édulcorants, n'alertent pas les centres de satiété du cerveau comme le ferait le "vrai sucre", stimulent l'appétit et nous incitent à consommer encore plus de sucre. De plus, nombre d'aliments que nous consommons quotidiennement, ne semblent a priori pas sucrés, mais en contiennent énormément. Il s'agit des produits industriels, des jus de fruits, des sauces, des pains de mie, des produits diététiques ou encore des poêlées de légumes préparées....

L'alcool peut détruire jusqu'à 90% des cellules hépatiques

"L'alcool dépose de nombreuses toxines dans votre foie et peut l'alourdir", tient à rappeler l'hépatologue. "Ce phénomène est de plus en plus observé avec la tendance du binge-drinking (boire une grande quantité d'alcool en un laps de temps très court). Cela entraîne une réaction inflammatoire du foie et peut causer une hépatite alcoolique. Le profil-type d'une hépatite aiguë alcoolique est généralement une personne qui a fait la fête le samedi soir et qui se réveille le dimanche avec un foie gonflé : son foie n'a pas supporté l'arrivée massive d'alcool et parfois, jusqu'à 80 à 90% des cellules hépatiques sont détruites", illustre l'hépatologue. "Par ailleurs, en cas de cirrhose, la consommation d'alcool, même à faible doses, est totalement interdite", conclut le professionnel.

Merci au Pr Patrick Marcellin, hépatologue à l'hôpital Beaujon et président de l'APHC (Association pour l'amélioration de la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques du foie)