Cronobacter : contamination, dangers, c'est quoi ?

Si les infections à Cronobacter sont rares, elles peuvent se révéler dangereuses. Explications avec Pauline Kooh, cheffe de projets scientifiques au sein de l'unité d'évaluation des risques liés aux aliments à l'Anses.

Cronobacter : contamination, dangers, c'est quoi ?
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C'est quoi Cronobacter ?

Les Cronobacter sont des bactéries présentes dans l'environnement. Elles sont considérées comme des pathogènes opportunistes pouvant être responsables d'infections, essentiellement chez les nouveau-nés (nourrissons de moins de deux mois prématurés ou dotés d'un faible poids à la naissance) et chez les personnes âgées ou immunodéprimées. Ces bactéries ont la capacité de bien survivre dans des environnements secs pendant de longues périodes. On les retrouve dans les poudres alimentaires comme les préparations infantiles, le lait en poudre et les environnements des usines de production des poudres. "Les infections par la bactérie Cronobacter sont relativement rares. Entre 2012 et 2017, 6 cas ont été recensés en France. Bien qu'il  n'existe pas de système de surveillance, les cas sont recensés indirectement par Santé publique France, via le système de surveillance des infections nosocomiales. La dernière épidémie survenue en France date de 2004 et concernait des nouveau-nés dans cinq hôpitaux (9 cas, dont 2 décès)", développe Pauline Kooh, cheffe de projets scientifiques au sein de l'unité d'évaluation des risques liés aux aliments à l'Anses.

Comment peut-on être contaminé ? 

La contamination se fait exclusivement par voie alimentaire. Les aliments à risque comprennent les poudres alimentaires destinées aux nourrissons et aux personnes âgées, dont les préparations à des fins médicales spéciales. Les poudres infantiles ne sont pas stériles, on peut y retrouver des bactéries pathogènes comme Cronobacter ou les salmonelles. "Lors de la reconstitution de la poudre, ces bactéries peuvent se multiplier si les conditions sont favorables, par exemple si le biberon est laissé plus de 2h à température ambiante. Les tubes d'alimentation nasogastriques des bébés prématurés représentent également des facteurs de transmission nosocomiale", indique la cheffe de projets scientifiques à l'Anses. 

Quels sont les dangers des Cronobacters ?  

Les Cronobacter sont des pathogènes opportunistes qui peuvent provoquer différents types d'infections. Chez les nouveau-nés, ils sont essentiellement responsables de méningites, de septicémies et d'entérocolites nécrosantes (nécrose de l'intestin). "Les premiers signes d'infection à Cronobacter peuvent inclure de la fièvre ou des difficultés à s'alimenter. Chez les personnes âgées ou immunodéprimées, les Cronobacter peuvent entraîner différents types d'infections tels que des abcès, des bactériémies, des pneumonies ou encore des infections urinaires", précise la spécialiste.

Comment diagnostique-t-on une contamination ? 

"Le diagnostic est confirmé par l'identification de la bactérie dans le sang, le liquide céphalorachidien ou les selles des patients", indique Pauline Kooh.  

Comment soigne-t-on une contamination à Cronobacter ?

Le traitement repose généralement sur l'administration d'antibiotiques.

Prévention : comment éviter la contamination à Cronobacter ?

► Cronobacter est un agent pathogène assez commun dans l'environnement des usines de production de poudres infantiles. "Dans cette filière de production, Cronobacter et salmonelles sont considérées comme des dangers significatifs, dont la maîtrise est essentielle pour assurer la sécurité des produits. Les fabricants de poudres alimentaires peuvent éviter la contamination du produit par l'application rigoureuse de mesures générales d'hygiène (analyse des ingrédients, prévention de la contamination environnementale, nettoyage et désinfection, etc.)", observe la scientifique. 

► Chez le consommateur, ce sont les mauvaises conditions de reconstitution et de conservation du lait infantile qui favorisent la multiplication de la bactérie. "D'où la nécessité d'appliquer scrupuleusement des mesures d'hygiène (se laver les mains avant de préparer le biberon, utiliser de l'eau destinée à la consommation humaine, observer les mesures de conservation du lait : un biberon préparé doit être consommé dans l'heure ou conservé au réfrigérateur à 4°C pendant 48h au maximum ;  nettoyer rapidement le biberon après utilisation). Pour les nouveau-nés prématurés ou hypotrophes, il est recommandé d'utiliser des préparations liquides stériles", préconise Pauline Kooh. 

Merci à Pauline Kooh, cheffe de projets scientifiques au sein de l'unité d'évaluation des risques liés aux aliments à l'Anses.