Ce qui se passe dans le corps quand on fait un jeûne
Pour nettoyer son corps, maigrir ou pour des raisons religieuses, on peut décider de jeûner. La naturopathe Manon Borderie nous explique les effets du jeûne dans le corps.
Le jeûne prive l'organisme de nourriture et/ou d'eau pendant une durée donnée. Il existe plusieurs types de jeûnes, dont deux principaux. "Nous avons le jeûne hydrique, dans lequel nous continuons à boire en nous abstenant de nous nourrir et le jeûne sec, qui nous prive d'eau et de nourriture, explique Manon Borderie, naturopathe. Le jeûne répond à une loi, celle de l'homéostasie. L'organisme est un système qui, en l'absence de polluants, comme les perturbateurs endocriniens, les pesticides ou encore les graisses trans, revient à un état d'équilibre. Cet équilibre est atteint via un processus de réparation et de régénération naturelle du corps", détaille la spécialiste. Lors du jeûne hydrique, les puristes recommandent de boire uniquement de l'eau. "En France, la forme de jeûne la plus couramment pratiquée est le jeûne de type Buchinger. Les jus de légumes verts sont autorisés, car ils n'augmentent pas la glycémie. Le soir, un bouillon de légumes, sans les légumes, est également autorisé". Le jeûne a plusieurs effets sur le corps :
► Une augmentation de la production de l'hormone de croissance : Jeûner induit une augmentation de la sécrétion d'une hormone en particulier, l'hormone de croissance. "Cette hormone, la growth hormone (GH) a pour fonction de développer d'autres cellules du corps, mais aussi de lutter contre le vieillissement cellulaire. Plus le jeûne est long, plus le taux hormonal augmente : 3 jours de jeûne sont associés à des augmentations hormonales de 300 % et allant jusqu'à 1 250 % après une semaine de jeûne. L'augmentation du taux de la GH permet alors la régénération et la réparation cellulaire", explique la naturopathe.
► Un nettoyage cellulaire : L'autophagie est un processus qui se déclenche durant un jeûne. L'organisme accumule des déchets provenant de différentes sources (alimentaires, métaux lourds, polluants, micro-plastiques, etc.), qui se transforment en déchets cellulaires. Pendant le jeûne, une membrane se forme autour de ces déchets cellulaires, qui vont ensuite être digérés, puis recyclés. "En fait, les tissus malades sont décomposés et recyclés par des composants cellulaires. Ces derniers les transforment en cellules plus jeunes et en tissus plus sains", explique Madame Borderie.
► Un gain d'énergie : Un jeûne suffisamment long permet de nettoyer le corps de certains polluants. "C'est ce que nous appelons le nettoyage des humeurs du corps. Tous les liquides corporels (humeurs), le liquide interstitiel, le sang, la lymphe… sont désencrassés. Au quotidien, nos liquides s'encrassent à cause de notre mode de vie, le stress, la pollution et les pesticides". Ainsi, le jeûne permet un nettoyage du corps, offrant de meilleurs échanges cellulaires. Ainsi, notre énergie post jeûne circule mieux, pour un gain de forme et de vitalité.
► Perte de poids : La perte de poids ne doit pas être l'objectif du jeûne. Pour perdre du poids sainement et durablement, il est conseillé d'adopter une alimentation équilibrée et variée, associée à une activité physique régulière. En revanche, "pendant le jeûne, il est normal de perdre du poids", indique la naturopathe, "mais le poids remonte naturellement pendant la phase de réintroduction alimentaire". Jeûner peut aider à contrôler son poids, mais n'est pas conseillé dans le cadre d'un régime amincissant.
► "Éveil de l'âme" : En privant son estomac d'aliments, nous nous centrons sur d'autres types de nourriture, comme la nourriture spirituelle. "Les jeûneurs avancent souvent qu'ils retrouvent une paix mentale. Nous pouvons faire un jeûne total avec un repos digestif et musculaire, lors duquel nous lisons, nous nous reposons, nous méditons ou un jeûne avec randonnée pour mettre son corps en mouvement. Dans tous les cas, ces formes de retraites et de repli sur soi invitent à l'apaisement mental et à la paix intérieure".
► Meilleure transmission neuronale : Manon Borderie nous apprend que le jeûne induit une augmentation du facteur neurotrophique du cerveau (BDNF), une protéine codée par un gène agissant sur les neurones. "Jeûner augmente la croissance et la différenciation de nouveaux neurones et des synapses dans le cerveau. Le jeûne a donc des effets sur le cerveau, en améliorant sa neuroplasticité et la mémoire. Jeûner double, voire triple la quantité de BDNF, ayant un impact positif au niveau cérébral".
La durée idéale du jeûne est de 3 jours minimum
La durée du jeûne dépend de chaque personne mais "il faut minimum 3 jours pour commencer le processus de formation de corps cétoniques. Ces molécules produites par le foie commencent à nourrir le cerveau à la place du glucose alimentaire. La durée idéale du jeûne est donc de trois jours minimum." Tout le monde peut jeûner mais le jeûne est contre-indiqué chez l'enfant, la femme enceinte et la personne âgée. "Il est toujours préférable de faire appel à un professionnel afin d'encadrer le jeûne pour qu'il soit mieux vécu. Comprendre les fonctionnements de l'organisme permet d'atteindre ses objectifs. Une consultation avec un professionnel permet une meilleure reprise alimentaire, pour une sortie de jeûne en douceur afin de ne pas brusquer le corps, recommande notre spécialiste. Le jeûne n'est pas recommandé chez une personne souffrant ou ayant souffert d'un trouble du comportement alimentaire (hyperphagie, boulimie, anorexie)."
Merci à Manon Borderie, naturopathe à Lyon.