Peut-on alterner ibuprofène et paracétamol ?

Peut-on alterner ibuprofène et paracétamol ?

L'ibuprofène et le paracétamol sont indiqués dans la prise en charge des douleurs et de la fièvre. Peut-on les prendre en même temps ? En alternance ? À quelle dose ? Quels sont les risques et les contre-indications ?

Ibuprofène et paracétamol sont deux médicaments que l'on peut prendre contre le mal de tête notamment. Attention à ne pas les prendre ensemble sans surveiller doses. Conseils.

Quelle différence entre ibuprofène et paracétamol ?

L'ibuprofène est un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS), il présente des propriétés anti-inflammatoires, antalgiques, antipyrétiques (contre la fièvre) et antiagrégantes plaquettaires de courte durée (fluidifie le sang). Le paracétamol est un médicament antalgique qui possède uniquement des propriétés antalgiques (antidouleur) et antipyrétiques.

Peut-on prendre les deux médicaments ?

Oui, il est tout à fait possible de prendre du paracétamol et de l'ibuprofène de manière concomitante puisque ces molécules n'ont pas le même mécanisme d'action. Selon certaines études scientifiques, l'efficacité du paracétamol est majorée lorsque qu'il est combiné à un anti-inflammatoire par rapport à la prise de paracétamol seul. Toutefois, cette association doit rester ponctuelle en raison d'une possible accumulation d'effets secondaires affectant les reins et le foie. 

Est-ce dangereux d'alterner ibuprofène et paracétamol ?

Non, à condition de respecter les doses journalières maximales et les délais recommandés entre deux prises de paracétamol (4 à 6 heures minimum selon le dosage par rapport au poids) ou deux prises d'ibuprofène (6 heures minimum). Cette alternance est recommandée en cas de douleur ou de fièvre persistante.

Quel délai entre les deux ?

L'avantage d'alterner l'ibuprofène et le paracétamol est de couvrir une période plus longue qu'avec des prises concomitantes. En effet, si les administrations sont trop rapprochées, il faudra attendre plusieurs heures après la dernière prise autorisée pour pouvoir reprendre un antalgique. L'alternance commence avec la prise du paracétamol. En respectant les posologies maximales journalières, un délai de 3 heures entre chaque prise de paracétamol et d'ibuprofène sera envisagé pour couvrir une période 18 heures et un délai de 4 heures pour couvrir une période de 24 heures. 

Quelle dose maximale ?

En automédication, le paracétamol peut être pris à raison d'1 g 3 fois par jour, soit 3 g au total sur 24 heures. La posologie peut être augmentée à 4 g par jour sur prescription médicale. En automédication, la posologie de l'ibuprofène est de 400 mg 3 fois par jour, soit 1200 mg par jour. Sur ordonnance médicale, la dose usuelle d'ibuprofène est identique excepté pour les affections rhumatologiques (polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante). Dans ce cas, le médicament Antarène® 400 mg peut être prescrit comme traitement attaque à 800 mg par prise 3 fois par jour, soit 2400 mg sur 24 heures. Une vigilance est requise lorsque des associations médicamenteuses à base de paracétamol (ex : Fervex®, Actifed®) ou d'ibuprofène (ex : Antarène codéine®) sont administrées dans la même journée puisqu'ils doivent être pris en compte dans le calcul de la dose journalière. 

Quels sont les dangers de l'alternance ibuprofène et paracétamol ?

Le risque d'alterner l'ibuprofène et le paracétamol est de s'exposer à un surdosage en cas de non-respect des doses journalières maximales et des délais entre deux prises d'ibuprofène ou deux prises de paracétamol. Pour prévenir ce risque, il est conseillé de noter les heures d'administration des deux médicaments. Un surdosage en paracétamol ou en ibuprofène peut causer de graves lésions du foie et des reins parfois irréversibles, des saignements gastro-intestinaux et une acidose (diminution pathologique du pH sanguin). Dans les cas les plus sévères, le paracétamol pris seul peut entraîner une altération de la fonction cérébrale (encéphalopathie) et un coma conduisant parfois au décès. En ce qui concerne l'ibuprofène, une dose trop importante peut provoquer des vertiges, des difficultés à respirer et des convulsions.

Contre-indications : qui ne peut pas alterner ibuprofène et paracétamol ?

Les personnes qui ne peuvent pas alterner ces médicaments sont celles qui présentent une contre-indication à l'ibuprofène ou au paracétamol. Leurs contre-indications communes sont l'allergie à l'un des composants et une affection grave du foie. Plus spécifiquement, la prise de paracétamol doit être évitée chez les personnes alcoolodépendantes au risque d'induire une altération de la fonction du foie. Concernant l'ibuprofène, l'administration est à exclure dans les cas suivants : 

  • au cours des 2e et 3e trimestres de grossesse
  • insuffisance cardiaque ou rénale sévère
  • antécédents d'asthme, d'hémorragie ou de perforation digestive déjà induite par un anti-inflammatoire
  • hémorragie évolutive
  • ulcère, antécédents d'ulcère ou d'hémorragie digestive
  • lupus (maladie chronique auto-immune)

De plus, en cas de suspicion d'une infection bactérienne, l'ibuprofène ne doit pas être administré au risque d'entraîner des complications cutanées graves. Le recours à l'ibuprofène requiert une vigilance accrue au 1er trimestre de grossesse, chez les femmes allaitantes, les insuffisants rénaux ou hépatiques et les personnes âgées (sujettes aux hémorragies digestives). Ces personnes doivent obligatoirement consulter un médecin qui décidera de la nécessité ou non d'instaurer une alternance ibuprofène/paracétamol après une évaluation de la balance bénéfices/risques. Par ailleurs, dans la prise en charge d'une douleur persistante chez l'enfant, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande de prendre de l'ibuprofène et du paracétamol de manière concomitante et non en alternance.

Sources : 
- Base de données publique des médicaments
- ANSM
- Observatoire français des médicaments antalgiques (OFMA)
- Prise unique d'ibuprofène associé à du paracétamol par voie orale pour le traitement de la douleur postopératoire aiguë. - Juin 2013 - Revue Cochrane, Derry CJ, Derry S, Moore RA.
- Prise en charge médicamenteuse de la douleur chez l'enfant : alternatives à la codéine, HAS, janvier 2016. 

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