Médicaments qui font gonfler le visage : lesquels ?

Certains médicaments comme la cortisone ou la prednisone peuvent faire gonfler le visage. Pourquoi ? Quels sont les symptômes à surveiller ? Qui consulter et que faire quand ça arrive ?

Médicaments qui font gonfler le visage : lesquels ?
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Quels sont les médicaments qui font gonfler le visage ?

Les gonflements du visage peuvent être liés à différents mécanisme. D'une part, ils peuvent être la conséquence d'une réaction allergique appelée œdème de Quincke (ou angiœdème), qui est un gonflement rapide de la peau (derme profond) et des tissus sous-cutanés, localisés au niveau de la tête et du cou. Ce type d'allergie peut survenir après l'ingestion de tout aliment ou de tout médicament, mais aussi en cas de contact avec des allergènes tels que des venins, des poils ou des plumes d'animaux ou encore des pollens. Dans certains cas, l'œdème de Quincke peut être une réaction chronique d'origine souvent inconnue ou héréditaire.  D'autre part, d'autres causes peuvent être à l'origine des gonflements du visage telles qu'une prise de poids avec la modification de la répartition de la masse graisseuse, des œdèmes ou encore de la rétention d'eau. Certains médicaments ont ainsi pour effet indésirable de faire gonfler le visage, que ce soit par angiœdème ou par un autre mécanisme. Les médicaments qui font gonfler le visage sont essentiellement les inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (IEC) tels que :

  • le bénazépril,
  • le captopril,
  • l'énalapril,
  • le fosinopril,
  • le lisinopril,
  • le périndopril,
  • le quinapril,
  • le ramipril,
  • le trandolapril,
  • le zofénopril,

Et encore plus s'ils sont associés à ;

  • la vildagliptine (inhibiteur de DPP-4),
  • des inhibiteurs de la protéine mTor (temsirolimus, évérolimus, sirolimus)
  • des inhibiteurs de la néprilysine comme le racécadotril.

Les corticoïdes par voie orale ou injectable et administrés de manière répétée peuvent aussi être responsables d'un gonflement du visage. C'est le cas de l'ensemble des corticoïdes, comme par exemple pour les plus répandus la cortisone, l'hydrocortisone, la prednisone et la prednisolone.

Pourquoi certains médicaments font gonfler le visage ?

Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion (IEC) font gonfler le visage suite à une réaction rare mais grave de type œdème de Quincke. Ils constituent une grande part des causes d'angiœdèmes recensés aux urgences des hôpitaux (environ 1/3 des cas). La posologie et le dosage des IEC n'influent pas sur la survenue des œdèmes de Quincke. Les symptômes apparaissent généralement dans les premiers mois du traitement, mais peuvent aussi apparaître plus tard. Les IEC ont pour conséquence de diminuer la dégradation de la bradykinine et ainsi de favoriser son accumulation. Or, la bradykinine est impliquée dans la survenue des œdèmes. De la même manière, l'enzyme de conversion de l'angiotensine a, parmi ses missions, celle de dégrader la substance P, peptide puissamment pro-inflammatoire impliqué entre autres dans la formation d'œdèmes. L'inhibition de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (par action des IEC) provoque alors une accumulation de la substance P. Ces œdèmes du visage sont majorés lorsque la prise d'un IEC est associée à la prise d'un médicament du diabète (inhibiteur de DPP-4), la vildagliptine. En effet, ce médicament entraîne également une augmentation de la bradykinine et de la substance P. Les études montrent qu'en dehors d'une association aux IEC, la vildagliptine n'augmente pas à elle-seule le risque d'angiœdème. D'autres médicaments associés aux IEC, tels que le temsirolimus, l'évérolimus, le sirolimus ou le racécadotril peuvent majorer les angiœdèmes. Enfin, les corticoïdes, de par leur mécanisme d'action, ont pour conséquence de modifier la répartition des cellules graisseuses dans l'organisme ou d'entraîner de la rétention d'eau et de sel. Ces effets peuvent entraîner un changement de l'aspect du visage (arrondissement), notamment au niveau des joues et du cou. Ils se produisent surtout lors d'une prise prolongée du corticoïde. Au-delà de 3 mois de traitement, la majorité des patients sont concernés par cet effet indésirable.

Quels sont les symptômes à surveiller ?  

Tout médicament est susceptible d'entraîner une réaction d'hypersensibilité (allergie) avec risque de survenue d'un œdème de Quincke (ou angiœdème). Ainsi, il faut être vigilant si une réaction allergique suite à la prise d'un médicament survient, et ce même si les symptômes sont transitoires et sans gravité (gonflement d'une partie du corps, urticaire, éruptions cutanées, troubles digestifs, malaises, etc.). En effet, un œdème de Quincke pourrait se produire lors d'une nouvelle exposition à ce médicament. Il faut donc surveiller et noter tout symptôme évoquant une allergie, même bénins, et en parler à son médecin qui posera le diagnostic de l'allergie. Aussi lors de la prise d'un IEC susceptible d'entraîner un gonflement du visage par angiœdème, il convient d'être attentif aux symptômes annonciateurs d'un œdème de Quincke tels qu'un gonflement du visage, une gêne respiratoire, une modification de la voix, des troubles digestifs, des vertiges, des malaises, un affaiblissement ou une fatigue. Enfin, en cas de prise d'un corticoïde, il faut surveiller toute prise de poids inhabituelle ou modification de la morphologie (arrondissement du visage, bosse au niveau de la nuque, augmentation du tour de taille) ou tout symptôme pouvant évoquer une rétention d'eau tels que des gonflements, la peau tendue, luisante et qui marque à la pression du doigt. Il est également important d'être attentif aux modifications des habitudes alimentaires lors de la prise de corticoïdes, telles qu'une augmentation de l'appétit, une envie plus prononcée de sucre ou de sel, qui peuvent être le point de départ d'une prise de poids et ainsi d'un gonflement du visage.

Quand et qui consulter ?

La survenue d'un gonflement rapide et spontané du visage, ou tout symptôme évoquant un œdème de Quincke, doit absolument amener à consulter immédiatement un médecin ou à se rendre le plus rapidement possible aux urgences. En effet, cet évènement indésirable peut être grave voir dans certains cas, fatal. Lorsque le gonflement du visage est la conséquence d'une prise de poids ou d'une rétention d'eau comme dans le cas d'un traitement prolongé par un corticoïde, il n'y a pas de caractère d'urgence vitale. Toutefois, il convient d'en informer le médecin qui décidera de la conduite à tenir en fonction du contexte médical (antécédents, pathologies, existence ou non d'alternatives médicamenteuses, etc.).

Quelles précautions d'emploi avec ces médicaments ?

Dans certains cas, il peut être interdit de consommer certains médicaments, comme dans le cas d'antécédent d'allergie survenue lors de la précédente prise, en raison du risque accru d'œdème de Quincke. La prise d'un IEC est également contre-indiquée en cas d'antécédent d'angiœdème, toutes causes confondues. Une alternative à l'IEC devra être trouvée. La prise de corticoïdes par voie orale ou injectable peut être contre-indiquée selon le contexte médical (exemple : si un gonflement du visage par rétention d'eau ou prise de poids importante est connue avec ce traitement et n'est pas compatible avec l'état de santé, et si des alternatives existent). A l'inverse, elle peut être instaurée ou prolongée si le gonflement du visage n'a pas de conséquence grave pour le patient, et dans le cas où aucune alternative n'est envisageable. Lors de la prise de corticoïdes par voie orale ou injectable, il est fortement recommandé de limiter l'apport de sucre et de sel ainsi que de ne pas augmenter ses rations alimentaires, au risque d'entrainer une prise de poids, une rétention hydrosodée et en conséquence un possible gonflement du visage.

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