Papillomavirus : comment on l'attrape ?

Le papillomavirus est extrêmement contagieux.

Papillomavirus : comment on l'attrape ?
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Le papillomavirus humain (HPV) est un virus extrêmement répandu et considéré comme un hôte naturel de l'espèce humaine. Toute personne ayant eu des rapports sexuels a probablement été exposée au virus, selon les médecins. "Cette exposition est particulièrement fréquente : entre 18 et 25 ans, environ 85 % des femmes sexuellement actives sont porteuses du papillomavirus à un moment donné. Être porteur du virus n'est pas rare ni forcément inquiétant", nous explique la gynécologue Odile Bagot. La majorité des infections guérissent spontanément grâce au système immunitaire : en moyenne en 18 mois chez la femme, et en 8 mois chez l'homme.

En revanche, le HPV peut devenir problématique si l'infection persiste dans le temps, parce que les défenses immunitaires sont faibles. Le virus peut induire des anomalies des cellules du col de l'utérus, appelées "dysplasies". Ces dysplasies peuvent être légères (CIN1), moyennes (CIN2) ou sévères (lésion intraépithéliale de haut grade – CIN3). Dans le premier cas, les modifications sont mineures, souvent réversibles spontanément, surtout chez les jeunes femmes en bonne santé. Dans le second, les modifications sont plus importantes, il y a davantage de cellules anormales, il y a un risque plus élevé de progression si elles ne sont pas surveillées. Dans le dernier, il est quasiment toujours nécessaire de traiter car la lésion peut évoluer vers un cancer du col de l'utérus.

Le HPV se transmet par contact sexuel. "Contact" ne désigne pas uniquement la pénétration. Le contact direct peau à peau et muqueuse à muqueuse au niveau de la zone génitale, anale ou buccale peut transmettre le virus. Aussi les rapports vaginaux, anaux (sodomie) et oraux (fellation, cunnilingus) sont des vecteurs de transmission de même que des caresses intimes ou des frottements génitaux sans pénétration, si les muqueuses sont en contact. Le préservatif réduit le risque mais ne protège pas complètement, car il ne couvre pas toutes les zones de peau susceptibles d'être infectées (pubis, anus, base du pénis, vulve, scrotum).

Le dépistage régulier permet de détecter le HPV et de traiter les anomalies avant qu'elles ne deviennent graves. De 25 à 30 ans, la femme réalise un frottis : deux tests à un an d'intervalle, puis un tous les 3 ans si tout est normal. De 30 à 65 ans, un test HPV-HR est effectué tous les 5 ans, pour rechercher directement le virus à haut risque. "90% des infections HPV positives n'entraînent aucune anomalie cellulaire. Seules 10% des infections présentent des modifications visibles au frottis", souligne la gynécologue. La suite dépend des résultats : si le HPV est positif avec cellules normales, un nouveau test est fait un an après ; si le virus est toujours présent ou si une anomalie cytologique est détectée, une colposcopie est réalisée. Elle consiste à appliquer des réactifs sur le col de l'utérus et à l'examiner avec une loupe grossissante pour analyser la lésion. "En cas de dysplasie légère, un contrôle sera réalisé un an après. En présence de lésion plus suspecte de gravité, une biopsie puis éventuellement une conisation (retrait ciblé de la zone atteinte) seront pratiquées." La prévention par la vaccination (pour les filles et les garçons) permet d'éviter le plus souvent les conséquences d'une infection à HPV persistante "mais ne dispense pas du dépistage régulier".

Merci à Odile Bagot, gynécologue, auteure de "Mon guide de survie gynéco" (Ed. Marabout).

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