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Cristaux dans l'oreille : symptômes, à cause de quoi ?

Les cristaux jouent un rôle essentiel dans notre oreille interne pour avoir un bon équilibre. Ils peuvent ainsi être à l'origine de vertiges.

Les cristaux, médicalement appelés otolithes ou otoconies, sont des petites particules minérales composées en majorité de carbonate de calcium. Ces cristaux sont naturellement présents dans l'oreille interne, au niveau du vestibule. "L'oreille est constituée de la cochlée, pour l'audition, et du vestibule pour l'équilibre" rappelle le Dr Vincent Burcia, ORL. Grâce à ces cristaux, l'oreille interne envoie des informations au cerveau sur l'emplacement de la tête dans l'espace et ses changements de positions afin de maintenir l'équilibre. Au sein de l'oreille interne, les organes otolithiques sont composés de cils englués dans une membrane gélatineuse. Les cristaux sont situés au sein de ce gel. "Lorsque l'on déplace la tête, on crée un phénomène de force centrifuge alors que les cristaux sont sensibles à l'inertie. Le cerveau interprète alors "j'ai tourné la tête à 30 degrés vers la gauche à telle vitesse" ", explique le Dr Burcia.

Dans les situations pathologiques, les cristaux peuvent s'être déplacés et avoir migré à l'intérieur des canaux semi-circulaires de l'oreille interne, ou bien s'être agglutinés les uns aux autres. Cela peut donner une sensation de déplacement très intense au niveau d'une oreille, discordante avec l'information de l'oreille qui va bien. 

"Le patient peut être terrassé par le vertige"

C'est cette asymétrie de stimulation qui cause les vertiges ressentis par les patients. "Lorsqu'on parle de vertiges liés aux cristaux, on appelle cela "stéréotypé". Tous les vertiges sont similaires : intense, d'emblée maximal, bref – quelques secondes jusqu'à une minute maximum – avec un syndrome végétatif, des nausées et vomissements… Le patient peut être terrassé par le vertige, avoir le sentiment qu'il ne peut pas bouger et cela peut aller jusqu'à la chute." Il est important de préciser que ces vertiges, bien qu'inconfortables et parfois impressionnants, sont bénins

Dans les deux tiers des cas, la cause n'est pas retrouvée

Dans les deux tiers des cas, la cause n'est pas retrouvée. On parle alors de syndrome idiopathique. Dans un tiers des cas trois mécanismes sont impliqués : 

  1. La déshydratation 
  2. L'alitement prolongé
  3. Le traumatisme : "Si vous chutez et vous cognez la tête, par un phénomène de force centrifuge tous les cristaux vont venir dans la zone du point d'impact." 

Seul traitement : la manoeuvre libératoire 

Si les traitements médicamenteux anti-vertigineux peuvent créer un phénomène d'amoindrissement du vertige, "ils ne vont en revanche pas le guérir", assure le Dr Burcia.  "La seule thérapeutique efficace est la manœuvre libératoire." Cette manipulation peut être effectuée par un ORL, ou bien un kinésithérapeute ou un généraliste formé et ayant des compétences en maladies vestibulaires. Une première manœuvre – celle de Dix-Hallpike – est effectuée afin de permettre un diagnostic. Si celle-ci révèle le vertige, le praticien procède à une manœuvre dite "libératoire", celle d'Epley ou Semont. Pour cela, "on fait décrire à la tête du patient un mouvement de demi-cercle assez vif pour que les cristaux suivent la forme semi-circulaire du canal et se trouvent dans une zone de l'oreille interne où le corps aura par la suite la capacité de résorber cette accumulation de cristaux". En général, procéder à la manœuvre une seule fois suffit. Cependant, "on estime qu'un certain nombre de patients ont besoin d'une 2eme manœuvre, soit parce qu'il y a un reliquat de cristaux, soit parce qu'en faisant la manœuvre, les cristaux ont basculé dans une autre zone de l'oreille. Cela peut se manifester dans un second temps". Si les vertiges liés aux cristaux sont toujours bénins et peu préoccupants, les diagnostics différentiels, en revanche, peuvent nécessiter une prise en charge en urgence. Ainsi, si vous êtes pris d'un vertige, il est important de contacter le 15 afin qu'un médecin puisse éliminer les pathologies plus graves qui nécessiterait de se rendre aux urgences. 

Merci au Dr Vincent Burcia, ORL.