Cancer de la parotide : symptômes, pronostic ?

Cancer de la parotide : symptômes, pronostic ?

Le cancer de la parotide touche la glande salivaire du même nom. Une boule dure qui persiste à cet endroit doit pousser à consulter.

Le cancer de la parotide est un cancer des glandes salivaires. Il représente moins de 5% des cancers de la tête et du cou. "C'est un cancer assez rare mais qui est en augmentation dans les pays occidentaux", nous informe le Pr Olivier Malard, Chef des services ORL et chirurgie cervico-faciale au CHU de Nantes. "Dans 70% des cas, les tumeurs de la parotide sont bénignes mais certaines d'entre elles peuvent se transformer" poursuit le médecin. La tumeur bénigne la plus fréquente s'appelle l'adénome pléomorphe. "Cet adénome a un potentiel de dégénérescence, qui se fait lentement. Tout adénome ne dégénère pas en cancer mais dans l'histoire des gens qui ont un cancer de la parotide, on peut retrouver la présence d'un adénome depuis une dizaine d'années qui a dégénéré car il n'a pas été diagnostiqué et pris en charge."

C'est quoi le cancer de la parotide ?

Ce cancer touche la parotide, une des plus grosses glandes salivaires du corps. Il y a d'autres glandes salivaires qui peuvent aussi être sources de cancer mais c'est moins fréquent. "C'est grâce aux glandes salivaires qu'on a toujours la bouche humide quand on mange et qu'on s'exprime" rappelle le médecin.

La glande parotide a la taille d'une grosse amande à l'angle de la mâchoire

Pour savoir où se situe la parotide, il suffit de mettre son doigt sur l'angle de la mâchoire, "on sent que c'est un peu mou, ça fait comme un matelas, c'est la glande parotide, elle mesure 5-6 centimètres soit la taille d'une grosse amande, et nous en avons une de chaque côté". Le cancer de la parotide n'a pas de facteurs de risque définis - le tabac et l'alcool n'en font pas partie par exemple- et il est unilatéral. "Il n'y a pas de risque d'en faire un autre de l'autre côté."

schéma glande parotide
Schéma de la glande parotide © 123rf-decade3d

Symptômes : une boule dure qui persiste ?

L'adénome pléomorphe se caractérise par une tuméfaction (petite masse ou boule dure) au niveau de la joue, en avant de l'oreille ou un peu en-dessous, pas toujours visible et qui ne fait pas mal. "Toute tuméfaction justifie une consultation, d'autant plus si elle persiste. Elle doit alerter mais pas forcément inquiéter car ça peut être un adénome pléomorphe" souligne le médecin ORL. En revanche, ce qui doit alerter :

  • si la masse fait mal d'emblée ou récemment alors qu'elle était indolore depuis plusieurs années
  • s'il existe une croissance rapide (elle grossit vite)
  • s'il y a l'apparition de ganglions autour

"A un stade plus tardif, il peut y avoir une petite paralysie du nerf facial entraînant une asymétrie du visage" ajoute le médecin. Le nerf facial passe dans la parotide et ce nerf participe à la motricité du visage.

Qui consulter ? Quels examens faire ?

En cas de symptômes, il faut consulter le médecin traitant mais "attention à ne pas etre faussement rassuré par le fait que c'est ancien donc pas inquiétant ce qui n'est pas toujours vrai" prévient notre interlocuteur. Si on doute, il faut consulter un ORL. Deux examens permettent ensuite de connaître la nature de la tumeur :

l'IRM

la cytoponction : ce n'est pas une biopsie mais une ponction réalisée avec une aiguille (comme un vaccin) qui permet de récupérer le contenu de la lésion pour la faire analyser. Cet examen d'orientation permet d'affiner la qualité du diagnostic "dans 70-80% des cas". "La cytoponction n'a de valeur que si elle ramène des cellules cancéreuses. Si elle montre des cellules bénignes c'est rassurant mais ça n'exclut pas le risque de cancer : il faut régulièrement ôter la lésion et faire un examen extemporané" explique le médecin. Cet examen analyse au microscope la lésion retirée lors d'une opération sous anesthésie générale.

Quels sont les traitements du cancer de la parotide ?

S'il s'agit d'un adénome pléomorphe sans dégénérescence, il n'y a pas de traitement autre que l'ablation, "pas de chimiothérapie, pas de rayon, pas de curage".

La radiothérapie et la chimiothérapie seuls "ne suffisent pas"

Si la tumeur est maligne, elle doit être retirée largement lors d'une intervention chirurgicale. "Les tumeurs de la parotide se guérissent dans la majorité des cas par la chirurgie. On peut procéder en complément à une ablation des ganglions par un curage ganglionnaire. Eventuellement à un traitement complémentaire (radiothérapie seule ou radiothérapie et chimiothérapie)", précise le Dr Malard. La radiothérapie et la chimiothérapie seules réduisent les tumeurs "mais ne suffisent pas".

Quel est le pronostic de guérison ?

S'il s'agit d'un adénome non dégénéré "il est excellent" répond l'ORL. En cas de cancer, le pronostic dépend de la taille, de la nature du grade de la tumeur déterminé après l'examen de la lésion au microscope :

  • bas grade : "Le pronostic est très bon avec plus de 80% de guérison avec la chirurgie"
  • haut grade : "Si la tumeur est de stade 1 ou 2, le pronostic est bon, 60 à 70% de guérison. Si la tumeur est de stade 3-4, le pronostic est inférieur." Le cancer de la parotide de haut grade peut métastaser donc "mettre en jeu le pronostic vital".

Merci au Pr Olivier Malard, Chef de service d'ORL et de chirurgie cervico-faciale - Centre Hospitalier Universitaire de Nantes.