Cyanobactérie : symptômes, des dangers pour l'homme ?
Les cyanobactéries sont des micro-organismes photosynthétiques que l'on trouve dans divers milieux aquatiques, tels que les lacs, les rivières et les étangs. Certaines peuvent être responsables de symptômes gastro-intestinaux, cutanés et pulmonaires.
Quelle est la définition d'une cyanobactérie ?
"Les cyanobactéries, ou Cyanobacteriota, sont des bactéries photosynthétiques, à distinguer des algues qui sont eucaryotes, détaille le Dr Valentin Wehrle, biologiste médical. Elles peuvent prendre différentes couleurs (vert, rouge, violet ou jaune) du fait de leurs pigments (Chlorophylle-a, Phycocyanine, Phycoérythrine, …) qui varient selon la qualité spectrale de la lumière". Ces bactéries font partie des êtres vivants les plus anciens identifiés et fixent le carbone du dioxyde de carbone puis libèrent du dioxygène ce qui a contribué à l'enrichissement en dioxygène de l'atmosphère terrestre. "Elles vivent quasiment partout sur terre et se développent dans certaines eaux polluées par les activités humaines (eutrophisation, dystrophisation) formant des "fleurs d'eau" de couleur. Elles représentent alors une réaction naturelle à une pollution déjà présente". Il est essentiel de surveiller la qualité de l'eau afin d'éviter leur prolifération trop importante, notamment dans les eaux de baignades. En effet, les cyanobactéries peuvent présenter un danger pour les animaux et l'homme du fait de la libération des cyanotoxines qu'elles produisent (microcystines, cylindrospermopsine, saxitine, anatoxine-a). "Elles peuvent être responsables de symptômes gastro-intestinaux, cutanés et pulmonaires, de pertes des fonctions rénales et hépatiques, de syndromes neurotoxiques, de cancer du foie et de mortalité". Une quarantaine de cas d'intoxications chroniques ou aigues ont été recensés dans le monde ces dernières décennies. "Cependant, ces données sont sous-estimées en raison du manque d'informations dans certaines régions du monde".
Comment peut-elle être transmise à l'homme ?
"Les principales voies de transmissions à l'homme sont l'ingestion d'eau potable plus ou moins bien traitée, les activités récréatives dans les eaux de baignades à faible débit (lacs, rivières, …) via l'inhalation ou l'ingestion accidentelle des cyanobactéries et/ou de leurs toxines", poursuit le biologiste. "La transmission peut également s'observer en cas de consommation de denrées végétales ou de poissons contaminés par l'eau d'irrigation". De rares cas ont été recensés par transmission intraveineuse chez des personnes dialysées.
Il n'existe pas de traitement spécifique pour les intoxications causées par les cyanobactéries
Quels sont les symptômes ?
Les symptômes sont à classer en deux catégories selon l'intoxication. "En cas d'intoxication aigue, les symptômes sont principalement digestifs (gastro-entérite, douleurs abdominales, vomissements, diarrhées), maux de tête, fièvre, et dermatologiques (rash cutanés)", souligne notre interlocuteur. "Et en cas d'intoxication chronique, on observe une augmentation du risque de cancers colorectaux et de l'estomac. On note également une augmentation du taux des enzymes hépatiques dans les populations exposées".
Est-elle mortelle ?
"Seulement 6 cas de décès imputables aux cyanobactéries sont recensés dans la bibliographie ces dernières décennies (Svircev et al., 2016)", rappelle le médecin. Ce qui est bien loin des infections bactériennes qui constituent la deuxième cause de mortalité dans le monde avec 7,7 millions de morts par an".
Comment pose-t-on le diagnostic ?
Le diagnostic de l'exposition aux cyanobactéries est très difficile à réaliser. "Il repose principalement sur l'interrogatoire du patient (ingestion d'eau contaminée ? Activité dans une eau récréative ? …) et sur la présence d'une éventuelle épidémie", reconnait le Dr Wehrle. "La détection et la quantification des cyanobactéries repose sur l'observation visuelle directe, sur des indicateurs biologiques in situ (Chlorophylle-a, Phycocyanine, utilisation de sondes fluorimétriques) et des indicateurs complémentaires comme les paramètres physiques, la transparence ou la turbidité de l'eau". Si l'exposition est liée à la consommation d'eau contaminée, les autorités de santé publique peuvent effectuer des tests de l'eau pour détecter la présence de cyanobactéries et de cyanotoxines.
Est-elle contagieuse ?
Les cyanobactéries ne sont pas des organismes pathogènes transmissibles d'une personne à une autre par contact direct ou par voie aérienne, comme le sont la plupart des bactéries ou les virus rencontrés en santé humaine. "Il n'a pour l'instant pas été démontré une contagiosité interhumaine des cyanobactéries, ce qui est logique puisque leur dangerosité passe uniquement par leurs toxines".
Quel traitement pour soigner une infection ?
Il n'existe pas de traitement spécifique pour les intoxications causées par les cyanobactéries. "Le principal traitement repose donc sur l'éviction de la source d'exposition aux cyanotoxines mises en cause ainsi qu'à la réduction des phases de proliférations (blooms) des cyanobactéries", conclut notre interlocuteur. La gestion des bloom algales dans les écosystèmes aquatiques est un domaine de recherche et d'intervention environnementale en constante évolution, visant à minimiser les risques pour la santé humaine et animale, ainsi que les impacts sur les écosystèmes. Les autorités locales surveillent généralement les niveaux de cyanobactéries dans l'eau et émettent des avertissements lorsque des concentrations élevées sont détectées pour protéger la santé publique.
Merci au Dr Valentin Wehrle, biologiste médical au sein du Laboratoire BIO-LBS à Lillebonne (76), et membre du réseau Les Biologistes Indépendants.