Maladies rénales chez la femme : les plus fréquentes, symptômes
Les maladies rénales peuvent évoluer silencieusement. Certaines sont davantage observées chez la femme, notamment quand elle est enceinte. Signes d'alerte, analyse et prise en charge avec les conseils du Dr Brigitte Lantz.
Les maladies rénales évoluent souvent en silence. Même dépistées, elles sont parfois négligées. Pourtant, les reins sont des organes vitaux (élimination des déchets via l'urine, production de l'hormone EPO qui prévient l'anémie, de la rénine qui maintient la pression artérielle, transformation de la vitamine D en forme active qui prévient l'ostéoporose…). Chez les femmes, deux affections rénales sont caractéristiques : l'infection urinaire principalement et plus rarement la toxémie gravidique, pendant la grossesse. Quels symptômes doivent alerter ? Que faire ? La ménopause est-elle une période à risque ? Réponses avec le Dr Brigitte Lantz, néphrologue à l'hôpital Necker et Secrétaire générale de la Fondation du Rein.
Pourquoi les femmes font plus d'infections urinaires que les hommes ?
Les femmes sont plus sujettes aux infections urinaires que les hommes "car l'urètre de la femme est beaucoup plus court que chez l'homme donc les bactéries remontent plus facilement dans la vessie" explique le Dr Brigitte Lantz. Plus encore quand elles ont des relations sexuelles. "Les premières infections se voient d'ailleurs souvent chez les jeunes filles qui viennent d'être déflorées" fait remarquer le médecin qui recommande "d'aller faire pipi après avoir fait l'amour et de boire aussi un grand verre d'eau". La complication redoutée de l'infection urinaire est la pyélonéphrite. Les bactéries remontent alors dans le rein. C'est une urgence médicale. Son premier signe d'appel : la fièvre qui s'ajoute aux symptômes de l'infection urinaire (brûlure à la miction, envie fréquente d'uriner, pesanteur dans le bas ventre…). Des pyélonéphrites répétées peuvent provoquer une inflammation chronique du tissu interstitiel du rein qui peut évoluer au bout de plusieurs années vers une insuffisance rénale.
Pourquoi la grossesse est une période à risque pour les reins ?
La grossesse peut être un moment critique pour les reins, car le fœtus comprime les uretères, ce qui peut dilater les cavités rénales.
► La femme enceinte qui souffre d'une maladie rénale chronique, comme une polykystose rénale, ou d'une glomérulonéphrite due à une maladie auto-immune telle que le lupus systémique peut constater une amplification de sa maladie pendant la grossesse.
► Chez les femmes ne souffrant pas de maladie rénale préexistante, "elles peuvent développer une maladie rénale particulière transitoire liée à la grossesse : la toxémie gravidique ou "pré-éclampsie". C'est une anomalie des vaisseaux sanguins du placenta. La femme enceinte va, lors des derniers mois, avoir des protéines (albumine) dans les urines et développer une hypertension artérielle avec des chiffres supérieurs à 15/10. Elle prend du poids plus qu'elle ne devrait et a des œdèmes. La toxémie gravidique met en jeu la vie du bébé et de la maman. Elle est plus fréquente lors d'une première grossesse et quand on attend des jumeaux" explique le Dr Brigitte Lantz. Le taux d'acide urique, révélateur possible d'une toxémie gravidique lorsqu'il est élevé, est ainsi surveillé de près chez les femmes qui font de l'hypertension artérielle pendant la grossesse. Il est aussi impératif de faire régulièrement des bandelettes urinaires à la recherche d'une protéinurie. Côté alimentation, il n'est pas recommandé de suivre un régime strict sans sel quand on est enceinte "car cela peut aggraver l'éclampsie. On conseille de ne pas faire d'excès mais de ne pas non plus supprimer totalement le sel".
Le lupus systémique plus fréquent chez les femmes
Le lupus systémique touche à 80% des femmes. Or cette maladie auto-immune endommage les reins chez 20 à 40% des patients, selon France Rein. On parle de "néphropathie lupique". L'atteinte rénale peut être présente dès le début de la maladie de façon silencieuse, ou apparaître secondairement au cours du suivi. Elle peut se manifester par des œdèmes (gonflement des pieds), des maux de tête (liés à l'apparition ou l'aggravation d'une hypertension artérielle), une grande fatigue ou être découverte après une thrombose veineuse. Les patients qui souffrent de lupus sont ainsi régulièrement suivis (bandelette urinaire, ECBU, prise de sang (augmentation de la créatinine sanguine) pour dépister au plus tôt une possible atteinte des reins et mettre en place un traitement adéquat.
La ménopause n'a aucun impact sur les reins.
Quels signes doivent alerter en cas de problème rénal ?
Les principaux signes d'un problème aux reins sont :
- Une hypertension artérielle
- Des urines rouges (signe de présence de sang)
- Des urines qui moussent en cas de forte protéinurie, traduite surtout par des œdèmes.
Si vous observez ces symptômes, consultez votre médecin traitant afin qu'il vous prescrive les examens nécessaires à l'évaluation de votre fonction rénale (bandelette urinaire (recherche d'albumine et de sang), dosage de la créatinine dans le sang (marqueur de l'insuffisance rénale)).
La ménopause est-elle une période à risque pour les reins ?
"Pas du tout, répond le Dr Lantz. La ménopause n'a aucun impact sur les reins". En revanche, c'est une période où les femmes peuvent prendre du poids sous l'effet de la baisse d'hormones. "Elles développent plus de diabète qui est un facteur de risque de maladies rénales. Il faut adapter son alimentation à la ménopause et conserver une activité physique. Les maladies rénales évoluent moins vite quand on a une activité physique régulière."
L'obésité concerne 25% des patients arrivant au stade de la dialyse.
Comment préserver la santé de ses reins ?
Pour préserver la bonne santé de ses reins :
- Ne pas fumer : la cigarette abîme les vaisseaux du rein.
- Avoir une alimentation équilibrée : pas trop de mauvais gras, pas trop de sucre...
- Surveiller son poids en évitant l'excès de sel ou de protéines animales.
- Surveiller sa tension : l'hypertension artérielle non traitée est une cause majeure de maladie rénale et elle aggrave une maladie rénale chronique.
- Limite sa consommation de sel : manger trop salé favorise l'hypertension artérielle qui peut altérer la fonction rénale.
- Équilibrer son diabète si on a un diabète de type 2 non insulinodépendant : ce type de diabète favorise les problèmes rénaux.
- Avoir une activité physique régulière.
- Mettre en place une prise en charge si on souffre d'obésité : l'obésité concerne 25% des patients arrivant au stade de la dialyse ; les personnes obèses ont deux fois plus de risques de souffrir d'une maladie rénale.
Merci au Dr Brigitte Lantz, néphrologue à l'hôpital Necker et Secrétaire générale de la Fondation du Rein.