Hypercapnie : norme, signes, conséquences, traitement

Sous ce nom mystérieux se cache une perturbation des gaz du sang, reflet d'une mauvaise ventilation des poumons. Qu'est-ce qui peut provoquer une hypercapnie ? Comment la diagnostique-t-on ? Quelles peuvent en être les conséquences ? Les réponses de Marie-Pascale Schuller, pneumologue.

Hypercapnie : norme, signes, conséquences, traitement
© StudioLaMagica Wuppertal

Définition : qu'est-ce que l'hypercapnie ?

On parle d'hypercapnie lorsque le taux de dioxyde de carbone dans le sang est anormalement élevé. "C'est une définition biologique" explique la pneumologue, "Il y a une hypercapnie si, à la mesure des gaz du sang dans les artères, la concentration en CO2 est supérieur 45 mm de mercure." Ce taux n'est cependant jamais analysé isolément, puisqu'on mesure en même temps le pH sanguin et la concentration en oxygène. "L'hypercapnie n'est jamais isolée, elle est presque toujours associée à une hypoxie" explique la pneumologue. 

L'hypercapnie peut être aigüe ou chronique.

  • Lorsqu'elle est aigüe, elle est associée à une diminution de l'oxygène (hypoxie) et à une acidose - diminution du pH sanguin. C'est cette acidose qui peut être un danger pour l'organisme, davantage que l'hypercapnie.  
  • Lorsqu'elle est chronique, le corps s'y est adaptée. "Le rein récupère les bicarbonates dans les urines, ce qui permet de tamponner le sang pour maintenir un pH sanguin à 7,4" explique la pneumologue. 

Quelles sont les normes ?

La concentration normale en CO2 du sang se situe entre 38 et 45 mm de mercure. 

Quels sont les signes en cas d'hypercapnie ? 

"L'hypercapnie n'est qu'un témoin biologique d'une mauvaise adaptation de la ventilation aux besoins du corps" explique le Dr Schuller. Les signes donc ceux de la pathologie qui a causé l'hypercapnie. 

Quelles sont les causes d'une hypercapnie ? 

"Une hypercapnie est le reflet d'une mauvaise ventilation pulmonaire due à une insuffisance respiratoire chronique ou aigue" explique la pneumologue. Celle-ci peut avoir plusieurs origines : 

  • Les maladies du poumon : bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO), 
  • Les maladies de la paroi du poumon : les scolioses ou cyphoses très importantes qui entraînent une déformation de la cage thoracique,
  • L'obésité massive qui entraine une mobilisation du muscle diaphragmatique moins efficace et participe à l'hypoventilation alvéolaire (hypoxie et hypercapnie),
  • Les maladies neuromusculaires : les muscles respiratoires ne fonctionnent plus correctement,
  • Des causes médicamenteuses : intoxication aux barbituriques ou à la codéine … 
  • Le syndrome d'apnées du sommeil sévère peut aussi provoque une insuffisance respiratoire dans la nuit.
  • Un virus respiratoire avec atteinte pulmonaire sévère.

Quel est le diagnostic ? 

L'hypercapnie se révèle à l'analyse des gaz du sang. "Cette analyse est faite à partir d'un prélèvement sanguin dans l'artère radiale, située au niveau du poignet" détaille la spécialiste. 

Quelles sont les conséquences d'une hypercapnie ? 

Les conséquences ne sont pas tant celle de l'hypercapnie en tant que telle, mais surtout de l'ensemble du contexte biologique - hypoxie et/ou acidose associée – et donc de la pathologie sous-jacente. Ainsi, lorsqu'elle est associée à une hypoxie dans les cas d'insuffisance respiratoire chronique, les conséquences peuvent-être : un essoufflement rapide à l'effort ainsi que d'une fatigue importante, tous deux potentiellement handicapants au quotidien. L'hypercapnie est par ailleurs associée à une vasoconstriction, elle-même à l'origine d'une hypertension artérielle (HTA). Elle peut également provoquer un "flapping tremor", qui se caractérise par des secousses musculaires brusques et brèves.

Quels sont les traitements ?

Le patient en hypercapnie a généralement besoin d'une assistance respiratoire qui peut se faire à l'aide d'un appareil appelé "ventilation non invasive." Cet appareil est formé d'un masque relié à un appareil ventilateur, et il s'avère efficace sur les échanges gazeux, réduisant la fréquence respiratoire ainsi que la sensation de dyspnée. "Il est essentiel de traiter si possible la cause de l'hypercapnie : la maladie pulmonaire, l'obésité, la maladie neuromusculaire, l'atteinte infectieuse, l'intoxication médicamenteuse etc..." insiste la pneumologue. 

Merci au Dr Marie-Pascale Schuller, pneumologue.

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