Lymphome folliculaire : symptômes, traitement, guérison, survie
Le lymphome folliculaire est un sous-type fréquent de lymphome non hodgkinien. Il évolue lentement et touche plus fréquemment les hommes. L'âge médian au moment du diagnostic est de 65 ans. Environ 3000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année en France. Le Dr Yann Guillermin, oncologue, nous explique les différents traitements.
Définition : qu'est-ce qu'un lymphome folliculaire ?
Le lymphome folliculaire est un sous-type de lymphome non hodgkinien. Il s'agit d'une forme de cancer d'un type de cellules sanguines, les lymphocytes B. "Dans le corps se côtoient 3 grandes catégories de cellules : les globules rouges (hématies) qui transportent l'oxygène, les plaquettes qui permettent la coagulation et évitent les saignements, et enfin les globules blancs (aussi appelés leucocytes) qui sont nos défenses immunitaires (notre " armée "), explique le Dr Yann Guillermin, oncologue en service hématologie. Il existe plusieurs sous types de globules blancs (" les soldats "), dont le lymphocyte B qui lorsqu'il devient anormal et se multiplie est responsable entre autres du lymphome folliculaire. Les lymphocytes B circulent dans le sang mais sont le plus souvent postés dans les ganglions (leur " caserne ") qui sont des structures normales du corps, présents sur les trajets du sang et de la lymphe. C'est pourquoi en cas de lymphome et donc de prolifération des lymphomes B anormaux, les ganglions augmentent de taille."
Le lymphome folliculaire fait partie des lymphomes indolents : il évolue lentement. Il peut toutefois rarement, au cours de son évolution, se transformer en un sous-type agressif de lymphome (il s'agit alors le plus souvent d'un lymphome diffus à grandes cellules B). Environ 3000 nouveaux cas de lymphomes folliculaires sont diagnostiqués chaque année en France. Il s'agit du lymphome le plus fréquent après le lymphome B diffus à grandes cellules. Il touche plus fréquemment les hommes (1.5x plus). L'âge médian au moment du diagnostic est de 65 ans. Cette maladie n'est ni héréditaire ni contagieuse.
Quels sont les symptômes ?
Les symptômes les plus fréquents du lymphome folliculaire sont notamment un gonflement non douloureux des ganglions lymphatiques (dans le cou, les aisselles ou l'aine), la survenue d'une fièvre sans raison apparente, et des sueurs abondantes la nuit. "Il peut également y avoir une fatigue intense et une perte de poids", complète le médecin. Selon la localisation de la ou des tumeurs, d'autres symptômes peuvent se présenter. "Le lymphome folliculaire évoluant lentement, la maladie peut ne se manifester par aucun symptôme pendant longtemps ce qui est le cas chez la majorité des patients."
Quel est le diagnostic ?
Le diagnostic positif du lymphome folliculaire repose sur :
- Des examens sanguins, avec un comptage des différentes cellules sanguines et des LDH (un marqueur de la maladie) ;
- Un examen physique, pour rechercher des ganglions volumineux et déterminer si la taille de la rate et du foie a augmenté ;
- Des examens d'imagerie, en particulier un scanner ou un PET scan corps entier. "Le PET scanner consiste en l'injection d'un produit de contraste appelé FDG (différent des produits de contraste iodés des scanners), détaille l'oncologue. Il s'agit de sucre marqué radioactivement, ce qui explique pourquoi il faut être à jeun pour cet examen, et ne pas côtoyer de femme enceinte les quelques heures suivant la réalisation de l'examen. Ces examens permettent de rechercher les différentes localisations des tumeurs. De plus, le PETscan ajoute une information sur l'activité de ces ganglions anormaux" ;
- Une biopsie du ou des ganglions. "Une biopsie consiste à prélever un échantillon de tissus et peut se réaliser soit par voie radiologique (sous scanner ou sous échographie, on parle alors de microbiopsie), soit par chirurgie." Le prélèvement est ensuite examiné au microscope et par diverses techniques par un médecin spécialiste des cellules et des tissus, l'anatomopathologiste. "C'est uniquement cet examen qui permettra d'affirmer ou non le diagnostic."
Quels sont les traitements ?
Le traitement est déterminé en fonction des caractéristiques de la maladie. "Du fait de son caractère indolent et incurable, la surveillance simple en l'absence de symptômes est souvent de mise", reconnait notre interlocuteur.
Pour les lymphomes folliculaires de stade I et II, différentes options sont possibles :
→ Une radiothérapie des ganglions touchés par les cellules anormales.
→ Une abstention thérapeutique. Aucun traitement n'est alors proposé, mais un suivi médical régulier est mis en place pour détecter toute évolution de la maladie. "Cette stratégie vise à préserver la qualité de vie et à garder les traitements en " réserve " en cas d'évolution ultérieure du lymphome."
"Un traitement par médicament est proposé lorsque le lymphome présente un risque d'évolution ou est responsable de symptômes importants et gênants."
Pour les lymphomes folliculaires de stade III ou IV, les médecins préconisent plusieurs options :
- L'abstention thérapeutique
- Une immunothérapie (Rituximab) seule ou associée à une thérapie ciblée.
- Une chimiothérapie associée au Rituximab.
"Après le traitement, on parlera de rémission (partielle ou complète), qui signifie que la maladie ne s'exprime plus. C'est différent de la guérison qui veut dire que la maladie n'est plus présente."
Quelles sont les chances de guérison ?
"Un suivi médical régulier est indispensable tout au long de sa vie, insiste le médecin. À l'heure actuelle, les différents traitements disponibles ne permettent pas de guérir le lymphome folliculaire (une guérison est parfois obtenue lorsque la maladie est très localisée). En revanche, ils permettent d'obtenir dans la plupart des cas un contrôle prolongé de la maladie. Ce lymphome devient donc une maladie chronique." A 10 ans du début du premier traitement, plus de 50% des patients n'ont pas rechutés et 80% sont toujours en vie.
Quels sont les risques de rechute ?
"Théoriquement, le lymphome folliculaire rechute systématiquement. Mais parfois très tardivement, comme discuté", conclut le spécialiste. La rechute d'un lymphome folliculaire peut se manifester par des symptômes similaires à ceux qui peuvent survenir au début de la maladie.
Merci au Dr Yann Guillermin, cancérologue médicale, groupe hématologie au Centre Léon Bérard de Lyon.