Anaphylaxie : définition, symptômes, grades, traitements
L'anaphylaxie est une réaction allergique survenant rapidement après contact avec un aliment, un médicament ou après une piqûre d'insecte. On parle aussi de "réaction anaphylactique". Définition médicale, symptômes, causes, traitements, grade, différence avec le choc anaphylactique… Le point avec le Dr Madeleine Epstein, allergologue.
Quelle est la définition médicale de l'anaphylaxie ?
"L'anaphylaxie est une réaction allergique survenant rapidement après contact avec un aliment, un médicament ou après une piqûre d'insecte, qui concerne un ou plusieurs organes" définit le Dr Madeleine Epstein, allergologue et Vice-présidente du Syndicat Français des Allergologues (SYFAL). "Le risque d'anaphylaxie fatale est réel, mais fort heureusement, il est rare."
Qu'est-ce que l'anaphylaxie alimentaire à l'effort ?
Il s'agit d'une forme particulière d'anaphylaxie. L'anaphylaxie alimentaire induite par l'exercice, ou anaphylaxie alimentaire à l'effort la plus fréquente est celle liée à la consommation de farine de blé, mais elle peut être provoquée par n'importe quel aliment. "L'intensité de la réaction que vous allez faire en présence d'un allergène va dépendre de différents de facteurs : de votre état personnel, de votre environnement et des choses auxquelles vous êtes exposés en même temps que l'allergène", informe l'allergologue. "Si vous faites un effort alors que vous êtes en contact avec un allergène auquel vous êtes sensible, vous avez un risque d'aggraver une réaction allergique, voire de la démasquer." L'effort physique est un facteur aggravant des réactions allergiques car il "augmente la sensibilité à l'allergène et va augmenter la réaction qui n'aurait peut-être pas eu lieu sans l'effort." Pourquoi l'effort a-t-il cet effet sur la réaction allergique ? "Il y a différentes d'hypothèses, mais on sait que tout ce qui fait dilater les vaisseaux fait circuler davantage les allergènes."
Quelles différences entre l'anaphylaxie et le choc anaphylactique ?
"Le choc anaphylactique est un stade de gravité de l'anaphylaxie qui se caractérise par une chute de tension, explique le Dr Epstein, allergologue. Le risque quand vous faites une anaphylaxie, c'est de faire un choc. Mais vous pouvez faire une anaphylaxie sans choc anaphylactique."
Quels sont les symptômes ?
Les symptômes les plus fréquents sont :
- Une urticaire localisée ou généralisée.
- Une atteinte laryngée responsable de gêne respiratoire, pour parler ou pour avaler, une atteinte bronchique avec crise d'asthme. "Une obstruction sévère des voies respiratoires peut mettre en jeu le pronostic vital" informe l'allergologue.
- Des troubles digestifs comme des nausées, des douleurs abdominales, une diarrhée.
- Une chute de tension qui peut entraîner une perte de connaissance : "C'est le choc anaphylactique qui comporte un risque vital par arrêt cardiaque" commente l'allergologue.
Quelles sont les causes ?
"Les causes possibles sont multiples, en théorie, tout allergène peut déclencher une anaphylaxie" constate le Dr Madeleine Epstein, allergologue. Les principales causes d'anaphylaxie sont :
- Les aliments. Selon l'Inserm, les aliments seraient responsables de 60% des cas d'anaphylaxie. "Certains aliments sont identifiés comme étant des allergènes connus. Les aliments qui provoquent le plus souvent des réactions allergiques sont l'œuf et la cacahuète, les poissons et crustacés… Il y a une liste de 14 familles d'allergènes recensées à déclaration obligatoire."
- Les médicaments. Les allergies aux médicaments provoquent 16% des anaphylaxies : "Les plus fréquents sont les antibiotiques (les pénicillines) et les aspirines/anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)", précise l'allergologue.
- Les venins provenant des abeilles, guêpes et frelons provoquent 16% des chocs anaphylactiques.
- Le latex. Il serait responsable de 4% des anaphylaxies, "surtout chez les personnes sensibilisées et exposées régulièrement pour des raisons professionnelles ou médicales" précise l'Inserm.
Quels sont les stades de gravité de l'anaphylaxie ?
Il existe plusieurs stades de gravité dans l'anaphylaxie. Dès le stade 3, c'est déjà un choc anaphylactique.
Grade | Symptômes |
Stade 1 | Signes cutanées, érythème généralisé, urticaire, angioedème |
Stade 2 | Symptômes quantifiables mais ne menaçant pas la vie : signes cutanés, hypotension, tachycardie, difficultés ventilatoires, toux, difficultés à gonfler les poumons |
Stade 3 | Symptômes menaçant la vie : collapsus, tachycardie ou bradycardie, arythmies, bronchospasme |
Stade 4 | Arrêt cardiaque ou respiratoire |
Qui est à risque ?
"Les anaphylaxies peuvent survenir à n'importe quel moment, chez n'importe qui", informe l'allergologue. "Il n'y a pas d'âge pour développer une nouvelle allergie, faire un choc ou une réaction anaphylactique." Les personnes qui ont déjà fait un choc sont plus à risque d'en refaire un selon l'experte. "Mais ce n'est pas inéluctable, on ne peut rien prédire."
L'effort physique est un facteur aggravant des réactions allergiques.
Quels sont les traitements ?
"Le traitement est symptomatique" indique l'allergologue. Cela signifie qu'il s'adapte en fonction du symptôme de l'anaphylaxie dont souffre la personne. "Si vous avez une anaphylaxie légère comme une crise d'urticaire, on va administrer des antihistaminiques. Si les symptômes sont plus graves, c'est l'adrénaline qui est donnée en première intention." Les patients concernés doivent toujours être en possession de leur trousse d'urgence avec stylo d'adrénaline et en connaître le maniement. "Les asthmatiques ont un plan d'action en cas de crise" précise l'allergologue.
Quelles sont les recommandations en cas de doute ?
En cas de suspicion d'allergie, il est recommandé de consulter un allergologue pour confirmer le diagnostic, identifier l'allergène et établir une conduite à tenir adaptée selon le cas. "Il faut éviter les circonstances qui risquent de déclencher une réaction allergique. C'est-à-dire faire toujours attention à ne pas être en contact avec l'agent déclenchant. Mais il peut arriver de se faire piéger, c'est pourquoi il est impératif pour une personne à risque d'avoir toujours sur soi sa trousse d'urgence" conseille le Dr Epstein.
Que faire en cas d'anaphylaxie ?
L'anaphylaxie requiert une prise en charge urgente. "En cas d'anaphylaxie, d'apparition de gène respiratoire et symptômes associés, il est conseillé de s'injecter l'adrénaline et d'appeler le SAMU" informe le docteur. "Il faut voir avec votre allergologue quels sont les signes d'appel qui vont vous conduire à injecter l'adrénaline." La personne allergique doit constamment l'avoir sur elle et doit savoir s'en servir. "Il faut une véritable éducation thérapeutique car le jour où la personne fait un choc, elle (et /ou son entourage) doit pouvoir l'utiliser sans paniquer : la procédure doit être maîtrisée en amont" prévient l'allergologue. Et de rassurer : "La plupart des réactions anaphylactiques se récupèrent sans problème avec une prise en charge adaptée." "La situation est plus préoccupante en cas d'asthme sévère associé et/ou de perte de connaissance, mais là encore, grâce à une intervention adaptée tout peut rentrer dans l'ordre."
Quels risques d'anaphylaxie avec le vaccin Covid ?
"On est toujours dans des supputations sur l'allergène dans les vaccins Covid, on suppose que ces réactions sont liées aux macrogols. Toute personne ayant un antécédent d'allergie documentée à un macrogol ne doit pas être vaccinée, explique l'allergologue. Toutes les autres personnes allergiques (comme les allergiques alimentaires) peuvent être vaccinées." Par ailleurs "les personnes ayant déjà fait des anaphylaxies inexpliquées voire des anaphylaxies avec des médicaments injectables, doivent faire l'objet d'une prise en charge en centre spécialisé" précise la spécialiste.
Merci au docteur Madeleine Epstein, allergologue et membre du Syndicat Français des Allergologues (SYFAL).
Sources :
Dossier d'informations Anaphylaxie, INSERM, mars 2016
Conduite à tenir après le traitement d'urgence d'une suspicion d'anaphylaxie, HAS, octobre 2013