Spasme coronarien : symptômes, causes, traitement
En diminuant le débit coronaire, le spasme coronarien provoque une irrigation imparfaite du myocarde, pouvant provoquer des symptômes d'angine de poitrine. Sa prévalence est difficile à évaluer avec précision devant un diagnostic largement sous-estimé. Symptômes, causes et traitements ? Précisions avec le Professeur Gérard Helft, cardiologue.
Définition : qu'est-ce qu'un spasme coronarien ?
Un spasme coronarien est un spasme qui concerne les vaisseaux sanguins du cœur notamment les artères coronaires. Ce spasme réduit transitoirement la taille des artères entraînant ainsi une irrigation imparfaite du myocarde, pouvant provoquer des symptômes d'angine de poitrine (appelée également angor). L'angine de poitrine survient quand la quantité d'oxygène dans une zone du cœur fait défaut, et lorsque le spasme coronarien en est la cause, on parle d'angor spastique.
L'angor se traduit par une gêne thoracique ou le plus souvent par une douleur donnant l'impression d'un serrement, localisée dans la région cardiaque. L'angor de Prinzmetal est un angor spastique qui se caractérise fréquemment par la survenue de plusieurs crises douloureuses violentes, au repos, souvent en seconde partie de nuit et qui peut faire perdre connaissance du fait de l'intensité de la douleur. Il peut entrainer des troubles du rythme et doit conduire à la réalisation d'un électrocardiogramme et d'une coronarographie.
Quelles sont les causes ?
"Le spasme coronaire se développe suite à l'association d'une dysfonction endothéliale et d'une hyperréactivité des cellules musculaires lisses et de la paroi des artères coronaires dont les stimuli peuvent être multiples, précise le Professeur Gérard Helft, cardiologue. Ces derniers peuvent être de plusieurs origines : médicamenteuses, pharmacologiques mais surtout toxiques avec en particulier le tabac et la prise de cocaïne."
Quels sont les symptômes ?
La présentation clinique joue un rôle prépondérant. "Le patient fait état d'une douleur thoracique oppressante, parfois prolongée, de repos, particulièrement nocturne ou au petit matin, et pouvant être déclenchée par une hyperventilation", poursuit le médecin. "Cette douleur a tendance à diminuer avec un traitement médical comportant des dérivés nitrés ou des inhibiteurs calciques."
Quel examen pour faire le diagnostic ?
Les examens habituels pour un spasme coronaire comprennent une numération-formule sanguine (NFS) avec un dosage de la glycémie, du cholestérol, de l'uricémie.
→ Un électrocardiogramme (ECG) est également demandé en complément. "Il est très utile voire essentiel de pouvoir enregistrer un ECG pendant la douleur du patient, car il est très souvent normal au repos, observe le spécialiste. Il est donc habituel de préciser le diagnostic en proposant une épreuve d'effort sur un vélo ou un tapis roulant."
→ Une épreuve positive incite à poursuivre le bilan par une coronarographie. Elle permet de visualiser de façon très précise les artères coronaires et leurs branches, ainsi que les rétrécissements qui peuvent y siéger.
→ Après avoir éliminé une pathologie coronaire athéromateuse significative, le test de provocation de la douleur représente un fort critère de diagnostic. "Il est habituellement réalisé par une injection intraveineuse ou par voie intracoronaire. Dans les deux cas, le test de provocation doit être suivi d'une injection intracoronaire systématique de dérivés nitrés dans chaque tronc", confirme le Professeur. Grace à un agent provocateur, cet examen a pour but de rechercher l'apparition d'un spasme coronaire sous la forme d'une réduction transitoire de la lumière.
Complications : quelle est l'évolution d'un spasme coronarien ?
Les spasmes coronaires évoluent par poussées. Ils sont très sensibles à l'élimination des facteurs de risque et en particulier à l'arrêt du tabac. De plus, les médicaments sont efficaces. "Il faut distinguer l'angor spastique concernant des artères coronaires très peu rétrécies et l'angor spastique survenant sur des artères coronaires avec de multiples rétrécissements serrés, rappelle le spécialiste. Dans le second cas, les complications sont beaucoup plus fréquentes."
Quels sont les traitements ?
Le traitement vise à assurer le confort du malade en diminuant la fréquence des épisodes de douleurs thoraciques et d'éviter la récidive. Le traitement associe plusieurs aspects :
- La modification des habitudes de vie et la suppression des facteurs favorisants les risques cardiovasculaires avec un effort tout particulier porté sur le sevrage du tabac ou des autres toxiques,
- L'administration de dérivés nitrés sublinguaux en cas de crises, prescrits en association avec les bêtabloquants ou les inhibiteurs calciques
- Un traitement au long cours par inhibiteurs calciques tels que la nifédipine, le diltiazem ou le vérapamil ou avec d'autres vasodilatateur comme le nicorandil.
Prévention
"Il faut adopter un mode de vie sain et adapté à l'état du cœur en supprimant les facteurs de risque liés au mode de vie (tabagisme, surpoids et sédentarité) et en contrôlant régulièrement sa tension artérielle, sa glycémie et son niveau du cholestérol dans le sang", conclut le Professeur. Il est également conseillé de pratiquer une activité physique modérée de 30 minutes cinq fois par semaine.
Merci au Pr Gérard HELFT, cardiologue interventionnel à l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, et porte-parole de la Fédération Française de Cardiologie.