Hypoesthésie : définition, traitement, le signe de quoi ?
L'hypoesthésie est un trouble de la sensibilité corporelle. Quelles sont ses causes ? Symptômes ? Comment la traiter ? Le point avec le Pr Emmanuelle Duron, neurologue-gériatre à l'hôpital Paul Brousse et chercheuse à l'INSERM au sein de l'unité MOODS.
Définition : qu'est-ce qu'une hypoesthésie ?
L'hypoesthésie désigne une diminution de la sensibilité. Généralement, l'hypoesthésie est la conséquence d'une atteinte d'un ou plusieurs nerfs. C'est parfois un symptôme de maladies comme le diabète ; l'alcoolisme. Plus rarement, la sclérose en plaques, certaines tumeurs ou un AVC peuvent également induire une hypoesthésie. "L'hypoesthésie peut être due à une atteinte de différents types de sensibilité, comme la sensibilité thermique ou douloureuse, ou la sensibilité profonde" précise le Pr Emmanuelle Duron.
Le signe de quelle maladie ?
Dans l'hypoesthésie, ce sont souvent les nerfs qui sont atteints plutôt que le cerveau. Elle peut être le signe de nombreuses pathologies :
- Du diabète : l'excès de sucre dans le sang peut entraîner une polynévrite, c'est-à-dire une atteinte des nerfs du système nerveux périphérique.
- L'alcoolisme : "Les alcooliques développent souvent des polynévrites alcooliques qui touchent les membres inférieurs donc ils ont du mal à marcher" explique la neurologue-gériatre.
- Le syndrome du canal carpien qui bloque les nerfs de la main. Il se manifeste par des fourmillements dans les doigts et une perte de force musculaire de la main.
- Une sclérose en plaques : cette maladie provoque peut toucher des zones du cerveau ou de la moelle qui engendrent des troubles de la sensibilités.
- Plus rarement, certaines tumeurs ou un AVC peuvent également induire une hypoesthésie.
Quels sont les symptômes ?
"L'hypoesthésie se manifeste par une diminution de la sensibilité au niveau de la zone touchée. Souvent, des fourmillements, picotements et sensations d'engourdissement sont associés (paresthésie), indique la spécialiste. Il peut s'agir d'une perte de sensibilité thermique (le patient ne sent ni la chaleur ni le froid), une perte de sensibilité de la douleur ou une atteinte de la sensibilité profonde (proprioceptive), c'est-à-dire que le sujet ne parvient plus à déterminer le positionnement de la zone touchée dans l'espace."
Quelles parties du corps ?
"L'hypoesthésie peut affecter n'importe quelle partie du corps selon sa cause mais lorsqu'elle est liée à une polynévrite alcoolique ou une polynévrite diabétique, elle se manifeste souvent dans les jambes", remarque la neuro-gériatre.
Quand et qui consulter ?
Il est nécessaire de consulter un neurologue lorsque la perte de sensibilité, les fourmillements et la sensation d'engourdissement s'installent dans la durée.
Quel est le diagnostic ?
Le diagnostic de l'hypoesthésie repose sur un interrogatoire et un examen clinique du patient. "Le neurologue réalise le test du pique/touche à l'aide d'un objet pointu pour vérifier si le patient différencie la piqure du toucher. Le test de la sensibilité thermique consiste quant à lui à alterner les stimuli chauds et froids sur les membres du patient. La sensibilité profonde est évaluée, entre autres, par le test de sensation de position du gros orteil", détaille le Pr Emmanuelle Duron. Outre ces tests de sensibilité, des examens complémentaires (électromyogramme, IRM, bilan sanguin) pourront éventuellement être prescrits.
Quels sont les traitements ?
Le traitement est celui de la cause ayant déclenché l'hypoesthésie. Ainsi, si le sujet a du diabète, il faut l'équilibrer. S'il boit de l'alcool, il faut arrêter. Les vitamines B1, B6 et B12 pourront lui être administrées. Quant au syndrome du canal carpien, une intervention chirurgicale est nécessaire pour décoincer les nerfs atteints.
Merci au Pr Emmanuelle Duron, neurologue-gériatre à l'hôpital Paul Brousse et chercheuse à l'INSERM au sein de l'unité MOODS.