Aptitude visuelle au travail : test, combien selon les métiers ?
L'évaluation de l'aptitude visuelle au travail repose sur la réalisation de plusieurs tests. On fait le point avec le Dr Sinopoli, médecin du travail, sur les professions visées par l'obtention de seuils minimaux des fonctions visuelles et sur les affections visuelles incompatibles avec la conduite.
Définition : qu'est-ce que l'aptitude visuelle au travail ?
Dans certaines professions (pilote de ligne, pilote de chasse, gendarmerie, pompier, police...), l'aptitude visuelle est un élément déterminant. L'évaluation de l'aptitude visuelle d'un employé se fera lors d'examens médicaux réglementaires réalisés par un médecin du travail. "Ces examens sont notamment prévus à l'embauche, lors des visites périodiques, après congés maternité, après une absence pour cause de maladie professionnelle, après une absence d'au moins 30 jours pour cause d'accident du travail, de maladie ou d'accident non professionnel", explique le Docteur Jean-Pierre Sinopoli, médecin du travail.
Test pour la mesurer
Plusieurs tests standardisés sont utilisés pour déterminer l'aptitude professionnelle visuelle. Ils permettent de mesurer l'acuité visuelle centrale de loin et parfois de près, le champ visuel monoculaire ou binoculaire, la vision des couleurs et le sens stéréoscopique (appréciation des distances). D'autres tests sont réalisés en fonction des professions (vision nocturne, vision des contrastes, résistance à l'éblouissement...). La détermination de la vision nocturne est nécessaire pour certains métiers de nuit : marin, aviation, poste de sécurité. La vision des contrastes et un test de résistance à l'éblouissement sont plus rarement testés.
Fréquence des tests
Il n'y a pas de règles précises quant à la fréquence des tests visuels. "Ils sont effectués lors de chaque visite médicale avec une attention particulière lors des visites d'embauche ou de reprise, en cas de pathologies ophtalmologiques, neurologiques ou de prises médicamenteuses", précise notre interlocuteur.
Aptitude visuelle selon les métiers
L'exercice de certaines professions requiert l'obtention de seuils minimaux d'aptitude visuelle sur différents déterminants, en vision corrigée ou non corrigée. Les normes d'acuité visuelle sont extrêmement variées, de même que les tests utilisés, et les seuils requis. Une évaluation de l'aptitude visuelle ne satisfaisant pas à ces exigences peut empêcher l'exercice de ces professions. Parmi les professions concernées par une réglementation particulière en matière d'aptitude visuelle : les navigants techniques professionnels de l'aéronautique civile (pilotes d'avion, navigateurs aériens…), les professionnels des transports (routier, maritime, ferroviaire), le personnel permanent des services de sécurité incendie, les professionnels des armées et de la sécurité publique (policier, douanier, gardien de la paix) et les candidats aux Grandes écoles.
Aptitude visuelle et conduite automobile
L'arrêté du 21 décembre 2005 (modifié le 16 décembre 2017) fixe la liste des affections médicales incompatibles avec l'obtention ou le maintien du permis de conduire. Dans la catégorie "permis léger", différents éléments d'aptitude visuelle sont testés, s'il y a lieu, avec corrections optiques, pour déterminer des incompatibilités avec la conduite. La conduite est incompatible avec une acuité visuelle en vision de loin inférieure à 5/10 (acuité visuelle binoculaire). Si un des deux yeux a une acuité visuelle nulle ou inférieure à 1/10, il y a incompatibilité si l'autre œil a une acuité visuelle inférieure à 5/10. "Concernant les permis poids lourds, la conduite est incompatible si l'acuité visuelle est inférieure à 8/10 pour l'œil le meilleur et inférieure à 1/10 pour l'œil le moins bon", précise notre spécialiste. Avant de poursuivre : "Sur avis spécialisé, la conduite est également incompatible avec un champ visuel binoculaire horizontal inférieur à 120°, à 50° vers la gauche et la droite et à 20° vers le haut et le bas. Concernant la catégorie poids lourds, la conduite est incompatible avec un champ visuel horizontal inférieur à 160°, à 70° vers la gauche et la droite, à 30° vers le haut et le bas". La conduite de nuit est incompatible en l'absence de vision nocturne, ou en cas de vision crépusculaire inadaptée. D'autres fonctions visuelles peuvent être testées et contre-indiquer la conduite : l'éblouissement, la sensibilité aux contrastes. La conduite est également incompatible en présence de certains antécédents de chirurgie et de pathologies oculaires.
Merci au Dr Jean-Pierre Sinopoli, médecin du travail.