Dépistage du cancer : où, quand, quels tests faire ?
Le dépistage permet de diagnostiquer précocement certains cancers, avant l'apparition de symptômes. L'objectif est de pouvoir mieux les soigner et rendre les traitements moins lourds. Quand se faire dépister ? Quels sont les cancers concernés par les dépistages organisés ? Qui doit faire un dépistage précoce ? Le point avec nos médecins.
Quand faire un dépistage du cancer ?
Pour être efficace et présenter le moins d'inconvénients possible, le dépistage systématique des cancers doit suivre des règles strictes relatives :
- à la fréquence de la maladie recherchée
- à l'âge des personnes concernées
- à la présence ou non de facteurs de risques particuliers (antécédents personnels ou familiaux de cancer ou de lésion précancéreuse ; prédispositions génétiques ; pathologies chroniques ayant ou non un lien avec un cancer en particulier, comme les MICI dans le cas de cancers colorectaux ou le diabète de type 2 pour plusieurs types de cancer ; certains comportements ou habitudes de vie).
- à l'absence de symptômes préalables
- au rythme des examens
- à la qualité technique irréprochable de ces examens
Il existe ainsi un certain nombre de facteurs qui déterminent quand faire le dépistage, ceux-ci peuvent être purement individuels ou collectif, notamment à partir d'un certain âge. Le mieux est donc de suivre les recommandations de son médecin en lui faisant part de ses facteurs de risques ainsi que d'éventuels symptômes.
Dépistage précoce : pour qui, comment ?
Certains types de cancer, comme les cancers de la peau, peuvent être dépistés de façon précoce. Le dépistage précoce peut s'adresser à une classe d'individus (par exemple, le dépistage cancer colorectal s'adresse à tous entre 50 et 75 ans et le test HPV qui se substitue progressivement au frottis chez les femmes de plus de 30 ans). Il peut aussi être réservé à certains cas, comme le dépistage du cancer de la prostate qui ne s'adresse qu'aux hommes présentant des symptômes évocateurs ou comme le dépistage du cancer de l'ovaire. La présence de facteurs de risque peut aussi amener à davantage de vigilance (antécédents personnels ou familiaux de cancer ou de lésion précancéreuse ; prédispositions génétiques ; pathologies chroniques ayant ou non un lien avec un cancer en particulier, comme les MICI dans le cas de cancers colorectaux ou le diabète de type 2 pour plusieurs types de cancer ; certains comportements ou habitudes de vie).
Comment ? Il peut s'agir des mêmes tests qu'en population générale mais à intervalles plus rapprochés, comme des frottis annuels au lieu de tous les trois ans pour le dépistage d'un cancer du col de l'utérus, ou encore d'autres techniques de détection, comme une coloscopie au lieu d'un test de recherche de sang dans les selles pour le dépistage d'un cancer colorectal, ou des IRM en routine, à la place des mammographies ou pour les compléter, pour celui d'un cancer du sein.
La détection précoce d'un cancer repose également sur la sensibilisation des patients à la reconnaissance de signes d'alerte : amaigrissement inexpliqué ; apparition d'une grosseur dans un sein, modification de la forme d'un sein ; évolution de l'aspect d'un grain de beauté (forme, taille, épaisseur, couleur) ; fatigue persistante... |
Qu'est-ce-que le dépistage "organisé" ?
Les cancers peuvent se dépister selon différentes modalités :
- Le dépistage "organisé" lorsque les pouvoirs publics invitent à intervalles réguliers une partie de la population à pratiquer régulièrement un examen bien précis. Certains cancers, pour lesquels des examens de référence ont démontré leur efficacité, sont accessibles via des programmes de dépistage organisé. C'est actuellement le cas pour le cancer du sein, le cancer colorectal et, depuis 2018, le cancer du col de l'utérus.
- Le dépistage "individuel" lorsque cette démarche est envisagée dans le cadre de la relation entre un patient et son médecin.
En quoi consiste le dépistage du cancer ?
Le principe du dépistage est de parvenir à diagnostiquer un cancer à un stade précoce, même s'il ne produit pas encore de symptômes, pour favoriser les chances de guérison. Ainsi, pour le dépistage du cancer du sein, la mammographie permet de mettre en évidence des anomalies qui ne sont encore ni visibles, ni palpables. En ce cas, le dépistage permet de proposer le plus tôt possible un traitement qui sera non seulement moins lourd mais qui aura aussi plus de chances d'être efficace. Dans certains cas, le dépistage peut même permettre de détecter une lésion dite "précancéreuse" et d'agir préventivement pour éviter son évolution vers un cancer. On peut ainsi détecter des lésions précancéreuses pour le cancer du col de l'utérus et le cancer colorectal. Alors, ces premières lésions pourront être aisément traitées et on évitera ainsi, la plupart du temps, la survenue d'un cancer.
Test de dépistage du cancer
Il n'existe pas un seul et unique test pour dépister les différents cancers. On ne peut pas non plus dépister le cancer par une simple prise de sang.
Examens pour dépister un cancer
Hors tests, faciles à réaliser, certains cancers peuvent être dépistés par des examens :
- Le cancer du sein : La mammographie est réalisée dans le cadre d'un dépistage du cancer du sein (mammographie de dépistage) "L'objectif du dépistage est de dépister un cancer à un stade précoce afin de limiter l'invasivité des traitements et d'améliorer le pronostic." explique le Dr. Wautier. Entre 50 et 74 ans, il est recommandé d'effectuer une mammographie de dépistage tous les 2 ans, avec double lecture dans le cadre du dépistage organisé. "Entre 40 et 50 ans, précise le Dr. Wautier, c'est laissé à la libre appréciation du médecin. Généralement, on évalue le risque individuel en fonction des antécédents familiaux, des antécédents personnels et de la palpation, pour savoir s'il est utile de réaliser une imagerie."
- Le cancer colorectal : une coloscopie réalisée soit après un test positif, soit directement s'il existe des facteurs de risque sera réalisé visualiser l'intérieur de l'intestin et de visualiser un polype ou une tumeur, et si possible, de procéder à son ablation.
- Le cancer de la prostate : aujourd'hui le vrai examen diagnostique est la biopsie de la prostate, qui est un examen invasif et douloureux.
Quels cancers peut-on dépister avec des tests ?
Aujourd'hui, si on parle uniquement de tests et non d'examen, 3 cancers peuvent être dépistés par ce biais, demandant alors des examens complémentaires pour confirmer les diagnostics :
- Le cancer colorectal par un test immunologique des selles qui permet de repérer la présence, même infime, de sang
- Le cancer du col de l'utérus par un test HPV
- La cancer de la prostate par un dosage du PSA dans le sang
Lorsque ces tests sont positifs, cela ne signifie pas que l'on souffre d'un cancer mais qu'il faut approfondir les examens.
Où se procurer les tests ?
Pour le cancer colorectal, tous les 2 ans, les personnes qui ont entre 50 et 74 ans reçoivent à leur domicile un courrier vous invitant à consulter votre médecin traitant au sujet du dépistage du cancer colorectal. C'est le médecin qui remet le test au patient après lui avoir
expliqué son mode d'utilisation. Les personnes qui n'ont pas réalisé le test remis par le médecin généraliste sont relancées par la structure de gestion qui leur envoie le test par voie postale avec un mode d'emploi. Pour le test HPV, le prélèvement est généralement fait par un gynécologue, parfois par un médecin généraliste ou une sage-femme. Mais, les recommandations de la HAS datant de juillet 2019 spécifient que l'auto-prélèvement vaginal (APV), qui représente une alternative au prélèvement cervical par un professionnel de santé pour la réalisation d'un test HPV doit être proposé, à partir de 30 ans, aux femmes non dépistées ou insuffisamment dépistées : il permet de faciliter le dépistage des femmes qui ne se font jamais dépister ou qui ne se font pas dépister selon le rythme recommandé. Le déploiement et la mise en pratique de cette recommandation devraient se faire dans les prochains mois.
Prix et remboursement des tests de dépistage du cancer
Les tests de dépistage du cancer colorectal sont gratuits. Actuellement, le test HPV coûte 27 € et il n'est pas remboursé. Néanmoins, devrait bientôt être mise en place une évolution de la codification de l'acte de dépistage et une prise en charge intégrale par l'assurance maladie, sans avance de frais, pour la réalisation du test HPV tous les 5 ans chez les femmes de 30 à 65 ans.
Où faire un dépistage du cancer ?
Le dépistage du cancer est à réaliser selon la spécificité de l'examen : dans un centre de radiologie pour la mammographie, auprès d'un gastro-entérologue pratiquant la coloscopie pour le cancer colorectal ou auprès d'un urologue pratiquant des biopsies pour le cancer colorectal.
Merci aux Dr Anne Wautier, gynécologue et François Morel, stomatologue.