Calculs urinaires : symptômes, causes, traitements
Affection très fréquente et douloureuse, les calculs urinaires touchent 10 à 15 % de la population française et apparaissent le plus souvent entre 30 et 50 ans. Quels sont les différents types de calculs, leurs causes et leurs traitements ? Le point avec le Dr Isabelle Tostivint, néphrologue à Paris.
Définition
La lithiase urinaire désigne la présence de calculs dans l'appareil urinaire. L'appareil urinaire se compose de deux reins, deux uretères, d'une vessie et d'un urètre. L'urine est synthétisée à partir du sang. Elle est filtrée au niveau des reins puis transportée jusqu'à la vessie à travers les 2 uretères. L'évacuation de l'urine, encore appelé miction, s'effectue par l'urètre qui se termine par le méat urinaire permettant ainsi d'éjecter l'urine. Un calcul est constitué d'amas pierreux et peut être de taille et de nature différentes. " Ils sont le fruit d'un déséquilibre entre les facteurs qui favorisent la formation du calcul (appelés promoteurs) et d'autres facteurs qui sont protecteurs (les inhibiteurs) " explique le Dr Isabelle Tostivint, néphrologue à Paris. Cette rupture de l'équilibre annonce un désordre qui est souvent nutritionnel, mais qui peut aussi avoir d'autres causes conjointes. "Le calcul est porteur d'un message de rupture d'équilibre dont il faut comprendre la cause pour prévenir les récidives" insiste la néphrologue.
Fréquence
La lithiase urinaire touche environ 2 à 5% de la population environ. Les hommes sont plus touchés que les femmes dans une proportion environ de 2 hommes pour une femme. La lithiase urinaire touche essentiellement les personnes de 40 à 50 ans et sont plus rares chez l'enfant. La lithiase urinaire est une pathologie qui récidive fréquemment dans près d'un cas sur deux. Les lithiases urinaires apparaissant avant l'âge de 40 ans sont celles qui récidivent le plus.
Les différents types de calculs
Il existe 5 grands types de calculs urinaires :
- Les calculs oxalo-dépendants, liés à une sursaturation en oxalates, souvent occasionnée par une alimentation déséquilibrée. Il est noir et ombiliqué et ressemble à une mûre.
- Les calculs calcium-dépendant ou calciques. Ces deux premiers types de calculs sont de loin les plus fréquents.
- Les calculs d'acide urique : ils représentent 5 à 10% des calculs rénaux. Ils sont souvent en lien avec un diabète qui rend les urines trop acides.
- Les calculs de struvite : liés aux infections par certains germes, ils représentent 10% des calculs environ.
- Les calculs d'origine génétique : ce sont les plus rares.
Causes
Les calculs rénaux sont souvent multifactoriels. Les causes peuvent être :
- Une mauvaise alimentation : les calculs sont souvent provoqués par une alimentation déséquilibrée, trop riche en aliments qui augmentent la concentration urinaire des promoteurs (protéines, lipides, sel et en sucres rapides) et trop pauvre en facteurs protecteurs alliés des inhibiteurs (magnésium, potassium, fibres, légumes, céréales complètes et fruits). "C'est ce qu'on appelle le déséquilibre de l'homme moderne" explique le Dr Tostivint.
- Un manque d'apport hydrique, qui favorise la concentration urinaire en certains éléments qui se cristallisent.
- Un défaut de digestion de l'oxalate dû à un microbiote modifié par exemple en cas de de maladie inflammatoire de l'intestin ou d'opération de type by-pass.
- Un traitement médicamenteux : Le taux d'acide oxalique peut s'élever lors de la consommation de certains compléments alimentaires telle que la Vitamine C et provoquer des calculs.
- Une origine infectieuse : la plus fréquente étant la bactérie Protéus mirabilis,
- Une malformation de l'arbre urinaire et plus précisément à un rétrécissement de la jonction pyelo urétérale, provoquant un ralentissement de l'écoulement des urines.
- Des diarrhées chroniques car elles entraînent une fuite des inhibiteurs dans les selles et donc un manque d'inhibition de la cristallisation dans les urines
- Des maladies (cause métabolique) : diabètes, hyperparathyroïdie, hyperthyroïdie, maladie des intestins (maladie de Crohn)
- Psychosomatiques (dépression, deuil, burn out …)
Symptômes
Lorsque qu'un calcul obstrue l'urètre, le bassinet, poche en forme d'entonnoir située à l'entrée, se dilate provoquant de violentes douleurs. Les douleurs typiques de la colique néphrétique sont très importantes et d'apparition brutale, débutant dans le dos et contournant les flancs pour se diriger vers les organes génitaux. Elle peut s'accompagner d'un iléus réflexe (vomissements), d'une hypertension et on observe parfois la présence de sang dans les urines. Les calculs présents dans les voies urinaires peuvent également provoquer une altération plus lente et progressive des fonctions rénales.
Diagnostic
Lorsqu'il a été possible de recueillir le calcul, son examen est la première étape primordiale au diagnostic. "C'est l'analyse de la pièce à conviction, à savoir le calcul lui-même, qui va permettre d'identifier la nature du calcul et de comprendre son origine" insiste le Dr Tostivint. L'analyse du calcul s'effectue par spectrophotométrie infrarouge, basée sur l'absorption de radiations infrarouges, à partir de la récupération morceaux du calcul. Cela permet de connaitre précisément la composition du calcul et de mettre en place des traitements et mesures préventives très ciblées. Mais cette étape n'est pas toujours possible puisqu'il est fréquent de ne pouvoir recueillir le calcul urinaire.
• Bilan urinaire
Le bilan urinaire repose sur un ECBU. "Si l'on n'a pas de calcul à analyser, on peut rechercher dans les urines les précurseurs de ces calculs qui s'appellent cristaux urinaires" explique le Dr Tostivint. On recherche aussi dans les urines une éventuelle hyperoxalurie ou hypercalciurie. Le pH urinaire est également mesuré afin de vérifier que les urines ne sont pas trop acides. Enfin, on cherche la présence éventuelle de bactéries comme le Protéus Mirabilis qui indiquerait une infection urinaire, cause possible des calculs.
• Enquête étiologique
Le patient est interrogé sur ses éventuels traitements médicamenteux, ses antécédents familiaux, les maladies héréditaires. Une enquête alimentaire détaillée est essentielle pour avoir une idée de ses habitudes de consommation (déséquilibres, excès, carences, répartition des aliments sur la journée etc …) souvent mises en causes dans la survenue des calculs.
Le bilan sanguin comprend au minimum une créatininémie, nécessaire pour évaluer la fonction rénale et la calcémie, une glycémie (suivie éventuellement d'un dosage de l'hémoglobine glyquée et d'une HGPO) est généralement faite afin de rechercher la présence d'un diabète.
• Échographie rénale
L'échographie rénale permet également de rechercher le calcul urinaire, d'évaluer sa taille, et de visualiser son retentissement sur l'appareil urinaire. Les calculs sont plus facilement repérables lorsqu'ils se retrouvent dans le rein ou la vessie.
• Scanner basse dose
Le scanner basse dose sans injection est un des examens de référence dans la lithiase urinaire : il permet le diagnostic de petits calculs urétéraux mais également de visualiser le retentissement sur les voies urinaires et le rein et de découvrir les petits calculs qui ne provoquent pas de manifestations urinaire. La mesure de leur densité renseigne sur leur nature. Il est également utilisé pour rechercher une éventuelle anomalie anatomique de l'arbre urinaire.
"La première règle à appliquer impérativement est d'arrêter de boire,"
Traitement
C'est la colique néphrétique, extrêmement douloureuse, qui doit être traitée en premier.
- "La première règle à appliquer impérativement est d'arrêter de boire, au risque que les cavités rénales soient tellement distendues qu'elles en arrivent à se rompre" insiste la néphrologue.
- Il faut ensuite donner des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pour lutter contre l'œdème réactionnel au passage du calcul dans l'uretère.
- Si une infection urinaire a été détectée : il faut la traiter.
- Enfin, il faut donner des antalgiques majeures type Acupan® voire morphine pour traiter la douleur.
Les calculs peuvent s'évacuer spontanément par les voies naturelles mais ce n'est pas toujours le cas.
- Quand les calculs ne passent pas et "en fonction de leur taille et de leur emplacement, on envisage avec l'urologue de mettre une sonde JJ : avec la boucle du J à l'envers dans la cavité du rein et la boucle du J à l'endroit dans la vessie, afin de libérer et de ne plus avoir mal" explique la néphrologue.
- Dans un second temps on traite le calcul par lithotritie extracorporelle (LEC) : ce sont des ondes de choc qui ont pour but de fragmenter le calcul.
- En cas d'échec il y a l'urétéroscopie souple laser (URSS) qui permet de traiter par voie endoscopique des calculs situés dans les cavités rénales.
- Enfin, la néphrolithotomie percutanée (NLPC) : est recommandée pour les calculs de plus de 2 cm.
Traitements naturels
Il existe de très nombreux traitements naturels aux calculs rénaux, qui peuvent s'avérer efficaces s'ils sont mis en place dès les premiers signes annonciateurs d'un calcul.
Persil, pissenlit, verveine et ortie peuvent prévenir les calculs.
- De nombreuses herbes diurétiques, consommées en infusion, seraient ainsi efficaces pour prévenir les calculs. C'est le cas du persil, du pissenlit, de la verveine et de l'ortie.
- Côté homéopathie : l'Oxalicum acidum 5 CH est conseillé en cas de calculs oxaliques et l'association de Calcarea carbonica, Collubrina et Lycopodium en cas d'acides uriques.
- L'extrait naturel de mangoustan, riche en hydroxycitrate, serait très efficace pour ralentir la formation de cristaux de calcium.
- Le jus de citron inhiberait la cristallisation, réduisant ainsi la formation de calculs.
Règles diététiques : l'alimentation en cas de calculs urinaires
Les règles diététiques sont essentielles pour éviter la formation des calculs rénaux. Il est recommandé d'augmenter la consommation d'aliments inhibiteurs de calculs, à savoir les légumes, les céréales complètes, les aliments riches en magnésium et en potassium, les fruits et les fibres d'une manière générale. En parallèle, il faudra diminuer la consommation d'aliments augmentant la concentration des promoteurs (qui favorisent la formation de calculs) : les viandes grasses, les charcuteries, le fromage, les aliments trop sucrés et trop salés, les aliments industriels riches en phosphates et en acidifiants. Il est également essentiel de bien répartir ses aliments sur la journée, en évitant de faire un repas beaucoup plus riche que les autres. Enfin, le maintien d'un poids de forme stable et la pratique d'une activité physique régulière sont importants, l'obésité et la sédentarité étant des facteurs aggravant la formation de calculs.
Boire en quantité suffisante permet de diluer les urines.
Prévention : comment éviter les calculs urinaires ?
En plus de ces règles hygiéno-diététiques, l'augmentation des boissons est essentielle. On la recommande pour tous les types de calcul urinaire. Il est indispensable de boire 2 litres par jour afin d'assurer une quantité d'urines quotidienne de 2 litres par jour. Boire en quantité suffisante permet de diluer les urines et de diminuer le risque de formation de calculs. Il est conseillé de répartir les boissons régulièrement tout au long de la journée et au moins une fois pendant la nuit, nécessitant un réveil systématique. "La tisane du soir-espoir, permet de prévenir l'apparition des cristaux du matin-chagrin dans les urines" ajoute la spécialiste, précisant que c'est en fin de nuit que les cristaux ont tendance à se former, suite à la réabsorption des urines primitives, qui rendent les urines matinales très concentrées.
Merci au Dr Isabelle Tostivint, néphrologue à Paris.