Anévrisme : cerveau, aorte, c'est quoi, quels signes ?
L'anévrisme désigne la dilatation anormale d'une portion d'artère (aorte, artère du cerveau, abdominale). On ne sent généralement rien (ou presque rien) quand on a un anévrisme, jusqu'à ce qu'il y ait une rupture d'anévrisme qui peut être fatal.
L'anévrisme correspond à la dilatation anormale d'une partie d'une artère, dont la paroi, fragilisée, risque de se rompre (c'est ce qu'on appelle une rupture d'anévrisme). Et plus l'anévrisme est grand, plus le risque de rupture est élevé, raison pour laquelle la surveillance régulière de sa taille est importante. "L'anévrisme touche à 80% les hommes et à 20% les femmes. Mais depuis 15 ans, l'incidence des anévrismes a augmenté de 25% chez la femme", souligne le Pr Paul Menu, chirurgien cardiaque et porte-parole de la Fédération française de Cardiologie (FFC). Quelle est la cause d'un anévrisme ? Les facteurs de risque ? Y a-t-il des signes annonciateurs ? Comment se soigner ?
Quelle est la définition d'un anévrisme ?
"Un anévrisme correspond à la dilatation d'une portion d'une artère. Les artères (aorte, artère carotide, artère fémorale, artère abdominale, artère cérébrale...) sont des vaisseaux dont la paroi est formée de trois couches, lorsque la couche du milieu, la média, faiblit, le vaisseau se dilate et menace de se rompre", explique le Pr Paul Menu. Cette dilatation progressive fragilise ainsi la paroi de l'artère qui, à partir d'une certaine taille, peut se fissurer ou se rompre, provoquant une brutale hémorragie interne : c'est ce qu'on appelle une rupture d'anévrisme. "Les artères étant partout dans le corps, les risques et conséquences sont très différentes en fonction de la localisation de l'anévrisme. Ce n'est pas la même chose que d'avoir un anévrisme au niveau du cerveau que d'avoir un anévrisme au niveau du gros orteil", tient à préciser notre expert.
Quelles sont les causes d'un anévrisme ? Les facteurs de risque ?
La cause d'anévrisme la plus courante est l'athérosclérose qui correspond à des dépôts de matières grasses dans les artères, ce qui fragilise leur paroi. C'est ainsi que tous les facteurs de risque de l'athérosclérose augmentent les risques de développer un anévrisme. Ce sont principalement :
- L'hypertension, particulièrement les poussées hypertensives
- Le tabac
- Le diabète
- Le surpoids
- Le cholestérol
- Le stress (choc, forte émotion...)
La prévention consiste à contrôler ces facteurs de risque. "Les facteurs de risque se multiplient entre eux. L'hypertension multiplie le risque d'anévrisme par 7 et le tabac multiplie le risque d'anévrisme par 6. Une personne hypertendue et fumeuse a donc un risque d'anévrisme multiplié par 42 (6 x 7). Il existe également des anévrismes congénitaux (présents dès la naissance) chez les personnes qui ont des vaisseaux plus fragiles que la normale", explique notre interlocuteur.
Un anévrisme entraîne-il des symptômes ?
"Les artères n'étant pas innervées, on ne sent généralement rien (ou presque rien) quand on a un anévrisme. Un anévrisme ne donne aucun signe clinique tant qu'il ne se rompt pas et peut être présent tout au long de la vie d'un individu sans se manifester. "L'absence de symptôme est donc l'une des principales difficultés pour détecter cette pathologie. Dans environ 80% des cas, c'est lors de la complication que l'on peut avoir des symptômes", explique notre interlocuteur. La survenue d'une douleur aiguë abdominale, de trouble de la vision, de douleurs faciales ou de maux de tête intenses, peuvent être des signes annonciateurs d'un anévrisme volumineux ou d'une rupture d'anévrisme.
Quelles sont les complications d'un anévrisme ?
L'anévrisme est une pathologie dangereuse qui peut être mortelle. "La principale complication d'un anévrisme est la rupture d'anévrisme : une paroi qui se dilate devient de plus en plus fine et peut se rompre, ce qui entraîne des conséquences sur le territoire vascularisé par l'artère rompue. Là encore, la gravité de la rupture d'anévrisme dépend du siège. On comprend bien que la rupture est bien plus grave s'il s'agit d'un anévrisme cérébral que s'il s'agit d'un anévrisme radial ou fémoral par exemple", indique-t-il.
Qu'est-ce qu'un anévrisme cérébral ?
Les anévrismes du cerveau représentent plus de 20% des anévrismes. Ce sont les anévrismes les plus fréquents. L'anévrisme du cerveau est (quasiment) asymptomatique. "On n'a pas mal à la tête. Il n'y a pratiquement pas de signes cliniques avant la rupture. La rupture d'anévrisme du cerveau est l'une des causes d'AVC (accident vasculaire cérébral)", prévient notre médecin. Les survivants peuvent souffrir de séquelles importantes comme la paralysie et des troubles de la parole, de la vision, de la mémoire...
Qu'est-ce qu'un anévrisme thoracique ?
L'anévrisme de l'aorte thoracique est le deuxième type d'anévrisme le plus fréquent. Il correspond à la dilatation de l'aorte thoracique, l'artère principale de l'organisme, qui amène le sang depuis le cœur vers tous les territoires du corps "Normalement, une aorte thoracique doit faire moins de 30 millimètres de diamètre. Si elle augmente de diamètre, il faut la surveiller par des échographies. A partir de 60 millimètres de diamètre le risque de rupture est très important. La Société française de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire recommande d'opérer quand l'aorte atteint 50 à 52 mm de diamètre (à définir selon l'âge, le profil du patient et la vitesse d'évolution de l'anévrisme)", rapporte notre interlocuteur.
Qu'est-ce qu'un anévrisme abdominal ?
L'anévrisme de l'aorte abdominale (AAA) correspond à une dilatation localisée d'un segment plus ou moins long de l'aorte dans sa portion abdominale. L'AAA est en majorité localisé au niveau de l'aorte sous-rénale (l'aorte abdominale sous-rénale est le segment distal de l'aorte abdominale). Elle concerne les hommes dans 85% des cas. "La rupture d'un anévrisme de l'aorte abdominale chez les hommes de plus de 75 ans a un taux de létalité élevé", souligne notre intervenant.
Qu'est-ce qu'un anévrisme mycotique ?
L'anévrisme mycotique est l'une des complications (rares et graves) de l'endocardite infectieuse.
Comment diagnostique-t-on un anévrisme ?
Le plus souvent, un anévrisme est découvert par hasard, à l'occasion d'un examen médical par palpation d'une masse abdominale, d'une échographie ou d'un autre examen d'imagerie. "Quand on a des facteurs de risque connus, le médecin doit aller à la recherche d'anévrisme et envisager la réalisation d'examens adaptés (radiographie, IRM, angiographie, échographie) afin de vérifier que les artères ne sont pas dilatées", insiste le Pr Menu.
Quelle est la prise en charge d'un anévrisme ?
Une fois le problème identifié, la prise en charge diffère en fonction de la gravité de l'anévrisme : soit on ne fait rien, mais on surveille rigoureusement son évolution, soit on pratique une intervention chirurgicale pour corriger le problème. "Il existe plusieurs techniques d'opération : opération par vidéochirurgie ou opération endovasculaire (mise en place d'une prothèse à l'intérieur de l'artère)", liste le Pr Menu. La rupture d'un anévrisme est considérée comme une urgence médicale absolue, en raison de son risque de décès rapide et des séquelles qu'elle peut entraîner.
Comment prévenir un anévrisme ?
Il n'existe aucun traitement préventif permettant d'éviter la formation d'un anévrisme. Toutefois, il est possible de limiter son aggravation en évitant le tabac, la sédentarité et le surpoids et en traitant correctement une hypertension artérielle et un taux élevé de cholestérol sanguin.
Merci au Pr Paul Menu, chirurgien cardiaque et porte-parole de la Fédération Française de Cardiologie (FFC).