Etes-vous daltonien ? Test rapide, transmission, que voit-on ?
Le daltonisme (aujourd'hui appelé dyschromatopsie) est une trouble génétique caractérisé par une perception altérée des couleurs. La forme la plus fréquente est la confusion entre le rouge et le vert.
Aujourd'hui, le terme médical qui définit le daltonisme est la dyschromatopsie, ce qui correspondant à un trouble de la perception des couleurs. Dans le langage courant, les termes "daltonisme" et "daltonien" sont encore utilisés. Le daltonisme concerne presque exclusivement les hommes et l'on estime que 8 à 9% de la population masculien est concernée. Les femmes sont exceptionnellement atteintes. La forme la plus fréquente est la confusion entre le rouge et le vert. Quelles couleurs voit un daltonien ? Quel est le test pour dépister un daltonisme ? Est-ce génétique ? Héréditaire ? Quels sont les risques de transmission ? Eclairage du Pr Antoine Brézin, professeur d'ophtalmologie à la faculté de médecine de l'Université Paris-Cité, chef du service d'Ophtalmologie de l'Hôpital Cochin et auteur du livre Comprendre et soigner ses yeux (Editions du Cerf).
Quelle est la définition du daltonisme ?
"On utilise moins qu'autrefois (voire plus du tout) le terme de "daltonisme". Ce mot est toutefois resté dans le vocabulaire courant. Désormais, on parle de "trouble de la vision des couleurs" ou de "dyschromatopsie" qui signifie que la personne ne distingue pas correctement toutes les couleurs", explique le Pr Brézin. Pour l'anecdote, "Daltonisme" est dérivé du nom de John Dalton, un chimiste et physicien britannique qui a décrit et analysé la vision des couleurs à la fin du XVIIIe siècle, après avoir observé sa propre altération des couleurs.
Quelles sont les causes d'un daltonisme ?
Dans la rétine, il y a des bâtonnets et des cônes. Les cônes sont des photorécepteurs qui permettent de distinguer les couleurs. Il y a de 3 types de cônes : les cônes rouges, les cônes verts et les cônes bleus. C'est grâce au mélange des réponses à ces différents cônes que l'on peut reconstituer les couleurs. L'œil humain normal perçoit toute la palette de couleur, du violet au rouge, en analysant le mélange des signaux reçus par ces trois types de cônes, indique notre interlocuteur. "La plupart des troubles de la vision des couleurs sont d'origine génétique : il y a une mutation (anomalie dans un des gènes) dans ces cônes qui fait que la perception des couleurs est altérée. Il existe une multitude d'altérations différentes, plus ou moins fréquentes. L'altération la plus fréquente est la confusion entre le rouge et le vert (appelée dyschromatopsie d'axe rouge/vert). Plus rarement, certains troubles de la perception des couleurs ne sont pas congénitaux mais acquis et secondaires à un surdosage de certains médicaments (notamment un médicament utilisé dans le traitement de la tuberculose)", détaille le Pr Brézin.
Comment voit un daltonien ? Quelles sont les couleurs qu'il ne voit pas ?
Pour une personne dyschromate dont la forme de dyschromatopsie est d'axe rouge/vert, le rouge et le vert apparaissent de la même manière et perçoit les couleurs comme sur le cercle ci-dessous à droite.
Est-il vrai que le daltonisme touche uniquement les hommes ?
La plupart des dyschromatopsies concernent les hommes : on estime qu'environ 9% de la population masculine est concernée par un trouble de la perception des couleurs, tandis que seules 0.5% des femmes ont une dyschromatopsie. Cela s'explique simplement par le fait que "la plupart des gènes des pigments des cônes sont situés sur le chromosome X. Les femmes ont deux chromosomes X, ainsi, quand il y a une anomalie sur l'un des chromosomes, l'autre chromosome permet généralement de "compenser" cette altération des couleurs (on appelle ça la transmission récessive liée à l'X). Les hommes possèdent quant à eux un chromosome X et un chromosome Y et ne peuvent pas "compenser" la mutation sur le chromosome X avec l'autre chromosome", détaille notre interlocuteur.
Le daltonisme est-il héréditaire ?
"Oui. Les femmes, qui ne sont qu'exceptionnellement atteintes de dyschromatopsie, peuvent transmettre la mutation génétique à leurs enfants : leurs enfants de sexe masculin ont une chance sur deux d'être affectés par ce trouble de la vision des couleurs", explique notre interlocuteur.
Y a-t-il un test officiel pour diagnostiquer le daltonisme ?
La dyschromatopsie se dépiste à l'école avec le test d'Ishihara (élaboré en 1917) qui permet de déceler la dyschromatopsie d'axe rouge/vert. Le test consiste en une série de planches comportant des nombres de couleur rouge dans des cercles verts (ou des nombres verts dans des cercles rouges, voir l'image ci-dessous).
→ Une personne avec une perception normale des couleurs distingue les nombres à l'intérieur des ronds
→ Une personne avec une dyschromatopsie d'axe rouge/vert ne parvient pas à distinguer les nombres à l'intérieur des ronds.
Y a-t-il un traitement pour soigner le daltonisme ?
Comme il s'agit d'un trouble génétique, il n'y a pas de prise en charge ni de traitement. "On nait comme ça et on le reste à vie. Généralement, les personnes dyschromates le vivent plutôt bien au quotidien, en revanche, il est important de le savoir assez tôt pour les orientations professionnelles", souligne l'expert.
Quels sont les métiers interdits aux daltoniens ?
La présence d'un trouble de la perception des couleurs est déterminante pour le choix d'une orientation professionnelle et certaines professions sont, de fait, fermées aux dyschromates : électricien, conducteur de train, pilotes d'avion, certains métiers artistiques (styliste, artiste-peintre...). Voilà pourquoi il est très important de faire des dépistages dans les écoles.
Peut-on conduire une voiture quand on est daltonien ?
Il est tout à fait possible de conduire une voiture avec un trouble de la perception des couleurs car même si on confond le vert et le rouge, la position des feux tricolores permet de savoir s'il s'agit d'un feu rouge (positionné en haut) ou d'un feu vert (positionné en bas).
Merci au Pr Antoine Brézin, professeur d'ophtalmologie à la faculté de médecine de l'Université Paris-Cité, chef du service d'Ophtalmologie de l'Hôpital Cochin et auteur du livre Comprendre et soigner ses yeux (Editions du Cerf).