Audiométrie : tonale, vocale, normale, interprétation
L'audiométrie (tonale, vocale) est un test utilisé pour évaluer l'audition grâce à des sons de fréquences différentes et à des mots émis à différentes intensités. Définition, déroulé de l'examen, audiométrie normale, interprétation des résultats…Le point avec le Dr Sophie Boucher, médecin ORL au CHU d'Angers.
Définition : qu'est-ce qu'une audiométrie ?
L'audiométrie subjective est un examen médical qui vise à évaluer la qualité de l'audition avec la participation du patient. Elle comprend deux parties :
► l'audiométrie tonale, qui permet d'estimer la sensibilité du sujet à différentes fréquences sonores
► l'audiométrie vocale qui fournit une indication sur sa compréhension des mots : leur intelligibilité.
Ces deux tests sont complémentaires et nécessitent une concentration optimale. Ils sont pratiqués chez toute personne manifestant des troubles de l'audition.
Audiométrie tonale ?
"L'audiométrie tonale est un examen qui consiste à tester la capacité du patient à détecter des seuils auditifs, c'est-à-dire les plus petits sons possibles, à différentes fréquences sonores. Ces sons, répartis sur les fréquences allant de 125 à 8000 hertz, sont diffusés dans les oreilles du patient grâce à un casque posé sur ses oreilles. Dès que celui-ci perçoit un son, il doit lever la main ou appuyer sur un bouton", explique le Dr Sophie Boucher, médecin ORL au CHU d'Angers.
Audiométrie vocale ?
L'audiométrie vocale est un examen visant à déterminer la capacité du patient à reconnaître des mots parmi une liste à une intensité donnée. Un pourcentage va être obtenu en fonction du nombre de mots correctement répétés et de la variation de l'intensité sonore. On en déduira son seuil d'intelligibilité : l'intensité à laquelle il comprend la moitié des mots. Ce seuil correspond au niveau moyen de la perte auditive.
Audiométrie dans le bruit
Contrairement aux deux tests précédents, qui sont réalisés dans le silence, idéalement dans une cabine insonorisée, l'audiométrie dans le bruit consiste à faire répéter au patient des mots ou des phrases alors qu'il est exposé à un bruit compétitif (bruit de vent, bruit dit de cocktail party). "Cela met en jeu la capacité du patient à extraire le signal qui l'intéresse du bruit environnant. Cette audiométrie dans le bruit est particulièrement indiquée chez les patients qui décrivent des troubles de la compréhension dans le bruit, alors même que leurs tests en audiométrie tonale et vocale se révèlent satisfaisants, indique l'ORL. C'est souvent le cas à partir de 50 ans, quand les seuils auditifs ne sont pas encore abaissés, alors que les cellules fonctionnelles sont moins nombreuses : l'intelligibilité dans le bruit est alors la première à se dégrader nécessitant une plus grande concentration pour suivre une discussion".
Indications : quand faire un test d'audiométrie ?
De manière générale, toute plainte auditive justifie une audiométrie. Classiquement, cet examen est indiqué dans les cas suivants :
- Chez les patients de plus de 50 ans dans le cadre du dépistage auditif de la presbyacousie (baisse d'audition liée à l'âge).
- Chez les professionnels exposés au bruit, qui relèvent de tests auditifs dans le cadre de la médecine du travail.
- Chez les enfants qui présentent des retards de langage, qu'il s'agisse de retards à l'acquisition ou de retards au développement du langage. "Le plus souvent, ces retards font suspecter une otite séreuse. C'est l'audiométrie qui va confirmer le diagnostic et aider à poser l'indication opératoire du traitement de ces otites", précise notre interlocutrice.
Dès qu'un tympan est anormal ou qu'une intervention sur l'oreille est envisagée afin de connaître le retentissement de l'atteinte sur l'audition.
Comment se passe une audiométrie ?
En pratique, le patient est placé dans une cabine insonorisée, un casque sur les oreilles, et il doit, en fonction des habitudes de chacun, soit appuyer sur un bouton poussoir, soit lever la main dès qu'il entend le plus petit bruit détectable. Cela nécessite une certaine concentration. "Ce test est dit à conduction aérienne puisque le son part du casque, va jusqu'aux tympans, puis est transmis jusqu'aux osselets", détaille la spécialiste. Le même procédé va être effectué en conduction osseuse : le casque est remplacé par un petit boîtier de 2 cm, placé soit derrière l'oreille, soit sur le front. "On va demander au patient d'indiquer à quelle intensité il détecte le plus petit bruit décelable, alors qu'un bruit compétitif est diffusé dans l'oreille opposée. Le médecin inscrit les résultats sur un audiogramme qui se présente sous la forme d'un graphique", continue-t-elle.
Où faire une audiométrie ?
Une audiométrie peut être effectuée dans la plupart des cabinets ORL, ainsi que dans les services ORL des hôpitaux. Prochainement, les médecins généralistes pourront également réaliser des audiométries de dépistage. "La fondation pour l'audition a fait valider scientifiquement un test préliminaire accessible gratuitement depuis son smartphone ou sa tablette, via une application nommée Höra. Ce test nécessite simplement d'avoir des écouteurs branchés et d'être dans un environnement très calme", ajoute le Dr Sophie Boucher.
Quelle est l'audiométrie normale ?
Une audiométrie est considérée comme normale lorsque les deux courbes en conduction aérienne et osseuse se rejoignent en haut du graphique, avec une détection des sons inférieurs à 20dB. Plus celles-ci se situent vers le haut, plus l'audition est bonne.
Comment interpréter une audiométrie ?
Les résultats de l'audiométrie sont inscrits sur un audiogramme, qui se présente sous la forme d'un graphique. Celui-ci comprend les fréquences (du plus grave à gauche au plus aigu à droite - de 125 à 8000 Hz) sur l'axe horizontal. L'intensité de stimulation est notée sur l'axe vertical. Le 0 se situe en haut, le 120 dB en bas. L'axe horizontal représente la fréquence sonore en décibels. Plus le patient entend bien, plus sa réunion des différents points se trouve vers le haut. "Par exemple, s'il y a un point à 30 décibels sur 500 hertz, cela signifie que le patient a perdu 30 dB", illustre le médecin ORL. La perte auditive est confirmée quand la perte est supérieure à 20dB sur l'audiométrie. "Il peut s'agir d'une perte d'intensité pour une fréquence unique (scotome). Cela concerne majoritairement les professionnels exposés au bruit, qui présentent une perte isolée sur le 4000 ou le 6000 Hz. La notion de perte auditive au sens reconnaissance de la surdité correspond à une moyenne des réponses auditives à différentes fréquences. La moyenne la plus utilisée est l'intensité perçue à 500, 1 000, 2000 et 4000 hertz divisé par 4", poursuit le Dr Sophie Boucher.
Merci au Dr Sophie Boucher, médecin ORL au CHU d'Angers.