Electrophorèse de l'hémoglobine : interprétation, c'est quoi, à jeun ?
L'électrophorèse de l'hémoglobine est une technique utilisée en biologie pour détecter des malformations de l'hémoglobine. Dans quels cas l'analyse-t-on ? En quoi consiste l'examen ? Faut-il être à jeun ? Réponses avec Gaël Saintenoy, biologiste.
Définition
Une électrophorèse est un procédé qui vise à séparer différentes particules en fonction de leur charge électrique, de leur taille et de leur forme. Cette séparation se fait grâce à un champ électrique généré par des électrodes, mises au contact de la solution à étudier. Une électrophorèse de l'hémoglobine se pratique à partir d'un échantillon sanguin et permettra de séparer les différents types d'hémoglobine contenus dans le sang. En effet, l'hémoglobine sanguine existe sous diverses variétés, essentiellement l'A1 représentant habituellement 98% de l'hémoglobine chez l'adulte, et l'A2. Mais il reste généralement une quantité d'hémoglobine fœtale chez l'adulte, et certains types d'hémoglobine sont en rapport avec des maladies du sang appelées "hémoglobinoses", comme l'hémoglobine S notamment, responsable de la drépanocytose modifiant la forme des globules rouges.
Indications
En France, l'électrophorèse de l'hémoglobine est indiquée dans les cas suivants :
- Toute grossesse chez une femme non caucasienne.
- Conjoint d'une femme non caucasienne.
- Antécédent familial d'une hémoglobinopathie, quelle qu'elle soit (thalassémie ou drépanocytose).
- Nouveau-né d'origine non caucasienne.
- Dans certains cas d'anémie, pas forcément expliquées par une carence en fer ou en vitamines.
- Dans le suivi pré et post transfusion des patients porteurs d'une hémoglobinopathie telle qu'une drépanocytose.
Interprétation des résultats
"L'électrophorèse de l'hémoglobine est une technique électrophorétique qui consiste à faire migrer l'hémoglobine du patient et à analyser les variations du taux de cette protéine dans le sang en fonction du temps de migration, explique Gaël Saintenoy. On distingue deux grands types de maladies :
- Des hémoglobinopathies structurales. La plus fréquente est la drépanocytose, une anomalie de structure amenant une migration différente qui est à l'origine d'une moindre élasticité des globules rouges dans les vaisseaux sanguins de petite taille et qui entraîne des crises drépanocytaires.
- Les anomalies partielle ou totale de synthèse (thalassémies) que l'on verra en faisant le rapport".
Electrophorèse de l'hémoglobine à jeun ?
Il n'est pas nécessaire d'être à jeun pour le prélèvement.
Electrophorèse de l'hémoglobine pendant la grossesse
Cet examen peut être recommandé pour toutes les femmes enceintes originaires d'Afrique, du Moyen-Orient et du pourtour méditerranéen lors de leur première grossesse mais une fois que le diagnostic a été posé, il n'évolue plus. "Il n'y a aucun intérêt à faire une électrophorèse de l'hémoglobine chez une jeune femme enceinte européenne, sauf en cas d'antécédents connus d'hémoglobinopathie chez elle ou son compagnon", précise le biologiste.
Electrophorèse de l'hémoglobine et drépanocytose
La drépanocytose est une maladie génétique de l'hémoglobine, une protéine qui permet de transporter l'oxygène dans l'organisme. Cette pathologie se traduit par une mauvaise circulation sanguine, une anémie, des crises douloureuses et une moindre résistance aux infections. "Sur l'électrophorèse, on voit la migration des différentes variantes de l'hémoglobine. En cas de drépanocytose, on observe une migration anormale appelée hémoglobine S (Hb S). En fonction de l'analyse du tracé électrophorétique, on peut savoir si la personne est drépanocytaire, hétérozygote ou homozygote. Si elle est hétérozygote, cela signifie qu'elle a 50% de version saine et 50% de version non saine. Si elle est homozygote, l'atteinte peut être plus grave. S'il y a une drépanocytose, on fait un prélèvement sur le père de l'enfant et on évalue à ce moment-là le risque parce que si le père a aussi une drépanocytose, cela augmente le risque de fausse couche ou d'accouchement prématuré", poursuit le spécialiste.
Merci à Gaël Saintenoy, biologiste.