Vivre avec une allergie alimentaire Symptômes et prise en charge
Quels sont les symptômes les plus courants ?
Dr Rancé : Les signes se manifestent immédiatement jusqu'à 4 h après l'ingestion de l'aliment en cause. On voit apparaître sur la peau, de l'urticaire, de l'eczéma et/ou un œdème de Quincke. Un grattage dans la bouche, des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements, des diarrhées sont les principaux signes digestifs. Quant aux symptômes respiratoires, il y a la rhinite, la conjonctivite, la toux et la gène respiratoire.
Ces signes font penser à ceux de l'asthme. Peut-on confondre ces deux pathologies ?
Effectivement, les symptômes sont proches. D'ailleurs, ils peuvent être associés. Seul, un interrogatoire minutieux, complété par des tests cutanés et sanguins permettent de confirmer le diagnostic.
Quelle est la prise en charge de l'allergie dès lors que l'allergène a été identifié ?
Il y a une panoplie de médicaments qui traitent les symptômes de l'allergie. Anti-histaminiques, corticoïdes et bronchodilatateurs sont les principaux traitements. On peut aussi administrer de l'adrénaline en cas de choc anaphylactique (une réaction allergique exacerbée tant par les symptômes que par la rapidité de leur apparition : ndlr). Bien que ce soit une réaction très rare (4 % des allergies, plus fréquemment chez l'adulte), elle peut mettre en jeu le pronostic vital. Là, une seule chose à faire : injecter l'adrénaline et appeler les secours. Au quotidien, on recommande aux allergiques d'avoir en permanence leur traitement avec eux. Ainsi, dès que les symptômes apparaissent, on peut prendre au plus tôt son traitement, ce qui le rend d'autant plus efficace.
La désensibilisation est-elle possible ?
Malheureusement, la désensibilisation - qui est efficace pour les allergies respiratoires - n'est pas encore possible pour les allergies alimentaires. Mais des études sont en cours, il y a de l'espoir. En attendant, la seule solution reste l'éviction des aliments en cause.
Comment faire ses courses quand on est allergique ?
Beaucoup de personnes allergiques consomment leurs propres préparations. Ils s'évitent ainsi tout risque d'allergie. Sinon, il reste la possibilité de regarder attentivement les étiquettes sur les emballages des aliments.
Depuis le 25 novembre 2005, une réglementation oblige à mentionner dans la liste des ingrédients toutes substances ou dérivées de substances appartenant à la liste des 12 allergènes à étiquetage obligatoire. Et cela, quelque soit la quantité d'aliment. Cette inscription doit être lisible et compréhensible par tout le monde. Par exemple, il sera noté le mot œuf à la place d'albumine.
Et comment faire lorsque son enfant mange à la cantine ?
Depuis la crèche jusqu'au secondaire, dans les centres aérés et de loisirs, il existe une directive qui facilite l'insertion des enfants à l'école. Ce protocole appelé PAI (Projet d'Accueil Individualisé) peut s'adapter aux restaurations collectives. Sa mise en place se fait à la demande des parents notamment auprès du directeur d'établissement. Exceptionnellement, la restauration collective est contre-indiquée en cas d'allergie particulièrement sévère ou de comportement inadapté de l'enfant, s'il venait à prendre le repas de son copain, par exemple.
Y a t-il des moyens de prévention ?
La seule prévention s'adresse aux enfants à risque, qui ont un antécédant familial d'allergie. On recommande à la mère d'allaiter ou, le cas échéant, de nourrir son bébé avec une formule spécifique à base d'hydrolysat de protéines jusqu'à l'âge de 6 mois. Comme pour tout enfant, l'introduction des aliments est conseillé à 6 mois. En outre, depuis peu et en dehors d'allergie prouvée, on ne préconise plus d'attendre l'âge de 12 mois voire de 3 ans pour introduire les aliments dits à haut risque d'allergie. Dès 8-9 mois, l'enfant peut être éduqué à de nouvelles saveurs.