Incontinence urinaire chez l'homme : âge, causes, traitement
L'incontinence urinaire n'est pas l'apanage des femmes. Passé un certain âge, les hommes y sont aussi confrontés. Quels en sont les premiers symptômes ? À quoi est-elle due et comment la traiter ? Réponses avec le Dr Vincent Hupertan, chirurgien urologue et sexologue à la clinique Turin à Paris.
Définition : qu'est-ce que l'incontinence urinaire ?
"L'incontinence urinaire est une fuite d'urine qui se produit de façon involontaire. Tant que la prostate est présente, l'homme ne connaît pas de véritable incontinence urinaire telle qu'on l'imagine, même s'il peut parfois y avoir des gouttes retardataires en cas d'adénome de la prostate ", explique le Dr Vincent Hupertan. Il existe plusieurs formes d'incontinence : l'incontinence par regorgement provoquée par un obstacle chronique de la vessie, l'incontinence d'effort due à une augmentation soudaine de la pression abdominale, l'incontinence d'urgence ou d'impériosité qui provoque des fuites suite à un besoin pressant d'uriner, et l'incontinence fonctionnelle qui touche surtout les personnes âgées.
Causes d'une incontinence chez l'homme
"Deux facteurs participent à la continence masculine : un mécanisme actif avec le sphincter de l'urètre par sa contraction et la prostate qui y contribue par un mécanisme passif. Or, lors d'une prostatectomie, ce mécanisme disparaît et le sphincter peut être lésé, ce qui engendre des fuites urinaires ", note le chirurgien urologue. L'hypertrophie de la prostate est l'une des causes de l'incontinence urinaire chez l'homme. L'obstruction prostatique provoque des envies soudaines et répétées d'uriner, ainsi que des faibles jets d'urine et des fuites quelques secondes après la miction. L'incontinence masculine peut aussi faire suite à l'ablation de la prostate, ou à toute autre pathologie touchant la prostate, l'urètre ou la vessie. L'affaiblissement des muscles du plancher pelvien est également en cause. D'autre part, l'obésité augmente les risques de fuites urinaires.
A quel âge une incontinence peut-elle survenir chez l'homme ?
"La plupart du temps, l'incontinence chez l'homme survient après la prostatectomie, soit en moyenne vers l'âge de 60-70 ans ", remarque le spécialiste.
Quels sont les symptômes d'une incontinence urinaire chez l'homme ?
Les symptômes de l'incontinence sont une perte d'urine ou une difficulté à contrôler la miction. D'autres symptômes peuvent être associés lors de la miction : un jet diminué ou une difficulté à uriner, un égouttement post-mictionnel ou une envie d'uriner la nuit (nycturie). "Une fuite à l'effort est involontaire : le caleçon est tout le temps mouillé, il y a des odeurs. L'incontinence par impériosité se manifeste quant à elle par des envies pressantes irrépressibles et le temps d'aller aux toilettes, il y a toujours quelques gouttes qui s'échappent, précise le Dr Vincent Hupertan. Dans ce cadre-là, il existe aussi ce que l'on appelle le syndrome du paillasson ou de clé dans la porte c'est-à-dire qu'à peine rentré chez soi, on doit courir aux toilettes et malgré tout, il n'y a que quelques gouttes". En l'absence de prise en charge, l'incontinence urinaire cause des éruptions cutanées, des infections urinaires voire une rétention urinaire dans le cas de l'incontinence par regorgement. Elle peut également avoir des répercussions psychologiques : isolement, dépression, troubles de l'érection
Quel est le diagnostic ?
Les antécédents de santé doivent être connus pour identifier les causes de l'incontinence urinaire masculine. Un examen clinique est nécessaire, ainsi qu'une analyse d'urine pour détecter toute infection. D'autres examens peuvent s'avérer nécessaires : créatininémie, cystoscopie, échographie. La consultation d'un urologue est recommandée.
Quels traitements et solutions ?
Le traitement est prescrit en fonction de la cause et de l'importance de l'incontinence. "S'il s'agit d'une incontinence à l'effort, ce qui est le cas le plus fréquent après la prostatectomie ou après l'ablation de l'adénome de la prostate, c'est un problème de sphincter, commente le chirurgien urologue. Une rééducation des muscles du plancher pelvien et de la vessie va donc être privilégiée. Dans certains cas, elle peut être associée à l'électrostimulation pour faire prendre conscience au patient de cette partie de son anatomie parce que c'est un travail musculaire qui n'est pas naturel ". Si les fuites à l'effort persistent malgré la rééducation, un bilan uro- dynamique va être effectué afin d'évaluer de manière précise le fonctionnement de la vessie, de l'urètre et du sphincter. Des changements dans les habitudes de vie sont également recommandés : limiter la consommation de caféine, d'alcool ou de boissons gazeuses, perdre du poids.
Quand envisager l'opération ?
Un traitement chirurgical (bandelettes, sphincter artificiel) peut être envisagé selon les cas. Il s'agit d'interventions rapides et non douloureuses, réalisées en ambulatoire. Pour l'incontinence urinaire par impériosité, un traitement anticholinergique peut être administré pour bloquer la vessie. "Des traitements vont également permettre de relâcher le détrusor, muscle situé dans la paroi de la vessie, qui se contracte parfois de manière incontrôlée, auquel cas on parle d'hyperactivité détrusorienne, poursuit le spécialiste. Dès lors que l'on a épuisé tous ces traitements, il reste le Botox que l'on va injecter dans le détrusor sous anesthésie locale. Il s'agit d'une intervention simple, efficace et prise en charge par la sécurité sociale". Le seul inconvénient, c'est que son effet se dissipe en six à neuf mois et qu'il faut donc recommencer. En dernier recours, il existe l'électrostimulation qui consiste à placer un pacemaker au niveau de certains nerfs pour agir sur cette hyperactivité. De manière générale, chaque fois que les troubles urinaires ont un impact sur la vie sociale, il faut consulter et envisager si besoin une intervention chirurgicale capable de régler le problème définitivement.
Merci au Dr Vincent Hupertan, chirurgien urologue et sexologue à la clinique Turin (groupe "Urologie Paris Opera").