Quelles maladies peut-on attraper en se baignant dans la Seine à Paris ?
De nombreuses études ont souligné des risques pour la santé des nageurs amenés à se baigner dans la Seine.
La maire de Paris Anne Hidalgo s'est baignée dans la Seine mercredi 17 juillet 2024. Les résultats bactériologiques de ces deux dernières semaines étaient positifs. C'était l'enjeu majeur des JO 2024 à Paris : la dépollution de la Seine pour permettre le déroulé des épreuves de natation, de triathlon et de paratriathlon.
De nombreuses études ont souligné des risques pour la santé des nageurs amenés à se baigner dans la Seine. A date, le risque chimique semble être négligeable mais le risque microbiologique peut être préoccupant. "Les fortes pluies que nous avons eu en juin, le peu de soleil et les températures relativement basses pour la saison sont autant d'éléments qui ont favorisé les rejets d'eaux usées dans la Seine", nous a expliqué Anne Le Flèche-Matéos, responsable du Pôle d'Identification Bactérienne de la Cellule d'Intervention Biologique d'Urgence (CIBU) de l'Institut Pasteur. La question des risques auxquels seront exposés les athlètes a fait l'objet d'un article paru dans la revue Archives des maladies professionnelles et de l'environnement. Ce travail a été réalisé par un groupe d'internes en infectiologie, de microbiologistes et de spécialistes des questions de santé, dans le cadre d'un cursus en santé publique dispensé par l'Ecole Pasteur-Cnam.
Les bactéries de contaminations fécales les plus surveillées
La réglementation en vigueur relative à la gestion de la qualité des eaux de baignade est celle de la directive européenne de 2006. "Autrement dit, il y a une obligation de surveiller les concentrations de deux bactéries indicatrices de contamination fécales : Escherichia coli et les entérocoques intestinaux" détaille Anne Le Flèche-Matéos. À partir de données de la littérature, une identification des agents pathogènes et des substances dangereuses potentiellement présents dans la Seine a été réalisée, et différents scénarios d'exposition des athlètes ont été déterminés. Lorsque des données récentes de mesures dans la Seine étaient disponibles, une évaluation des risques a été proposée.
"Certaines substances dangereuses ne sont pas mesurées dans la Seine"
"Concernant le risque chimique - c'est-à-dire la concentration en produits arrivés dans l'eau à la suite de rejets industriels, agricoles ou urbains -, les mesures réalisées dans la Seine disponibles retrouvent systématiquement des concentrations très inférieures aux seuils de risques identifiés dans la littérature." Cependant, certaines substances identifiées comme dangereuses ne sont, à ce jour, pas mesurées dans la Seine et leur risque ne peut être évalué.
Des risques de gastro-entérites et d'infections cutanées
"Le risque est à rechercher, du côté des agents microbiologiques, c'est-à-dire au niveau des bactéries, des virus et des parasites qui peuvent circuler dans l'eau de la Seine, explique Anne Le Flèche-Matéos. Ces micro-organismes sont susceptibles d'augmenter les risques de contracter des gastro-entérites par ingestion d'eau et des infections cutanées par contact avec l'eau. Il est recommandé de bien se doucher après la baignade, et de mettre des pansements si la peau est lésée ou blessée." En effet les bactéries rentrent dans l'organisme par les plaies ou les muqueuses.
La leptospirose, liée à l'urine des rats
D'autres risques sont également évoqués. "C'est le cas notamment de la leptospirose, une maladie bactérienne causée par Leptospira interrogans, présente dans l'urine des rats. De nombreuses formes cliniques, allant du syndrome grippal à l'atteinte multiviscérale avec syndrome hémorragique sont décrites", rappelle Anne Le Flèche-Matéos. "Aucune surveillance systématique n'est réalisée", pointe l'étude. "Cependant, en 2022, pour la France métropolitaine, l'Ile-de-France faisait partie des régions avec le taux d'incidence de leptospirose le plus élevé avec une recrudescence estivale prononcée."
"Des traitements antibiotiques seront indiqués en cas d'infections bactériennes, précise notre interlocutrice. Pour les maladies liées à des virus présents dans les matières fécales (adénovirus, rotavirus ou hépatite), on pourra prescrire des antiviraux, s'ils existent", conclut notre interlocutrice.