Et si l'allergie aux piqûres de moustiques n'existait pas en fait ?

Une mise au point s'impose.

Et si l'allergie aux piqûres de moustiques n'existait pas en fait ?
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Comme chaque année à l'arrivée des beaux jours, les piqûres de moustiques s'intensifient et peuvent vite devenir le point noir de nos vacances. Il existe de nombreuses espèces de moustiques mais seulement 15% piquent l'Homme. "Dans l'hexagone, ceux qui nous piquent le plus sont le moustique tigre et le moustique Culex pipiens, qui lui, pique la nuit", nous explique le Pr Anna-Bella Failloux, professeure d'entomologie médicale à l'Institut Pasteur. Mais comment savoir si ma piqûre est normale ou si je fais une allergie ?

C'est la femelle qui pique chez le moustique. Lorsqu'elle insère sa trompe dans la peau, elle injecte sa salive dont la composition est très complexe. "Elle contient une centaine de molécules : contre la coagulation pour que le sang ne stagne pas dans la trompe, des anti-vasoconstructeurs pour ne pas que les vaisseaux capillaires dans lesquels elle pompe le sang se rétractent ou encore des antihistaminiques qui empêchent de sentir la piqûre. Cette dernière marche plus ou moins bien en fonction des gens", précise le Pr Anna-Bella Failloux. Quand il y a piqûre, un petit bouton inflammatoire rouge et légèrement surélevé peut apparaitre "mais ce n'est pas une réaction spécifique. C'est simplement la salive administrée par le moustique qui produit cette réaction", ajoute le Dr Anne-Karine Correard, allergologue. Cette inflammation locale ne peut pas déclencher de réaction anaphylactique comme on peut le voir en cas d'allergie.  L'allergie aux piqûres de moustiques est donc impossible et "n'existe pas" lance l'allergologue. De la même manière, le corps ne libère pas d'histamine quand on est piqué par un moustique, comme c'est le cas quand on fait une réaction allergique à un élément extérieur au corps. A titre de comparaison, l'allergie aux hyménoptères (guêpes et abeilles) est possible car ces derniers se défendent en injectant du venin. "C'est un poison qui peut avoir un effet létal" d'après le Pr Failloux.

Certaines personnes peuvent néanmoins réagir plus fortement que d'autres en cas de piqûre de moustique. "Dans ce cas-là, un œdème peut apparaitre autour de la piqûre mais cela ne va pas jusqu'à entrainer un risque vital", rassure le Dr Correard. "Une personne peut avoir des réactions plus ou moins atténuées selon son historique de piqûre", nous apprend par ailleurs le Pr Failloux. Si elle a souvent été piquée, elle va développer une immunité vis-à-vis de la salive des moustiques de son environnement et va de moins en moins réagir, jusqu'à ne plus sentir les piqûres.

Que faut-il faire en cas de piqûre de moustique ? "A partir du moment où la piqûre gêne, je pense qu'il faut consulter", conseille le Pr Anna-Bella Failloux. "En général il n'y a pas grand-chose à faire en dehors d'appliquer un antihistaminique pour éviter que la personne ne se gratte." Pour éviter les piqûres, elle rappelle qu'il faut protéger les parties exposées comme les jambes et les bras, avec des vêtements amples et couvrants. Il est important également de traquer les endroits où les larves peuvent se développer dans l'environnement comme les points d'eaux stagnants.

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