Commotion cérébrale (rugby, handball) : symptômes, quels risques ?
La commotion cérébrale survient en cas de choc au cerveau. Elle est fréquente chez les rugbymen et contrairement à ce qu'on pense n'entraîne pas systématiquement une perte de connaissance.
Pratiquer un sport comme le rugby expose les joueurs à certains risques, comme la commotion cérébrale. Elle peut provoquer des modifications de l'état de conscience, des troubles visuels ou des troubles de l'équilibre. "Dans 50 % des cas, le joueur commotionné reste sur l'aire de jeu. Il souhaite continuer à jouer car il est motivé. Toutefois, cette motivation est aussi liée aux perturbations neurologiques causées au lobe frontal, qui sert à mettre en place des stratégies et à prendre conscience des dangers. Le joueur n'arrive pas à envisager les conséquences négatives de la commotion. Il n'a pas le réflexe de sortir du terrain" nous explique le Dr Jean-François Chermann, médecin neurologue, spécialiste en France des commotions chez les sportifs.
Qu'est-ce qu'une commotion cérébrale ?
"La commotion cérébrale est une altération des fonctions neurologiques survenant à la suite d'un impact transmis directement ou indirectement au cerveau, répond le Dr Jean-François Chermann. Elle se caractérise par des signes cliniques associés à cet impact et au déplacement du cerveau à l'intérieur de la boîte crânienne. "Le cerveau est entouré de méninges qui le protègent insuffisamment lors des mouvements de coup/contrecoup au décours d'un impact direct ou indirect", rappelle le neurologue.
"Dans le milieu du sport, le K-O représente 15 % des commotions cérébrales"
"Dans le milieu du sport, le K-O représente 15 % des commotions cérébrales. Dans 80 % des cas, le patient n'a pas de perte de connaissance." La commotion n'entraîne donc pas systématiquement de perte de connaissance.
Quels sont les symptômes d'une commotion cérébrale ?
Les symptômes de la commotion cérébrale sont immédiats (et le plus souvent transitoires). "Dans 80 % des cas, le patient n'a pas de perte de connaissance." Un cortège de symptômes peut faire son apparition :
- Maux de tête, pression crânienne ;
- Difficultés de concentration ;
- Nausées, vomissements ;
- Sensibilité à la lumière ;
- Vertiges ;
- Troubles du sommeil, fatigue ;
- Altération de l'humeur : irritabilité, nervosité, émotivité ;
- Sensation d'être dans le brouillard ;
- Confusion, somnolence, difficultés à penser ;
- Amnésie : difficultés à se souvenir des événements ayant eu lieu avant ou après le choc à la tête ;
- Insomnie.
Les symptômes d'une commotion cérébrale peuvent survenir plusieurs heures après l'impact. "Plus rarement, ils sont retardés de quelques jours et dans 5 % des cas, les symptômes sont irréversibles", confesse le médecin neurologue. "La commotion est parfois très atypique, comme le syndrome de l'automate, qui se traduit par une amnésie du joueur sur le terrain. Il ne se souvient pas de ce qu'il y fait, et ce, même si la mémoire des gestes n'est pas touchée. Il ne sait pas où il est ni contre qui il joue. Il ne se souvient pas du score, mais connaît les règles du jeu, etc." décrit le spécialiste.
Combien de temps durent les symptômes ?
"Dans la majorité des cas, les symptômes de la commotion cérébrale disparaissent dans les 15 jours pour les adultes, et dans le mois pour les enfants", indique le médecin neurologue. Il faut savoir que les femmes et les enfants peuvent avoir des symptômes pouvant persister plus longtemps.
"Au rugby, les plaqueurs sont les plus à risque"
"Ce phénomène peut s'expliquer par une musculature cervicale moins importante que chez l'homme. Les hormones pourraient également jouer un rôle dans la durée des symptômes."
Commotion cérébrale : les sports à risque (rugby, handball)
Selon le docteur Chermann, "tous les sports sont à risque, en particulier le handball, le rugby, le hockey et le football. Finalement, les footballeurs sont moins à risque de commotion que les rugbymen ; toutefois, le football reste le sport le plus concerné au vu du nombre de joueurs licenciés. Au rugby, ce sont surtout les plaqueurs qui sont les plus à risque d'avoir une commotion cérébrale".
Quels sont les risques de séquelles ?
La commotion cérébrale est un traumatisme cranio-cérébral (TCC) léger. Ce dernier se distingue du TCC modéré, pouvant provoquer une hémorragie cérébrale. Ces saignements d'un TCC modérée sont visibles aux examens d'imagerie médicale, contrairement aux lésions de la commotion cérébrale. Il existe également le TCC sévère, qui plonge le patient dans un coma profond.
"Les joueurs doivent impérativement sortir du terrain"
"Les joueurs doivent impérativement sortir du terrain en cas de commotion cérébrale. Sinon, ils risquent de reprendre des coups. S'ils restent sur le terrain, le risque à court terme est la blessure ou la prolongation des signes commotionnés." Des protocoles ont été élaborés, avec la participation du Dr Jean-François Chermann, permettant au joueur de sortir très rapidement du terrain de jeu. "Nous sommes passés de 50 % de joueurs qui continuent à jouer le jour même, pourtant commotionnés, à 15 % grâce à tout ce que nous avons mis en place, ce qui représente un énorme progrès." Concernant les conséquences sur le long terme, les neurologues soulignent l'importance des sub-commotions, bien plus nombreuses (plusieurs milliers dans une carrière), "comme les plaquages répétés au rugby, faire des têtes au football, recevoir de petits chocs répétés… En effet, de récentes études démontrent par exemple que l'espérance de vie des footballeurs est augmentée, mais aussi qu'ils sont plus nombreux à souffrir d'une maladie dégénérative, qui reste le risque principal."
Comment éviter la commotion cérébrale au rugby ?
D'après le médecin neurologue, le port du casque au rugby ne présente que peu d'intérêt.
► Porter un protège-dents : "En revanche, le port du protège-dents est très important, car cette protection permet de dissiper l'intensité de l'impact. Le joueur a alors moins de risque de développer une commotion cérébrale."
► Renforcement musculaire : Le renforcement musculaire au niveau du cou permet également de mieux absorber les chocs, mais aussi d'éviter le coup du lapin.
Merci au Docteur Jean-François Chermann, médecin neurologue à Paris et spécialiste des commotions cérébrales chez les sportifs.