Cathinones : effets, liste, 3-MMC, légales en France ?

3-MMC, 4-MEC, Designers Drugs... Les cathinones de synthèse s'apparentent à la cocaïne ou aux drogues de type MDMA. Prix, conseils de sevrage, liste des effets, dangers et produits qui en contiennent.

Cathinones : effets, liste, 3-MMC, légales en France ?
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Le marché des drogues "récréatives" a vu déferler ses dernières années de nouvelles substances comme les cathinones de synthèse. Accessibles sur internet, ces stimulants de synthèse sont apparus d'abord dans les milieux gays pour leur visée sexuelle et gagnent aujourd'hui toutes les milieux sociaux. Leur consommation est addictive et source de nombreuses complications.

Définition : c'est quoi la cathinone ?

La cathinone est une substance active extraite des feuilles de khat (Catha edulis), plante d'Afrique, utilisée pour ses propriétés stimulantes. La consommation de khat s'est récemment étendue à d'autres pays et des cathinones synthétiques, beaucoup plus fortes et non naturelles, (elles sont devenues des drogues d'abus) sont apparues sous diverses appellations : sels de bain, designer drugs… "Il s'agit de stimulants de synthèse, vendus sous différents noms, avec une diffusion facilitée par des achats en ligne et un prix très faible, de l'ordre de 5 euros le gramme sur internet à 40 euros le gramme par les voies de deal habituelles contre 70 à 100 euros pour la cocaïne", explique le Dr Philippe Azevedo, addictologue.

Quelle est la liste des drogues qui contiennent des cathinones ?

Les cathinones s'apparentent à la cocaïne, aux amphétamines ou aux dérivés amphétaminiques de type MDMA. Elles se présentent le plus souvent sous forme de poudre, de gélules et plus rarement de comprimés. Il existe actuellement une cinquantaine de cathinones. Les plus connues sont :

  • La méphédrone
  • La 4-MEC
  • La 3-MMC
  • La MDPV
  • L'alpha-PVP.

La liste n'est pas limitée et sans cesse évolutive.

Elles ont d'abord été très utilisées dans les milieux gays à visée sexuelle (Chemsex) parce qu'il y a une forte désinhibition

Quels sont les effets des cathinones ?

Les cathinones sont généralement utilisées pour leurs effets stimulants : "elles ont d'abord été très utilisées dans les milieux gays à visée sexuelle (Chemsex) parce qu'il y a une forte désinhibition, une augmentation des sensations au toucher et un côté favorisant l'échange", ajoute-t-il. Les effets provoqués par leur consommation sont assez rapides : 5-10 minutes en sniff et immédiat en injection ou par plugg (voie rectale). Leur intensité varie selon les personnes, le contexte de consommation, et la quantité et/ou la qualité du produit consommé :

  • Un sentiment d'euphorie, sensation d'énergie, atténuation de la sensation de fatigue 
  • Une augmentation de la concentration et de la capacité de travail 
  • Une augmentation de la confiance en soi 
  • Une intensification des sentiments, surempathie 
  • Une augmentation des performances sexuelles.

"La particularité des cathinones est une montée très rapide avec une descente qui l'est tout autant. Et c'est ce qui va rendre l'acte plus compulsiogène. Au départ, la consommation est faite uniquement par voie intranasale (sniff) et, assez vite, cette voie est abandonnée pour l'injection et les consommations se multiplient", note le Dr Azevedo.

Les cathinones sont-elles légales en France ?

Depuis 2012, toute molécule dérivée de la cathinone est classée sur la liste des stupéfiants (arrêt publié au Journal Officiel du 2 août 2012). Cette liste est régulièrement mise à jour avec l'arrivée de nouvelles substances dérivées. "La 3-MMC et la 3-CMC ont notamment été classées sur la liste des stupéfiants en octobre 2022", note Mehdi Benkebil, directeur de la surveillance de l'ANSM. Fin 2021, l'Observatoire européen des drogues et toxicomanie surveillait 162 cathinones de synthèse, ce qui en faisait la seconde catégorie la plus importante de nouvelles substances psychoactives. Son usage est donc interdit en France et sa consommation peut entraîner des amendes (jusqu'à 3 750 euros) et de peines de prison (jusqu'à 1 an).

Quels sont les dangers et les effets secondaires des cathinones ?

Les dangers des cathinones sont de plusieurs ordres en fonction de la consommation :

Des troubles neurologiques (œdème cérébral...) peuvent se produire à chaque prise et quelle que soit la fréquence de consommation 

Des troubles psychiatriques (psychose sévère), souvent dus à un terrain sous-jacent, dans le cas d'un usage régulier et à fortes doses 

Des troubles cardiaques (troubles du rythme cardiaque, infarctus…) dans le cas d'un usage occasionnel ou régulier ;

Des pathologies musculaires graves (syndrome des loges, destruction des muscles) 

→ La défaillance des reins et du foie dans le cas d'un usage régulier ou à fortes doses 

Un risque de pharmacodépendance entraînant un trouble de l'usage avec forte dépendance qui peut entraîner le décès. En cas d'administration par voie intraveineuse

→ Un risque de complications infectieuses supplémentaires (transmission du VIH)

"Il y a une exacerbation de certains effets de la consommation : par exemple, l'anxiété. Avec la montée, elle va disparaître et à la descente, elle va être accentuée", ajoute le Dr Azevedo. Les effets de la consommation sont divers et le mécanisme sera le même entre la montée et la descente du produit et se traduit en général par un état d'épuisement (insomnies), une grande nervosité, anxiété (voire paranoïa), un manque d'appétit, une augmentation du rythme cardiaque et une transpiration excessive.

Comment réussir à se sevrer des drogues avec des cathinones ?

Les cathinones entraînent une forte dépendance, une envie irrépressible de consommer à nouveau, ce qui favorise une consommation compulsive. "À l'arrêt de la consommation, il n'est pas rare d'observer des phénomènes compensatoires comme la consommation d'alcool par exemple", souligne le Dr Azzevedo. En effet, avec l'arrêt des cathinones, une forme de manque neurobiologique se met en place : "le taux de dopamine a été décuplé par la consommation, le cerveau s'y est habitué et après il va rechercher des éléments qui y ressemblent : ça peut être l'alcool ou d'autres conduites addictives (achats compulsifs, hypersport, troubles du comportement alimentaire…), souligne-t-il. La plupart des malades pensent pouvoir maîtriser seuls l'arrêt. Ils ont parfois honte de ce comportement. Il est frappant de voir des personnes bien insérées socialement qui vont avoir besoin de cette consommation et qui le cachent à leurs proches". Cette consommation crée un isolement psychique qu'il est important de prendre en charge pour pouvoir s'en sortir. L'aide extérieure par un professionnel de santé est fondamentale :

  • Médecin addictologue
  • Psychologue spécialiste de ces nouveaux produits
  • Centres spécialisés dans l'addiction.

Merci au Dr Phillippe Azevedo, addictologue, Paris et à Mehdi Benkebil, directeur de la surveillance de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), Saint-Denis.

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