Médecine nucléaire : définition, examens, dangereuse ?
Née dans les années 50, la médecine nucléaire est la spécialité médicale qui utilise les propriétés de la radioactivité à des fins médicales (diagnostic et traitement). Quels sont ses avantages, inconvénients et effets secondaires ? Réponses avec le Professeur Pierre-Yves Marie, Praticien Hospitalier en Médecine Nucléaire.
Définition : c'est quoi la médecine nucléaire ?
Née à la fin de la Seconde guerre mondiale, la médecine nucléaire est un domaine spécialisé de la médecine dans lequel les substances radioactives sont utilisées dans le but de diagnostiquer ou de soigner un problème de santé, rappelle la Société Française d'Energie Nucléaire (SFEN). "On fait appel à la médecine nucléaire pour le diagnostic et le suivi de très nombreuses pathologies telles que des cancers, des maladies cardio-vasculaires (artériosclérose, infarctus), des troubles neurologiques (démences de type Alzheimer, maladie de Parkinson, épilepsie et tumeurs cérébrales) et des maladies ostéo-articulaires", détaille le Professeur Pierre-Yves Marie, Professeur des Universités/Praticien Hospitalier en Médecine Nucléaire.
Quand et comment a été découverte la médecine nucléaire ?
La médecine nucléaire a été développée dans les années 1950. Elle repose sur l'utilisation de molécules appelées traceurs, détectables dans le corps grâce à l'ajout d'un atome faiblement radioactif de courte durée de vie. Des médecins ont alors misé sur le potentiel offert par l'utilisation contrôlée de substances radioactives en faibles doses et ont développé les premiers traitements capables d'agir de l'intérieur contre le cancer de la thyroïde. De nouveaux outils d'imagerie médicale ont été ensuite développés en s'appuyant sur l'émission de rayonnement par des substances - appelées des traceurs radioactifs ou radiotraceurs - injectées au patient. "Plus d'une dizaine sont utilisés très couramment aujourd'hui, poursuit le Professeur Marie. Chacun permet de savoir comment se développe des maladies, comme par exemple le stade évolutif d'un cancer, ou comment fonctionne certains organes (cerveau, cœur, poumon, reins, foie, squelette …) ". Contrairement aux techniques employées en radiologie et en radio-oncologie, le rayonnement n'est donc pas extérieur au patient mais provient de l'intérieur.
Quels sont les examens réalisés dans la médecine nucléaire ?
Il peut s'agir d'une scintigraphie ou d'une Tomographie par Emission de Positons (TEP ou TEP-scanner). Ils permettent aux médecins d'estimer la sévérité de la maladie, son étendue ainsi que sa progression. Ils peuvent mesurer la réponse aux traitements en cours et, dans les cas de cancers, détecter au plus tôt les récidives. "Ils permettent aussi d'apprécier précisément comment fonctionnent de nombreux organes et pour certains, si leur perfusion sanguine ou leur activité métabolique est normale, complète le spécialiste. Les appareils de TEP et de scintigraphie sont souvent associés dans un même appareil à des scanners radiologiques. Ces derniers apportent, dans le même examen, des informations anatomiques complémentaires sur la forme et la localisation des lésions détectées avec les radiotraceurs". Certains radiotraceurs peuvent se fixer spécifiquement sur des cellules cancéreuses et émettre des rayonnements très délétères mais à une distance qui ne dépasse pas quelques millimètres. "Cette technique, appelée radiothérapie interne vectorisée, est en plein essor pour le traitement ciblé de certains cancers".
Quels sont les avantages de la médecine nucléaire ?
La médecine nucléaire offre un outil de diagnostic non-invasif
La médecine nucléaire offre un outil de diagnostic non-invasif très performant. "Il s'agit d'une imagerie dite fonctionnelle, qui permet de savoir comment fonctionne nos organes mais aussi comment se développe certaines maladies dans l'ensemble de l'organisme (cancer, infection…), détaille notre interlocuteur. C'est aussi une technique très sensible car les anomalies fonctionnelles précèdent généralement les anomalies anatomiques que l'on peut détecter avec des techniques radiologiques standards. Enfin, lorsqu'on change le type de rayonnement émis par des radiotraceurs captés par des cellules cancéreuses, on passe alors directement de l'imagerie au traitement des cancers, et c'est le domaine de la RTIV (RadioThérapie Interne Vectorisée)".
Quels sont les inconvénients de la médecine nucléaire ?
Les interventions en médecine nucléaire ne sont liées à aucun effet indésirable à long terme. Il est toutefois possible, mais extrêmement rare, que ces substances produisent de légères réactions allergiques.
Quels sont les effets secondaires et dangers de la médecine nucléaire ?
L'imagerie nucléaire ne présente pas de risque particulier. "Les quantités et activités des radiotraceurs administrés pour l'imagerie sont très faibles, si bien que les expositions aux rayonnements sont très réduites, de l'ordre de ceux d'examens de radiologie standards, assure le Professeur. Cependant, par mesure de précaution, certains examens sont contre-indiqués chez la femme enceinte ou allaitante. Des conseils d'éloignement de l'entourage et notamment des enfants sont généralement donnés dans les suites immédiates d'un examen".
Où se pratique la médecine nucléaire ?
En France, près de 500 praticiens sont spécialistes en médecine nucléaire
"La médecine nucléaire nécessite des infrastructures et appareillages spéciaux pour l'utilisation et l'imagerie des radiotraceurs, ce qui limite la diffusion des centres de Médecine Nucléaire sur le territoire", reconnait le Professeur. Le recours à un spécialiste en médecine nucléaire est généralement piloté par un spécialiste (cancérologue, spécialiste d'organes) ayant besoin d'images précises pour établir un diagnostic, évaluer la sévérité d'une maladie et/ou en suivre l'évolution sous traitement. "En France, près de 500 praticiens sont spécialistes en médecine nucléaire et des milliers de personnes travaillent dans des unités de médecine nucléaire (médecins spécialistes, techniciens d'imagerie médicale, radiophysiciens, radio pharmaciens….)", conclut le Professeur Marie.
Merci au Professeur Pierre-Yves Marie, Professeur des Universités/Praticien Hospitalier en Médecine Nucléaire, en charge du service de médecine nucléaire du Centre Hospitalier Régional Universitaire de Nancy.