Altération de l'état général (AEG) : signes, quelles causes ?
L'altération de l'état général (AEG) n'est pas un signe clinique ni même un symptôme. Il correspond à une réduction des capacités fonctionnelles d'un individu. Quelles sont les causes ? Les signes cliniques ? Les complications ? Réponses avec le Dr Jean-Michel Constantin, anesthésiste-réanimateur.
Définition : que signifie une altération de l'état général ?
Dans le domaine médical, "l'altération de l'état général n'est ni une maladie ni un symptôme mais un élément du tableau clinique de plus en plus fréquent, en même temps que la population vieillit", explique le Dr Jean-Michel Constantin, chef du service anesthésie-réanimation à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Elle est décrétée lorsqu'un patient associe trois signes cliniques spécifiques. Il s'agit, en premier lieu, de l'anorexie qui se manifeste par une baisse ou une absence totale d'appétit. "Le patient doit également souffrir d'une grande fatigue appelée asthénie et présenter une perte de poids. La mise en évidence d'une altération de l'état général d'un individu doit amener au diagnostic de pathologies sous-jacentes". Lorsque cette dégradation se déroule dans un laps de temps court, on parle d'une altération de l'état général extrême.
Quels sont les signes cliniques ?
"L'AEG associe trois symptômes, que l'on appelle communément les 3 "A" :
- asthénie (perte d'appétit),
- anorexie
- amaigrissement (perte de poids de plus de 10 % en 6 mois ou de plus de 5 % en 1 mois par référence au poids antérieurement mesuré)
Par défaut, l'AEG correspond à une réduction des capacités fonctionnelles d'un individu. "Toutes les capacités fonctionnelles peuvent être partiellement ou totalement atteintes, du domaine de la motricité aux fonctions intellectuelles, psychologiques ou encore sociales".
Quelles sont les causes ?
"De très nombreuses maladies - comme les pathologies médicales aiguës, infectieuses et chroniques, les insuffisances cardiaques, rénales, respiratoires, les cancers - peuvent s'accompagner d'une AEG, poursuit le Dr Constantin. Mais elle peut également être le révélateur d'une maladie psychiatrique comme la dépression".
Quelles sont les complications ?
Le diagnostic d'AEG est à prendre avec considération, car il cache dans 80 % des cas un problème médical aigu conduisant à une hospitalisation et à un alitement prolongé. "Les complications vont donc être celles de la maladie sous-jacente, celle qui a déclenché l'altération de l'état général et celles de l'alitement", précise notre interlocuteur. Parmi les conséquences d'un aliment prolongé :
- Le risque d'escarres sur la peau.
- Les infections urinaires causées par la moiteur permanente du lit, la diminution des boissons, la stagnation des urines dans la vessie, voire les sondes urinaires.
- La phlébite, conséquence directe de la stagnation du sang dans les veines.
- Les infections respiratoires. La stagnation des glaires qui s'infectent et donnent des pneumopathies ;
"Chez la personne âgée il faut faire attention à la perte d'autonomie, qui est une complication de l'hospitalisation elle-même, qui peut être rapide et pire que la maladie initiale".
Quelle est la prise en charge ?
"Tous les remèdes miracles sont inutiles et souvent dangereux, alerte le médecin. Ils risquent de faire oublier le plus important, la maladie initiale. Il n'y a pas de traitement de l'AEG, il faut traiter la maladie qui en est la cause. Chez la personne âgée, il faut faire attention à la perte des repères, garder un contact avec la radio, la télévision, les familles, favoriser les hospitalisations courtes et ne pas les laisser au fond du lit".
Merci au Dr Jean-Michel Constantin, chef du service anesthésie-réanimation à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris