Médecine ayurvédique : principe, indications, consultation
Connaître la vie et son environnement et se connaître soi-même, pour comprendre quels sont nos besoins, tel est le principe de l'Ayurvéda et de la médecine ayurvédique. Origine, consultation, "doshas", voici tout ce que vous devez savoir.
Cette approche issue d'une tradition ancestrale indienne considère la santé d'une manière globale et traite non pas les symptômes de la maladie mais plutôt les causes de ces symptômes. Pour cela, il est nécessaire de trouver son équilibre et de comprendre comment adapter sa vie en fonction de ses doshas.
Définition : qu'est-ce que la médecine ayurvédique ?
"Plus qu'une médecine traditionnelle ou une médecine douce l'Ayurvéda prône le fait d'apprendre à se connaître pour être en bonne santé", souligne Perrine Moret, thérapeute ayurvédique. L'Ayurvéda est un terme sanskrit, la langue ancienne en Inde, que l'on retrouve dans les textes sacrés. "Ayur" signifie "la vie" et "Véda" veut dire "connaissance". Il s'agit donc de la connaissance de la vie. La médecine ayurvédique permet de se connaître soi et de connaître l'environnement dans lequel on vit pour savoir quels sont nos besoins. Il s'agit d'une pratique holistique qui perçoit l'être humain dans sa globalité, le corps et l'esprit ne font qu'un. "On sort du principe ''vous avez un symptôme et je vais voir comment guérir ce symptôme." En Ayurvéda, on va chercher ce qu'il y a autour du symptôme pour trouver la cause profonde et fait le lien avec l'histoire de vie, l'environnement social et l'environnement naturel", précise Perrine Moret.
Quelle est son origine ?
Bien qu'elles soient difficiles à dater, les origines de la médecine ayurvédique remonteraient aux Vedas, une compilation de textes sacrés indiens révélée lors de la période védique c'est-à-dire IIe millénaire avant J-C. "Avec la médecine chinoise, elle est probablement le plus ancien système médical et à la base de nos médecines contemporaines. En Inde et dans cette partie du Monde, elle est la médecine officielle, est enseignée à l'Université et pratiquée dans les hôpitaux et centres de santé, bien que la médecine conventionnelle soit légitimée", précise Cécile Blau, praticienne ayurvédique.
Quelles sont les indications ?
En médecine ayurvédique, l'univers - que ce soit de la plus grande unité à la plus petite - est constitué de 5 éléments : la terre, l'eau, le feu, l'air, l'espace aussi appelé l'éther. Ces éléments sont regroupés en 3 doshas (des humeurs biologiques) ou capacités fonctionnelles : Vata (constitué de l'air et de l'espace), Pitta (le feu et l'eau) et Kapha (la terre et l'eau). "En Ayurvéda, on pense en termes de doshas et d'équilibre ou de déséquilibre de doshas." Ce sont ces doshas qui permettent au corps de fonctionner. Vata représente le mouvement, ce qui permet de respirer par exemple. Pitta joue le rôle de la transformation, comme la digestion qui est le fait de transformer des aliments en nutriments. Enfin, Kapha représente la cohésion, la structure. "Ces trois doshas sont tous présents en nous et sont tous indispensables pour être en vie", assure Perrine Moret. Cet équilibre naturel et unique est reçu à la naissance. "Quand on est dans cet équilibre, appelé Prakriti, on est soi-même, en pleine bonne santé. Cet équilibre se transforme à chaque instant, c'est ce que l'on nomme Vikriti. Il s'agit de la situation, de l'état dans lesquels on se trouve actuellement", ajoute Cécile Blau. La pratique s'adapte donc à chaque personne, notamment en fonction des saisons. L'Ayurvéda prône donc comme règle générale d'adapter son alimentation, son style de vie, ses soins corporels en fonction de son propre rythme de vie. En Ayurvéda, les doshas ont leurs spécificités et dominent à certains moments de la journée et en fonction des saisons, par exemple, en été Pitta a tendance à "dominer".
Comment se déroule une consultation ?
Le praticien réalise dans un premier temps un bilan ayurvédique. Pour connaître le quotidien de la personne, il cerne son état émotionnel, la questionne sur ses habitudes de vie, sur ce qu'elle mange, et procède à "une observation de la peau, des ongles, des cheveux, des yeux, de la langue. On regarde également la morphologie", détaille la spécialiste en Ayurvéda Cécile Blau. Le but étant d'établir "une sorte de portrait instantané et d'envisager les déséquilibres des doshas". Après cette analyse, il propose des conseils pour rééquilibrer les doshas. Il peut s'agir de conseils alimentaires, d'exercices à faire. Certains thérapeutes proposent aussi des soins corporels (comme des massages) ou bien des compléments à base de plantes. Une fois les conseils donnés, un suivi est établi afin de savoir comment le corps réagit, si la personne a réussi ou pas à appliquer ce qui a été proposé, quelles ont été les difficultés, quels ont été les bienfaits et ce qu'il reste à faire. "Il est important de voir l'évolution sur une année car les besoins diffèrent à chaque saison. Le but étant de rendre la personne autonome de son bien-être", souligne Perrine Moret.
Comment choisir son praticien ?
Les praticiens ne pratiquent pas tous l'Ayurvéda de la même manière. "L'enseignement est le même mais la façon de l'exercer peut varier. La personnalité du thérapeute va également beaucoup jouer", précise la praticienne ayurvédique. Elle, par exemple, préfère proposer l'Ayurveda adapté à la vie citadine et à la réalité de vie de chacun plutôt que de suggérer un modèle traditionnel, pouvant être ascétique. "Il est également nécessaire de choisir quelqu'un qui inspire confiance car, si on ne fait pas confiance, on risque d'être dans le contrôle. Il est aussi important de connaître le parcours du conseiller, sa formation et son expérience."
Quelles précautions prendre ?
Les personnes qui demandent un bilan ayurvédique ont une intension (sensation d'inconfort, maux…). "Parfois, certains souffrent de maladies chroniques ou viennent d'être diagnostiqués. Il est important de préciser qu'il faut garder un suivi médical. L'Ayurvéda viendra alors en complément pour soutenir le travail médical", prévient Perrine Moret. Et d'insister : "Il faut éviter de donner des faux espoirs ou de dire que l'Ayurvéda soigne de tout systématiquement, car chaque cas est particulier et c'est bien plus complexe que ça." Perrine Moret préfère également éviter, en massage, de travailler sur des femmes enceintes, lors des 3 premiers mois de la grossesse ou lors des 3 premiers mois après l'accouchement pour préserver la vitalité du corps. D'autres thérapeutes estiment, en revanche, qu'il est possible de soulager certains maux de début de grossesse.
Alimentation ayurvédique : mode d'emploi
En alimentation ayurvédique, le mot "régime" est banni. L'essentiel est d'adopter une alimentation qui corresponde aux besoins de la personne. Tout est personnalisé. " On n'impose jamais un type d'alimentation et on n'interdit aucun aliment. On ne parle pas non plus de glucides ni de protéines. "Certains aliments sont tout de même à favoriser selon leurs actions sur les doshas. Tout dépend de l'état de digestion de la personne. Par exemple, les épices stimulent ce qu'on appelle "Agni", c'est-à-dire le "feu digestif interne" qui permet de bien nourrir tous les tissus du corps. Il est également conseillé d'avoir une alimentation pleine de vie : préparer soi-même ses repas fraichement, avec des fruits et légumes de saison et locaux. Ainsi, tous les excès sont déconseillés, même ceux qui peuvent paraitre sains."
Merci à Perrine Moret, thérapeute ayurvédique.