Algie vasculaire de la face : maladie du suicide, pourquoi ?
L'algie vasculaire de la face parfois appelée "maladie du suicidaire" se traduit par une douleur aiguë au niveau de la tempe ou autour de l'œil. Trois fois plus fréquente chez les hommes que chez les femmes, elle débute le plus souvent en deuxième partie de vie, vers l'âge de 50 ans. Quels sont les facteurs déclenchants ? Les traitements ?
Les douleurs sont telles que l'algie vasculaire de la face est parfois appelée "maladie du suicidaire" ou "maladie du suicide". Cette maladie, rare, est encore mal diagnostiquée car le médecin n'y pense pas nécessairement. Pour établir le diagnostic, il se base sur les descriptions des céphalées (maux de tête) des patients.
Définition : c'est quoi une algie vasculaire de la face ?
L'algie vasculaire de la face (AVF) se caractérise par une douleur aiguë ressentie d'un seul côté du visage, le plus souvent autour d'un œil. Cette douleur survient par crises, entre lesquelles s'écoulent plusieurs semaines, voire plusieurs années. L'AVF est trois fois plus fréquente chez les hommes que chez les femmes, et elle débute le plus souvent en deuxième partie de vie, vers l'âge de 50 ans. "L'AVF présente des éléments communs avec la crise migraineuse, notamment des phénomènes de relargage de substances inflammatoires qui sont associées à des dilatations et à des constrictions des vaisseaux. Ainsi on a souvent, dans l'AVF, une obstruction du nez, un écoulement nasal et l'œil rouge. Les douleurs sont généralement unilatérales. La douleur est intense et décrite par les patients comme une brûlure ou une décharge électrique qui dure plusieurs heures", précise le Dr Annaik Feve.
Quels sont les symptômes de l'algie vasculaire ?
La douleur dure entre 15 minutes et 3 heures, et peut survenir plusieurs fois par jour.
La douleur ressentie est caractéristique : avant la crise, peuvent survenir un écoulement nasal ou une rougeur de l'œil. La douleur est d'une violence extrême. Elle survient le plus souvent de façon soudaine. Elle évolue par crises de plusieurs jours à plusieurs semaines, durant lesquelles les douleurs apparaissent et disparaissent, souvent à heures fixes. Entre ces périodes de crises, on peut observer plusieurs semaines, plusieurs mois voire plusieurs années de "repos". Dans environ quelques cas, l'AVF peut devenir chronique, c'est-à-dire que s'il reste des périodes de répit, elles sont inférieures à deux semaines. La douleur dure entre 15 minutes et 3 heures, et peut survenir plusieurs fois par jour. Après la crise, parfois, la pupille peut se rétracter et l'œil se fermer tout seul.
Quelles sont les causes et facteurs déclenchants de l'algie vasculaire ?
Les causes de l'algie vasculaire de la face restent mal connues. On ne connaît pas de gène spécifique de l'AVF. Il pourrait exister un facteur héréditaire, dans la mesure où les descendants directs d'une personne souffrant d'algie vasculaire sont plus souvent touchés par cette affection que la moyenne.
"Si l'administration d'un Triptan injectable ou l'oxygénothérapie fonctionne, l'algie vasculaire de la face est souvent avérée"
Comment diagnostiquer une algie vasculaire de la face ?
Cette maladie, rare, est encore mal diagnostiquée car le médecin n'y pense pas nécessairement. Pour établir le diagnostic, il se base sur les descriptions des céphalées des patients. Tous les examens sont normaux. "On fait assez systématiquement une IRM qui ne présente pas d'anomalie, c'est la réaction au traitement qui permet d'infirmer ou de confirmer le diagnostic, indique la neurologue. Si l'administration d'un Triptan injectable, c'est-à-dire une substance antimigraineuse injectable, ou l'oxygénothérapie fonctionne, l'algie vasculaire de la face est souvent avérée. Par la suite, l'AVF peut dégénérer et ne plus répondre à ce type de traitements. L'intensité de la douleur est aussi un critère de diagnostic".
Traitement : comment soigner une crise d'algie vasculaire ?
Les traitements classiques des céphalées type ibuprofène ou paracétamol sont inefficaces. L'oxygénothérapie par voie nasale permettrait de réduire la douleur dans 75% des cas. Le principe est simple : le patient doit prendre de l'oxygène à haut débit pendant une demi-heure. Problème : le conditionnement et l'encombrement de l'oxygène font qu'il est difficilement utilisable partout Les triptans injectables sont aussi efficaces. "Il faut d'emblée instaurer un traitement de fond qui permettra aux crises de s'espacer et de ne pas avoir de surdosage de triptan", nuance la spécialiste.
Les huiles essentielles sont-elles utiles en cas de crise ?
"La douleur est telle que les huiles essentielles sont la plupart du temps inutiles" prévient le Dr Annaik Feve.
Comment éviter la dépression ?
"La dépression n'est pas automatique dans l'AVF, surtout lorsque les patients sont bien traités", nuance la spécialiste. Les antidépresseurs n'ont pas d'efficacité sur l'algie vasculaire de la face en tant que telle mais sur la douleur qu'elle engendre. "Il ne faut pas mélanger le phénomène douloureux lié à l'AVF et la dépression. On peut être déprimé secondairement parce qu'on a mal tout le temps mais la première chose à faire est de traiter la douleur et généralement la dépression disparaît", continue-t-elle.
Que faire contre les douleurs ?
Pour lutter contre les douleurs liées à l'algie vasculaire de la face, il faut suivre le traitement prescrit par son médecin. "Il est assez rare d'avoir des algies vasculaires qui se chronicisent si elles sont correctement prises en charge", rassure la neurologue.
L'ostéopathie peut-elle être utile ?
L'ostéopathie n'a pas sa place dans le traitement de l'AVF, à la différence de certaines formes de migraine. "Si l'ostéopathie peut se révéler efficace dans certaines migraines dont le point de départ est cervical et donc musculaire, il n'y a pas de démarrage au niveau du cou dans l'algie vasculaire de la face donc l'ostéopathie est souvent beaucoup moins efficace", regrette la spécialiste.
Quelles sont les associations d'aide ?
L'AFCAVF (Association Française Contre l'Algie Vasculaire de la Face) est l'association principale qui œuvre pour faciliter le diagnostic et la prise en charge de cette maladie en France.
Merci Dr Annaik Feve, neurologue.