Acupuncture pour arrêter de fumer : points, technique, durée
Il existe plusieurs protocoles en acupuncture pour arrêter de fumer, en utilisant deux aiguilles ou plus, insérées sur le nez, l'oreille, le poignet, les tempes... Tout dépend de la méthode employée par l'acupuncteur et de la réponse du patient. Quels sont les points piqués ? Combien de séances faut-il faire ? Quelle efficacité ? Réponses.
Qu'est-ce que l'acupuncture ?
L'acupuncture est un procédé de soin de la médecine chinoise basée sur le rééquilibrage des énergies grâce à la stimulation de "points d'acupuncture" sur divers endroits du corps. L'acupuncture consiste à introduire de petites aiguilles dans la peau plus ou moins profondément sur des points précis situés le long de douze voies de circulation de l'énergie, appelées "méridiens", ou plus exactement "canaux". Ils circulent en surface et en profondeur. Dans un sevrage tabagique, la pose des aiguilles à des points précis permet d'arrêter de fumer, en bloquant le besoin de fumer.
Quels sont les points d'acupuncture pour arrêter de fumer ?
Il existe différents protocoles pour arrêter de fumer par l'acupuncture. Certains acupuncteurs utilisent deux aiguilles, d'autres, plus. Chacun à son approche du patient et choisit un protocole adapté, en une, ou plusieurs séances. Il existe néanmoins une méthode qui fait consensus, pratiquée par 300 praticiens en France. Mise au point par le Dr Yves Réquéna dans les années 1970, la méthode Chiapi, du nom de ses points de puncture "Chiapi" (Jia Yi), permet de désactiver le besoin de fumer dans le cerveau. Elle consiste à "implanter deux aiguilles sur les ailes du nez, sur les points d'acupuncture n°10 de la rhinofaciopuncture (la cartographie du visage) ", précise Christophe Cadène, acupuncteur. "La puncture des points n°10 agit sur la zone du cerveau qui représente le centre des besoins et de la dépendance, en le désactivant de façon immédiate. La méthode bloque neurologiquement le besoin. Le besoin de fumer est comme court-circuité ". L'avantage est que "la personne ne ressent pas le symptôme du manque" explique le spécialiste. D'autres méthodes associent les points des tempes avec ceux de la méthode Chiapi. Il existe aussi différentes méthodes d'auriculothérapie, des points situés sur le pavillon de l'oreille. Un autre protocole s'intéresse au point situé près du poignet, du côté radial, et a pour effet d'altérer la perception du goût de la cigarette pour dégouter le fumeur du tabac. Là encore, d'autres points peuvent être stimulés en complément pour diminuer l'irritabilité, l'agressivité, ou l'anxiété chez la personne en sevrage tabagique.
Le sevrage tabagique par l'acupuncture n'est pas validé par les institutions médicales.
Est-ce efficace ?
"L'acupuncture bloque le besoin de fumer et coupe les symptômes du manque", mais la réussite de la méthode réside dans la motivation et "le contrôle de l'envie de fumer de la personne, indique l'expert. L'envie, liée aux habitudes, à la routine, va décroitre progressivement après la séance. Il est impératif que la personne contrôle son envie " le temps qu'elle s'estompe, "et qu'elle ne touche plus une cigarette. Si elle remet une cigarette à sa bouche, elle relance le processus de dépendance, avertit l'acupuncteur. L'arrêt est donc définitif, à la condition que la personne ne relance jamais le circuit". La méthode Chiapi obtient "une efficacité dans près de 85% des cas, dès la première séance", indique l'expert. Le sevrage tabagique par l'acupuncture n'est pas validé par les institutions médicales. Néanmoins, les addictions en général, et au tabac en particulier, sont reconnues comme des indications thérapeutiques de l'acupuncture, en France.
Technique : comment se passe une séance ?
Le médecin acupuncteur commence la séance par un interrogatoire sur les habitudes du fumeur et recueille l'adhésion du fumeur à s'abstenir totalement de fumer. La consultation est suivie d'une séance d'acupuncture avec des aiguilles stériles et à usage unique. Le patient est allongé. Dans la méthode Chiapi, l'acupuncteur insère une aiguille sur chaque aile du nez et exerce une légère rotation de l'aiguille sur elle-même. Les aiguilles restent en place durant environ 15 minutes, avant d'être retirées. D'autres points, comme les tempes, le haut du poignet, le pavillon de l'oreille, peuvent être piqués en complément ou en application d'une autre méthode que la méthode Chiapi.
Combien de séances faire ?
Le sevrage tabacologique par acupuncture nécessite en général 3 à 5 séances dépendant de la réponse thérapeutique. Le temps nécessaire à la désaccoutumance et au dégoût progressif pour le tabac. Dans la méthode Chiapi, "une séance peut suffire. Une seconde séance peut s'avérer nécessaire 30 jours plus tard, si le symptôme de manque revient. Cette deuxième séance permet de finir de couper le circuit " explique l'expert. Une rechute est possible "si la personne se remet à fumer une cigarette, même après plusieurs années. Une nouvelle séance sera alors nécessaire" indique Christophe Cadène.
Où se déroule une séance ?
La séance se pratique au cabinet médical du médecin acupuncteur.
Quels sont les dangers ?
Les risques d'effets indésirables graves sont extrêmement limités dans le contexte d'un exercice bien contrôlé, pratiqué par des membres des professions médicales formés, avec utilisation d'aiguilles stériles à usage unique. En dehors du risque infectieux qui reste rare, il existe des risques d'une petite douleur locale au moment de l'insertion de l'aiguille, d'un léger saignement ou de formation d'une ecchymose.
Quelles sont les contre-indications ?
Il n'existe pas, en acupuncture, de contre-indications absolues.
Quel tarif pour une séance et est-ce remboursé ?
Le tarif minimum est celui d'un médecin généraliste avec une majoration de spécialiste, soit 25 euros. Mais la plupart des acupuncteurs se trouvent en secteur 2, non conventionné, et les tarifs oscillent entre 50 et 150 euros la séance, en fonction des protocoles. Le remboursement est alors total ou partiel, complété ou non par un remboursement de la mutuelle. L'acte d'acupuncture est considéré par la jurisprudence comme un acte médical. En conséquence, seuls les membres des professions médicales peuvent le pratiquer et prétendre à une prise en charge par l'Assurance Maladie (Sécurité Sociale). A ce jour, les actes de médecine chinoise pratiqués par des non-médecins ne bénéficient d'aucune prise en charge et ne peuvent pas prétendre à remboursement par cet organisme.
Merci à Christophe Cadène, praticien en médecine chinoise, acupuncteur.