"Ça a été très violent" : que faire en cas de morsure de serpent ?

Un enfant de 10 ans a été mordu par une vipère lors d'une randonnée avec son père, dans l'Ariège. Son cas a très vite empiré.

"Ça a été très violent" : que faire en cas de morsure de serpent ?
© Vipère aspic / Florian - stock.adobe.com

"Ça a été très violent, très, très violent. Il a hurlé de douleur" raconte le père d'un garçon de 10 ans mordu par une vipère en août alors qu'ils randonnaient tous les deux dans l'Ariège. Les morsures de serpent, surtout de vipères, peuvent survenir d'avril à octobre quand les balades en extérieur sont plus nombreuses. En France métropolitaine, on dénombre environ 2 000 morsures de serpent par an responsables de 500 envenimations et un décès par an, essentiellement dues à la vipère aspic ou à la vipère péliade. Il faut réagir vite et bien pour éviter que l'envenimation conduise au décès. Les personnes allergiques au venin de serpent peuvent faire un choc anaphylactique en cas de morsure.

Pourquoi le serpend mord ?

Une morsure de serpent est en général infligée à l'être humain uniquement lorsque le serpent se sent en danger, comme mécanisme de défense, et qu'il ne peut pas fuir. La morsure de serpent est infligée par des crochets qui transpercent la peau. Beaucoup de serpents ne sont pas venimeux. Certaines morsures de serpent ne contiennent pas de venin et les serpents maîtrisent le volume de venin qu'ils envoient à leur proie. "En France, seules les Vipères et la Couleuvre de Montpellier possèdent des crochets à venin. Mais chez cette dernière les crochets sont tellement en arrière de la bouche qu'il faudrait enfoncer son doigt dans sa gueule pour risquer une envenimation", explique Frédérique Thiennot, médecin urgentiste en Ariège.

"Chez les Vipères les crochets sont très en avant. Ces dents transformées en pointes creuses permettent une efficace injection du venin dans la proie".

"Chez les Vipères les crochets sont très en avant. Ces dents transformées en pointes creuses permettent une efficace injection du venin dans la proie".

Quels symptômes ?

La morsure d'une vipère est brève (quelques centièmes de seconde), souvent décrite comme une sensation de coup de marteau. La blessure a la forme de deux piqûres, tels deux crochets plantés dans la peau avec deux petites lésions rouges distantes de 6 à 10 mm. Une fois sur deux environ, le serpent n'injecte pas son venin lors de la morsure. Dans ce cas, on parle de morsure sèche : la personne ne présente que les traces des crochets et ressent une douleur au point de morsure. Aucun autre symptôme n'apparait.

En cas d'envenimation (injection de venin), un œdème apparaît 15 à 20 minutes après et s'étend progressivement. Le membre touché est rouge et peut devenir violacé ou ecchymotique (avec des bleus). Une douleur apparaît au point d'injection. D'autres symptômes généraux dus à la toxine peuvent également apparaître lorsque la quantité de venin injectée par l'animal est importante : des symptômes digestifs, cardiovasculaires, respiratoires, une confusion. Certaines personnes sont allergiques au venin de serpent et peuvent présenter un choc anaphylactique. En l'absence d'un traitement d'urgence adapté et d'une hospitalisation, ce choc anaphylactique comporte un risque vital. 

Que faire en cas de morsure ?

  • Appeler les urgences en faisant le 15 ou le 112
  • En attendant les secours, restez calme, rassurez la victime et son entourage.
  • Placez la victime au repos, l'agitation favorise la diffusion du venin de serpent, elle peut s'allonger voire se mettre sur le côté (en position latérale de sécurité) ;
  • Otez les bagues, les montres, les chaussures et tout ce qui peut serrer la zone mordue car celle-ci va se mettre à gonfler ;
  • Posez de la glace dans un linge
  • Si possible, désinfectez la plaie avec un antiseptique et immobilisez le membre mordu pour ralentir la propagation du venin dans l'organisme ;
  • En cas de douleur, utilisez uniquement le paracétamol. Attention ne donnez pas d'anti-inflammatoire, ni d'aspirine qui augmentent le risque de saignement ;
  • Aspivenin. L'utilisation d'un Aspivenin n'est pas recommandée dans la mesure où l'efficacité n'a jamais vraiment été démontrée.

Quels sont les traitements ?

En France, toute envenimation doit faire l'objet d'une hospitalisation d'un minimum de 24 heures en raison du risque d'aggravation. Il faut toujours se rendre aux urgences d'un service hospitalier ou téléphoner au 15 ou au centre antipoison en cas de morsure de serpent. Un médecin examinera la lésion et envisagera, en cas d'extension de l'oedème local, témoignant d'une quantité sanguine importante de venin, une injection de sérum antivénimeux. "Ce sont des immunoglobulines fabriquées (depuis 1999) à partir de sérum de cheval qui se fixent sur le venin pour le neutraliser, elles sont efficaces et bien tolérées. Cet antivenin concerne les vipères françaises. Les antivenins concernant les nouveaux animaux de compagnie sont peu disponibles en France", indique Frédérique Thiennot. Ce sérum ne peut être injecté qu'en milieu hospitalier car il nécessite un suivi médical. 

Ce qu'il ne faut pas faire en cas de morsure de serpent

  • Ne pas mettre un garrot. En effet, des toxines vont s'accumuler naturellement sous le niveau du garrot. Un arrêt cardiaque est toujours possible lors du retrait, sans parler du risque de gangrène des extrémités.
  • Contrairement aux indications anciennes, ne pas injecter sur place de sérum anti-venin, ni de corticoïdes ou héparine sous cutané (jusque 10% de complications bien plus graves que la morsure)
  • Ne pas aspirer le venin à la bouche. En cas de plaie buccale, le venin pénètre très vite dans l'organisme.
  • Ne pas inciser la plaie et ne pas la cautériser.
  • Ne pas utiliser une pompe aspirante, type Aspivenin, qui n'a pas grand intérêt

Comment éviter les morsures de serpent ?

  • Si vous décidez de partir en promenade : ne partez pas seul et munissez-vous d'un téléphone mobile pour prévenir, si nécessaire, les secours ;
  • Ne marchez jamais pieds nus, mais portez des chaussures fermées et montantes (ou des bottes) ainsi que des pantalons ;
  • Marchez à pas appuyés : les secousses suffisent à faire fuir les serpents
  • Surveillez où vous posez les pieds et les mains : herbes hautes, cailloux et rochers, tas de feuilles, tas de bois, buissons..., surtout s'ils sont exposés au soleil (les serpents aiment la chaleur) ;
  • Ne pénétrez pas dans les broussailles. Lors des récoltes des champignons, baies et fruits, frappez et agitez les broussailles avec un bâton pour faire fuir les serpents éventuels ;
  • Ne posez pas vos mains sur des murs, sous les pierres, dans les crevasses, sous les piles de bois avant d'avoir vérifié l'absence de serpents ;
  • Vérifiez l'absence de serpents avant de vous installer pour une pause et ne dormez pas à-même le sol dans les régions riches en serpents ;
  • La nuit, ne ramassez pas de bois, ne soulevez pas de pierre, la visibilité est mauvaise ;

Merci au Dr Frédérique Thiennot, médecin urgentiste en Ariège.

  • Morsures et piqûres par animaux venimeux en France métropolitraine, SFMU, 2008
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