Hyperactivité : test, 3 signes du TDAH, comment savoir ?
Le Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) est un trouble neurodéveloppemental qui concerne majoritairement les enfants mais peut continuer à l'âge adulte. Définition, test, causes et traitements avec le Dr Antoine Demonceaux, psychanalyste.
Mon enfant est-il hyperactif ? Quels sont les signes de l'hyperactivité à l'âge adulte ? Souvent réduit au terme "hyperactivité" ou à des enfants turbulents, le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un trouble complexe, difficile à repérer et qui associe différents symptômes. "Le prendre en charge est pourtant essentiel pour les enfants et adolescents qui en souffrent au quotidien" rappelle la Haute Autorité de Santé. Le TDAH est un trouble neuro-développemental chronique qui concerne de 3,5 à 5,6% des enfants d'âge scolaire en France. Dans 65 % des cas, il persiste à l'âge adulte. Définition, symptômes, test, causes et traitements. de l'hyperactivité.
Définition : qu'est-ce que l'hyperactivité ?
Le TDAH est souvent réduit à l'expression " hyperactivité " induisant qu'il ne s'agit que d'enfants agités ou turbulents. Même chose à l'âge adulte. Or il s'agit d'un trouble neurodéveloppemental associé à des symptômes précis, cognitifs et comportementaux. Ces derniers doivent être présents pendant au moins six mois, et ne pas être liés à un événement particulier (perte d'un proche, changement d'école, naissance d'un autre enfant...).
Quels sont les 3 signes de l'hyperactivité ?
Le TDAH est très caractéristique. "Il se manifeste par trois signes : des difficultés à se concentrer (devoirs bâclés, jeux trop complexes abandonnés…) entraînant une distraction générale en classe comme à la maison, une impulsivité marquée et une agitation incessante", indique le Dr. Antoine Demonceaux, psychanalyste à Lyon. Autrement dit, il est impossible pour l'enfant de tenir en place : ce dernier ressent un besoin impérieux de bouger et de se dépenser (courir, grimper, sauter, jouer...), une tendance à être "casse-cou" (indifférence au danger et au risque). Les 3 symptômes vont se manifester de manière très différente selon l'âge et parfois selon le contexte de vie, mais c'est leurs présences dans plusieurs environnements et leur persistance dans le temps qui caractérise le TDAH. Au quotidien, l'enfant peut présenter
- la nervosité (besoin impérieux d'agir),
- le manque de cohérence dans les actes et les propos,
- un caractère imprévisible, versatile, volontiers colérique,
- un désir d'imposer sa présence.
- l'enfant peut être bruyant (cris, pleurs, jets d'objet),
- difficultés à accepter les frustrations,
- parfois, il peut souffrir d'isolement et d'énurésie (pipi au lit).
Attention : ces symptômes peuvent constituer des traits de caractère habituels chez l'enfant ou des signes réactionnels à un contexte particulier, une période de transition,... C'est uniquement lorsque ces symptômes deviennent un handicap pour l'enfant - que ce soit dans son apprentissage scolaire, ses relations sociales, sa vie quotidienne - et provoquent une souffrance durable qu'il pourra s'agir d'un TDAH et qu'une prise en charge pourra être envisagée.
Quelles sont les causes de l'hyperactivité ?
► Causes neurobiologiques/cérébrales. L'IRM permet au médecin et au chercheur d'observer le fonctionnement du cerveau des patients. Cette imagerie cérébrale montre que certaines zones corticales des enfants hyperactifs mobilisent moins de glucose (sucre) et sont moins efficaces. Le cortex préfontal latéral et le cortex cingulaire dorsal antérieur sont les deux zones le plus souvent affaiblies. Elles sont impliquées dans la capacité à diriger et contrôler ses impulsions, à planifier les actions. Du point de vue neuromoléculaire, un mauvais fonctionnement des réseaux de transport de la dopamine, reliant le néocortex aux noyaux de la base et au cervelet, a été mis en évidence chez de nombreux patients.
► Causes environnementales. L'exposition à certaines substances toxiques comme les pesticides, le plomb ou le formaldéhyde peut aboutir à des symptômes d'hyperactivité et/ou de déficit de l'attention.
► Causes médicamenteuses. Certains médicaments pourraient jouer un rôle favorisant. "C'est le cas des traitements par clonazépam, barbituriques, antidépresseurs tricycliques, chlodiazépoxyde", précise le Dr. Demonceaux.
On estime à 70% la part de génétique dans les troubles TDAH
Est-ce que l'hyperactivité est héréditaire ?
L'hérédité est un facteur important. "On retrouve souvent, dans les antécédents familiaux de l'enfant hyperactif, un parent ayant présenté les mêmes symptômes", explique le Dr. Antoine Demonceaux. On estime à 70 % la part de génétique dans la survenue des troubles TDAH. Plusieurs gènes-candidats sont explorés. Ils agissent probablement en interaction, chacun n'expliquant à lui seul qu'une petite partie de la survenue du trouble. Ces gènes concernent la production, le transport et la capture de la dopamine, un neurotransmetteur qui permet la communication au sein du système nerveux et dont le manque est impliqué dans les troubles de l'humeur, du comportement et de la motricité (comme dans la maladie de Parkinson). Mais d'autres neurotransmetteurs circulant dans le système nerveux sont également impliqués (D2/D3, SLC6A4, 5-HT2A, 5-HT1B, DAT1, DRD4…)
Quels sont les facteurs de risque de l'hyperactivité ?
Outre les facteurs biologiques, plusieurs éléments peuvent accentuer le phénomène :
► L'hygiène de vie durant la grossesse : le tabagisme de la mère, la consommation d'alcool, de drogues ou de certains médicaments a des effets délétères sur le développement du cerveau du fœtus.
► La prématurité : ces enfants ont un risque plus élevé que la moyenne de développer un THDA ainsi que des troubles associés, sans doute en raison de la maturation plus difficile du système nerveux.
► Les conditions socio-économiques défavorables : discorde sévère chez les parents, paupérisation et exclusion, famille nombreuse, criminalité ou comportement antisocial chez le père, troubles psychologiques chez la mère, addictions parentales.
► La pression scolaire : "l'univers de performance dans lequel vive certains enfants favorise les troubles de l'agitation", note l'expert.
► L'alimentation : certains colorants présents dans les produits alimentaires industriels auraient un effet délétère comme E102, E104, E110, E122, E124 et E129 ainsi qu'un conservateur, le benzoate de sodium (E 211). Attention aussi à la consommation de sucre, cet aliment serait impliqué dans l'aggravation des troubles.
► Une carence en fer
► Les troubles du sommeil : des difficultés d'endormissement, un sommeil fragmenté, syndrome des jambes sans repos et l'apnée du sommeil sont souvent associés à ce trouble de l'attention. 50 % des enfants TDAH sont concernés.
Comment détecter l'hyperactivité ?
Diagnostiquer un TDAH est complexe. Pour confirmer le diagnostic, les troubles doivent durer depuis au moins 6 mois. Plusieurs consultations avec le médecin traitant puis un médecin spécialiste du TDAH sont nécessaires. Il peut s'agir d'un pédiatre, d'un psychologue, d'un neuropsychologue, d'un pedopsychiatre. L'objectif est de bien distinguer le TDAH d'autres problèmes pouvant avoir des symptômes similaires. Les médecins s'appuient sur :
► Une analyse du comportement de l'enfant, de son travail scolaire et de l'environnement familial.
► L'utilisation de questionnaires destinés aux parents, aux enseignants et à tout observateur de l'enfant (ex. : infirmière scolaire) ainsi qu'à l'enfant lui-même (à partir de 10 ans).
► Des tests d'évaluations réalisés par un orthophoniste et par un neuropsychologue.
Quel est le meilleur médicament pour le TDAH ?
En première intention, une prise en charge non médicamenteuse doit être mise en œuvre. Il n'existe aucun traitement pour soigner ce trouble. En revanche, il est possible d'en atténuer les symptômes. Le traitement de référence est le méthylphénidate (Ritaline®, Concerta®). Ce médicament a pour rôle de stimuler l'activité cognitive de l'enfant. Sa structure chimique est apparentée à celle de l'amphétamine. Il est réservé aux enfants de plus de 6 ans. "L'efficacité est rapide : en quelques heures, l'enfant devient plus attentif et moins impulsif et agité", assure le Dr. Demonceaux. La prise nécessite une surveillance médicale étroite car cette substance, dérivée des amphétamines, peut avoir divers effets secondaires : baisse de l'appétit, insomnie, anxiété, irritabilité et nervosité, tics, diarrhées et maux de ventre, palpitations cardiaques…
Quelle thérapie pour un TDAH ?
Les médicaments à eux seuls sont insuffisants pour traiter une hyperactivité avec déficit de l'attention. L'enfant et sa famille ont besoin d'être accompagnés pour gérer le trouble. Deux thérapies sont surtout pratiquées pour le TDAH : thérapie familiale et thérapie cognitive-comportementale (la TCC). La première a pour objectif de renforcer les compétences familiales afin d'aider les parents à mieux gérer les troubles de leur enfant, faire face aux situations difficiles et leur apprendre des stratégies utiles. Les TCC agissent sur le comportement et les pensées. Dans la mesure où l'hyperactivité présente un axe cognitif et un axe comportemental, la TCC va permettre de travailler sur toutes les dimensions du trouble. Le psychologue aide l'enfant à identifier ses agissements qui posent problème et à les mettre en pratique dans son quotidien. Il aide également l'entourage à y réagir calmement et positivement. Le renforcement progressif des bonnes habitudes permet au jeune patient à retrouver le contrôle. La psychothérapie est généralement pratiquée en interaction avec les médicaments, ce qui permet des progrès rapides. Il s'agit ensuite d'éviter les rechutes vers des comportements impulsifs, hyperactifs ou inattentifs.
Qui consulter en cas d'hyperactivité ?
Les différents aspects du trouble doivent être envisagés, ce qui suppose que les parents, le médecin, les enseignants et les psychothérapeutes travaillent ensemble. En premier lieu, il faut consulter votre médecin traitant. C'est lui qui vous orientera vers les spécialistes nécessaires selon la présence de retards du développement et des apprentissages. "Le traitement est ensuite pluridisciplinaire et adapté aux besoins de l'enfant : un psychiatre, un psychologue, un orthophoniste et/ou un psychomotricien", précise le Dr. Demonceaux. Dans le cadre scolaire, une adaptation peut être mise en place pour faciliter les apprentissages de l'enfant. Des groupes de soutien et des associations de malades existent. Il est important que les parents partagent leur expérience avec d'autres familles.
Merci au Dr Antoine Demonceaux, psychanalyste à Lyon.