Douleur sous les côtes : gauche, droite, causes, que faire ?
Une douleur ressentie sous les côtes (à gauche ou à droite) quand on respire ou quand on mange ne doit pas être prise à la légère. Expertise du Pr Jean-Marie Péron, chef de service d'hépato-gastroentérologie de l'hôpital de Purpan.
Des douleurs ressenties sous les côtes, plus exactement dans la région sous-costale appelée "hypocondre" après manger, en respirant... doivent amener à consulter un médecin. Elles peuvent signaler une maladie du foie, du pancréas, des reins ou une atteinte des voies biliaires. Quelles sont les causes d'une douleur sous les côtes ? Du côté droit ? Du côté gauche ? Des deux côtés ? Quelles solutions ? Conseils.
Définition : qu'appelle-t-on une douleur sous les côtes ?
Les douleurs sous-costales droites apparaissent au niveau de l'hypocondre droit, la partie supérieure de l'abdomen. Les douleurs sous-costales gauches désignent les douleurs ressenties sur la partie supérieure de l'abdomen également mais du côté gauche (hypocondre gauche).
Quelles sont les causes d'une douleur sous les côtes ?
► Du gaz dans les intestins. "L'une des principales causes de douleur dans cette région de l'abdomen est la présence de bulles de gaz dans le gros intestin. Cela provoque de l'inconfort digestif, des crises de colites. C'est tout à fait banal ", décrit en préambule le Pr Jean-Marie Péron, chef de service d'hépato-gastroentérologie de l'hôpital de Purpan (CHU de Toulouse) et secrétaire générale de la Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE).
► Des calculs biliaires. Des douleurs ressenties sous les côtes droites peuvent également être le signe d'une atteinte des voies biliaires appelée lithiase biliaire. Elle survient lorsque des calculs, qui se forment dans la vésicule biliaire, mettent en tension les voies biliaires. Il s'agit d'un trouble fréquent dans les pays occidentaux où au moins 20% de la population adulte en souffrent. "Dans l'immense majorité des cas, la lithiase biliaire n'entraîne aucun symptôme et ne nécessite pas de traitement particulier", souligne le Pr Jean-Marie Péron. Mais parfois le calcul migre dans les voies biliaires, ce qui entraîne une douleur qu'on appelle la colique hépatique. Les personnes âgées, les femmes et les personnes obèses sont les plus à risque. Les personnes qui sont victimes d'une colique hépatique se plaignent de douleurs intenses durant plusieurs minutes, voire plusieurs heures, qui peuvent irradier dans le dos et l'épaule droite. Des douleurs si violentes que la respiration est difficile et limitée. Une autre complication des calculs vésiculaires est la cholécystite aiguë. Il s'agit d'une infection de la vésicule biliaire qui associe des douleurs de l'hypochondre droit et de la fièvre modérée. Ce tableau clinique peut encore s'aggraver si le calcul sort du canal cystique et rejoint la voie biliaire principale. Les patients atteints de cette complication, nommée angiocholite, souffrent de douleurs intenses associée à une fièvre importante, des frissons et un ictère (jaunisse). "Ce trouble est rare, mais c'est une urgence vitale. Les patients doivent être pris en charge très rapidement sinon ils risquent la septicémie", insiste le Pr Péron.
► Une maladie du foie. Les douleurs chroniques de l'hypochondre droit peuvent être le signe d'une maladie du foie. Les patients se plaignent alors d'une pesanteur au niveau de l'abdomen à droite sous les côtes. En cause : une augmentation du volume du foie (hépatomégalie). C'est notamment le cas du foie cardiaque, une trouble hépatique observé chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque." Chez ces derniers, on observe une accumulation de sang dans le foie car les veines n'arrivent pas à le faire remonter jusqu'au cœur ", explique le spécialiste. Les douleurs sous costales droites peuvent aussi signaler une tumeur du foie bénigne ou maligne (cancer). En cas de tumeur maligne, il peut s'agir d'un cancer primitif ou de métastases.
► Une inflammation. Les douleurs sous-costales gauches peuvent être un signe révélateur de plusieurs affections telles que la colite (inflammation du côlon), la pancréatite (inflammation du pancréas), l'hydronéphrose et la tuberculose.
► D'autres causes. Elles peuvent aussi résulter d'une forte pression au niveau du rein et des voies urinaires due à un calcul (colique néphrétique), de la présence de kystes ou d'un cancer du rein.
Quelles sont les causes d'une douleur sous les côtes à droite ?
- calculs biliaires
- infection de la vésicule biliaire
- maladie du foie : hépatomégalie, foie cardiaque
- tumeur (bénigne ou cancer) du foie
Quelles sont les causes d'une douleur sous les côtes à gauche ?
- colite (inflammation du côlon)
- pancréatite (inflammation du pancréas)
- hydronéphrose
- tuberculose.
Quels examens faire quand on a mal sous les côtes ?
Le premier examen à réaliser systématiquement est une échographie abdominale pour repérer d'éventuels calculs dans la vésicule ou les voies biliaires, ou une tumeur du foie. En parallèle, il est également indispensable de réaliser une prise de sang afin d'effectuer un bilan hépatique. Cette analyse permet de détecter toute anomalie hépatique. "Il faut vérifier le taux des transaminases, la gamma GT, les phosphatases alcalines, la bilirubine totale. Si les douleurs sont dues à un trouble hépatique, les taux seront en augmentation, indique le Pr Jean-Marie Péron. Si les résultats de l'échographie et du bilan sanguin sont négatifs, c'est rassurant".
Toute douleur de l'hypochondre droit mérite une consultation chez le médecin
Quand consulter si on a une douleur sous les côtes ?
"D'une façon générale, toute douleur de l'hypochondre droit mérite une consultation chez le médecin", juge le spécialiste. Ce dernier se veut rassurant et rappelle que dans un grand nombre de cas, les douleurs de l'hypochondre droit sont en réalité des douleurs du gros intestins induites par des gaz ou une constipation.
Quel est le traitement pour soigner une douleur sous les côtes ?
Dans le cas où les calculs situés dans la vésicule ou les voies biliaires sont retrouvés par hasard chez un patient qui ne souffre pas, aucun traitement n'est nécessaire. En revanche, chez les patients qui présentent une colique hépatique, il est recommandé de réaliser une intervention chirurgicale pour enlever la vésicule biliaire (cholécystectomie) puisqu'elle est à l'origine des calculs. Dans le cas d'une infection de la vésicule, ou cholécystite aiguë, le patient doit être hospitalisé pour recevoir une antibiothérapie et bénéficier dans les jours qui suivent d'une cholécystectomie. En cas d'angiocholite, l'hospitalisation est une urgence vitale. Le patient reçoit là aussi une antibiothérapie pour traiter l'infection bactérienne. Puis dans un second temps une cholécystectomie est réalisée. Durant l'opération, les chirurgiens extraient le calcul de la voie biliaire principale. "Dans certains cas, la cholécystectomie peut être précédée d'une une CPRE (Cholangio Pancréatographie par voie Rétrograde Endoscopique), geste réalisé par un gastroentérologue pour extraite en urgence d'extraire le calcul et de drainer les voies biliaires infectées", précise le médecin. Dans le cas du foie cardiaque, le traitement est celui de l'insuffisance cardiaque. S'agissant des tumeurs hépatiques, il faut réaliser un bilan complet de la tumeur afin de choisir les traitements les plus adaptés et déterminer si une intervention chirurgicale est possible.
Merci au Professeur Jean-Marie Péron, chef de service d'hépato-gastroentérologie de l'hôpital de Purpan (CHU de Toulouse) et secrétaire générale de la Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE).